L'Algérie, un Etat à scandales ?
Depuis longtemps la lâcheté des modèles de gouvernance en Algérie nous habitue à un phénomène récurrent qui n’hésite désormais plus à rentrer carrément dans les mœurs, chez l’individu et au sein des groupes.
Google donne comme définition arabe au mot scandale, le terme de "fadhiha" que le citoyen peut vérifier à la maison en se faisant réveiller à six heures du matin un vendredi par le voisin qui fait vrombir chez lui un marteau compresseur. Il ne va pas déposer plainte au commissariat de police parce que le mitoyen est sous-directeur au ministère de l’Intérieur.
L’une de mes réactions de bonheur que j’aie enregistrée après les évènements sanglants d’octobre 1988 fut alors qu’une scandaleuse anecdote me mettant en procès ne se renouvelle pas. Je devais rencontrer des responsables de Pullman à l’hôtel Aurassi venus traiter un joint-venture avec le secteur touristique algérien. En quittant l’enceinte dans la voiture de service du journal un fourgon de type Renault à l’entrée nous fracasse le phare gauche en arrachant la moitié du pare-choc. Le conducteur fautif et celui qui l’accompagnait voulaient ajouter au heurt mécanique une agression sur moi et sur le chauffeur de la Mazda 626 d’Algérie Actualité.
Il était midi passé et le fourgon rutilant du ministère de la Culture était en retard pour le prélèvement des repas du ministre et de son directeur de cabinet. Des renseignements pris plus tard auprès des responsables de l’hôtel m’apprirent que pas moins d’une dizaine de ministères s’y approvisionnaient alors régulièrement tandis que l’autre partie le faisait à partir d’El-Djazaïr, l’ex-Saint-Georges. L’information avait été donnée dans la rubrique "Autrement dit" sans être démentie par les intéressés. Toutefois, depuis, le tirage de l’hebdomadaire et le salaire des employés vécurent des mesquineries administratives jusqu’à la disparition du journal d’autant qu’en 1987 il était devenu une espèce de groupe de presse, une entreprise regroupant diverses publications, dont Parcours Maghrébin, et Actualité Economie.
Mais l’Algérie dans les rapports de sa presse privée ira, au fur et mesure de la double tragédie sécuritaire et socioéconomique, vivre les scandales les plus retentissants dans l’histoire du tiers-monde et du monde arabe. Le plus abject entre tous étant l’assassinat filmé de Mohamed Boudiaf, l’on s’attendait alors à la démission du commandant en chef de l’armée, Khaled Nezzar en l’occurrence, qui avait tant ourdi pour le ramener de sa paisible retraite au Maroc, à charge au moins de le protéger, avant que l’un de ses officiers ne commette le crime et le reconnaisse.
L’élimination de Sadate fut prouvée contre les commanditaires militaires proches des Frères musulmans le condamnant pour les accords de Camp David, mais Tayeb el Watani ? Qu’aurait-il projeté d’agir contre les intérêts de ceux qui l’ont abattu en juin 1992 à Annaba ?
En tout cas, chacun savait à cette époque que l’exilé de Kenitra avait dans l’idée après son combat contre l’islamisme violent de passer aux autres fléaux, ceux-là concernant les coutumes de gouvernance impopulaires ancrées dans la rente et les faux prestiges.
Liamine Zeroual était celui qui avait le mieux compris son message en exterminant le gros du péril radicaliste en remettant le tablier pour ne pas avoir négocié une paix quasi acquise avec des mandataires occultes wahhabites. Qui ne tardèrent pas à mettre sur les devants de la scène un ancien cacique du Conseil de la révolution déjà suffisamment bien imprégné du message dans son refuge péninsulaire à conseiller les émirs pétroliers.
