La Ligue arabe a rejeté dimanche une demande de Damas de modifier son plan d'envoi d'une mission de 500 observateurs en Syrie, où le président Bachar al Assad promet de réprimer les troubles et de ne pas céder aux pressions de l'étranger.

Quelques heures après l'expiration de l'ultimatum fixé par l'organisation panarabe à Assad pour qu'il cesse la répression, deux roquettes se sont, d'après des habitants, abattues à Damas sur un bâtiment du parti Baas, au pouvoir, marquant la première attaque de ce genre par les insurgés dans la capitale.

"Le conflit va continuer et les pressions pour faire plier la Syrie vont elles aussi se poursuivre", avait déclaré quelques heures plus tôt Bachar Al Assad dans un entretien au Sunday Times. "Cependant, je peux vous assurer que la Syrie ne cédera pas et qu'elle continuera à résister à la pression dont elle fait l'objet."

Dans une lettre adressée au chef de la diplomatie syrienne, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Arabi, a rejeté la demande de Damas de modifier son plan d'envoi d'une mission exploratoire, qui doit comprendre des militaires et des spécialistes des droits de l'homme. "Les adjonctions réclamées par les Syriens affectent le coeur même du plan et modifient de fond en comble la nature de la mission", estime Nabil El Arabi dans sa lettre au chef de la diplomatie syrienne Walid Al Moualem.

Pour celui-ci, le plan, en l'état, attente à la souveraineté de la Syrie, mais Damas ne rejette pas pour autant la mission de la Ligue arabe. Cette mission d'observation s'inscrit dans le cadre du plan de paix proposé début novembre par la Ligue arabe à la Syrie, qui vise à mettre fin à la répression des manifestations contre le président Bachar Al Assad. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères syrien a parlé de parties arabes qui mettent la pression sur la Ligue pour faire plier le régime syrien, allusion faite au Qatar et à l'Arabie saoudite, deux pays particulièrement opposés à Bachar Al Assad.

Réunion jeudi de la Ligue arabe

La Ligue avait fixé à Damas, le 16 novembre, un ultimatum de trois jours pour appliquer ce plan. Il a pris fin samedi, mais on ignore quelle sera l'attitude de l'organisation, qui a brandi la menace de sanctions politiques et économiques. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue ont prévu de se retrouver jeudi pour évoquer le dossier syrien, a rapporté dimanche l'agence de presse nationale égyptienne Mena.

La veille, les membres de la commission chargée du dossier syrien, à laquelle siègent des représentants de l'Egypte, du Soudan, de l'Algérie et du Qatar, tiendront réunion pour préparer ce conseil ministériel, a déclaré un responsable de la Ligue arabe, dont le siège est au Caire. La Ligue est partagé en deux clans. Les pro-Bachar Al Assad que sont le Liban, l'Algérie, l'Egypte (plus ou moins) et les anti-Bachar Al Assad : le Qatar, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahrein et le Maroc. Les autres se positionnent selon les influences. En toile de fond de cette lutte, il n'est pas question seulement de liberté, mais aussi et surtout de religion, puisque c'est le courant chiite représenté par les Alaouites au pouvoir en Syrie, soutenus par l'Iran et le Liban dont le gouvernement est dirigé par des chiites qui fait face aux sunnites que sont les émirats du Golfe notamment. C'est aussi un affrontement par la Syrie interposée entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Tout en sachant que la première a le soutien de l'Occident parti en croisade contre l'Iran depuis des décennies. L'équation n'est pas simple. Elle dépasse en réalité la Syrie et son régime despotique.

Y.K/Reuters