Dans la guerre de clans entre militaires et la présidence, Abdelaziz Bouteflika vient de marquer un point en écartant Norddine Cherouati de la direction de Sonatrach pour installer un de ses fidèles soutiens, Abdelhamid Zerguine.

Norddine Cherouati est réputé proche du clan des militaires. Ce que manifestement le président n’appréciait guère. Aussi, dans cette guerre sourde qui se déroule depuis pas mal de temps dans les hautes sphères du pouvoir, il y a une règle simple au sein du système : pour durer il faut choisir son clan. Pas de place pour ceux qui sont étrangers au sérail. Par ailleurs, à ce niveau, il n’est pas question de formations politiques ou de majorité au Parlement. Tout se joue entre militaires et présidence. Les deux seuls "partis" en concurrence pour le contrôle des leviers de pouvoir.

L’information sur le limogeage de Cherouati était un secret de Polichinelle. Et la nomination d'Abdelhamid Zerguine à la tête de la Sonatrach revenait souvent dans les discussions des personnes les plus informées d’Alger. Donc, la désignation de ce dernier le 17 novembre par le président de la République n'a pas surpris les initiés. Par ailleurs un pilonnage en règle de la méthode Cherouati a été entrepris comme pour nous préparer à son limogeage.

Contrairement à son prédécesseur, Nordine Cherouati proche de la hiérarchie militaire, le désormais nouveau PDG de Sonatrach est un ancien fidèle du président de la République. Dès les premiers mois, il a su miser sur lui. Déjà lors de l'élection présidentielle de 1999, alors qu'il responsable de la GCB, filiale génie civil de la Sonatrach, Abdelhamid Zerguine avait présidé à Guelma, d'où il est originaire, le comité de soutien pour la candidature d'Abdelaziz Bouteflika. Il faut dire que Zerguini voyait loin. Cet engagement lui a valu d'être nommé en 2002 vice-président de la société nationale chargé de la division transport par canalisation. Il a ensuite été marginalisé par l'ex-ministre de l'énergie Chakib Khelil, qui l'a nommé directeur des activités internationales de Sonatrach, puis, au début de cette année, à la Samco, joint-venture avec l'italien ENI chargée de commercialiser le gaz transporté par le Trans-Mediterranean Pipeline. Mais le retour sur investissement premier ne tardera pas à arriver.

Paradoxalement, cette traversée du désert s'avère aujourd'hui un atout, observe Africa Intelligence. Zerguine a été épargné par la vague de scandale qui touche aujourd'hui les anciens dirigeants de la Sonatrach, et qui a valu à cinq d'entre eux, dont l'ex-PDG Mohamed Meziane, d'être condamnés à des peines de prison ferme en mai. Réputé intransigeant, Nordine Cherouati paye son indépendance vis-à-vis de son ministre de tutelle Youcef Yousfi et donc de la présidence. Etaient-ce ses soutiens au sein de l’institution militaire qui lui permettaient d’opérer à sa guise au sein de Sonatrach ? Une chose est claire : outre sa liberté, ses accointances lui ont en tous les cas coûté son poste de président-directeur général de la plus grande entreprise algérienne.

A contrario, Abdelhamid Zerguine s'est vu fixer par le ministre de l’Energie une feuille de route dont il ne doit pas dévier, nous apprend Africa Intelligence.

Yacine K.