Opération fulgurante vers la fin du siècle qui ne tardera pas à transformer une consultation présidentielle avec plusieurs candidatures, au moyen d’un trafic à ciel ouvert, en un referendum consacrant, comme à l’accoutumée du parti unique, un vieux de la vieille du régime, pour rester sur la tradition de la bêtise "historique" mais cette fois autour d’un consensus étrange entre les plus influents de l’armée, avec toujours Nezzar comme cheville ouvrière, et des puissances étrangères dérangées par l’éradication islamiste en Algérie.
Le scandale de l’amnistie des assassins identifiés et des passeurs de droit était inscrit dans la feuille de route de Abdelaziz Bouteflika ; il a estropié la Charte nationale et la Constitution surtout pour cela et les députés réapplaudiront quelques années plus tard lorsqu’il cogita avec Chakib Khelil, l’américano algérien, la béance des deux tiers des capitaux de Sonatrach. Ce scandale a non seulement démontré que le pouvoir n’a aucun respect pour le devenir de la nation en offrant aux étrangers la seule source des revenus nationaux et de revenir aussitôt après sur la décision uniquement sur un rappel à l’ordre des principaux pays exportateurs de l’Opep – les monarchies du Golfe et le Venezuela. Ce fut là exactement où Bouteflika signa la capitulation officielle de la diplomatie algérienne.
Maintenant qu’il tente manu militari de déglisser la manne hydrocarbure vers le cabinet présidentiel explique au moins que c’est désormais à cet endroit précis que les Algériens et les Algériennes vont devoir l’attendre concrètement pour lui demander des comptes cette fois sérieusement, en débats et en consultations, sur les pérégrinations comptables de cette névralgique entreprise. Si l’on voit terre à terre sur le principe qu’une entreprise fait vivre à elle seule un Etat, Sonatrach en soi est un scandale.
Nadir Bacha
Commentaires (5) | Réagir ?
J'apprends par TSA que l'Algérie importe du sable d'Espagne pour le freinage du tramway, Pourquoi recourt-on à l'importation de ce matériau à coup de millions de dollars, alors que notre pays en dispose en grand quantité sur le littoral et au sud (sahara) ?
Avons nous affaire à des prodigues et, dans ce cas, cela relève du droit, car le prodigue est un incapable, il lui faut un tuteur ! le seul tuteur que je vois c'est le peuple ou un autre Boudiaf !
Tout s'épuise, nos ressources naturelles, nos trésors, nos finance, nos gouvernants profitent avec leurs copains et d'ailleurs ! Notre pays connaitra la grande misère par la faute de ces "princes" inconscients.
La corruption est partout.
Que faut-il pour stopper tout ceci.
Que fait la JUSTICE (je l'appelerai l'INJUSTICE) pour arrêter cette hémorargie?
Comment voulez-vous qu'un voleur se reconnait coupable si c'est lui le voleur et c'est lui le procureur et même le juge.
C'est le cas de nos dirigeants, on dit ''racham hmida la3ab hmida''.
Je sais que le singe ne donne rien ''ni le lait ni la soie''.
Mais peu importe les richesses que vous délapidez et vous volez, n'ouliez jamais ceci, que le jour du jugement, QU'ALLEZ-VOUS DIRE AU BON DIEU? VOUS SEREZ JUGER EN CONSÉQUENCE DES FAITS, VOUS SAVEZ LE CHÂTIMENT D'UN VOLEUR, je vais vous le rappeller c'est de LUI COUPER LES BRAS et que diront de ce voleur, alors si vous voulez fuire à ce jour vous avez tort, Dieu merci qu'ils ne sont pas immortels et éternels.
Préparez vous à donner des comptes à nos créateurs, on a que le Bon Dieu sur qui nous comptons.
Je prie le Bon Dieu de vous réserver le meilleur châtiment. En attendant qu'un jour un HOMME se pésentera et liquidera toute cette racaille de politique de nous.
Et pourtant c'est facile, commençant par la justice, puis l'Éducation, la santé, ..... et enfin la défense.
La première et la dérnière constituent vraiment notre malheur.