Les Algériens sont-ils vraiment égaux devant la justice ?
Dans les annales de la justice algérienne, une histoire bat tous les records de lenteur. Et pourtant, l’affaire n’est pas aussi alambiquée qu’on pourrait l’imaginer.
Mais en laissant le citoyen livré à lui-même, cette affaire démontre le laxisme caractérisant cette institution. Ce témoignage est une autre pièce à convction qu'on pourrait ajouter au déjà lourd dossier des inconséquences de la justice. Affaire simple pourtant, diront certains, elle n'a rien d'un scandale d'Etat, mais pour autant, la justice ne trouve aucune solution. Elle laisse le dossier au fond d'un tiroir pendant qu'une famille se débat dans d'inextricables problèmes pour s'en sortir.
Les faits
En fait, cette histoire rocambolesque se passe à Illiltène, dans la daïra d’Iferhounène (wilaya de Tizi Ouzou). Un policier, hors la loi, fait sa loi. Depuis près de cinq ans, un vénérable père de famille, âgé de 82 ans et demi, se bat pour que cette situation cauchemardesque connaisse enfin son épilogue. En effet, ce père de famille, dont les initiales sont ABA, avait un différend avec son fils aîné remontant au milieu des années 1990. Pour le résoudre, il porte l’affaire devant la justice, en janvier 2007. Affaire qui a été reçue par le tribunal de Aïn El Hammam. Au fil des jours, voire des mois, il n'y a eu aucune volonté à solutionner le conflit. En effet, la justice s'était montrée incapable, et c’est le moins que l’on puisse dire, de trancher le litige. Cependant, pour que l’histoire soit cernée, un retour en arrière, pour élucider cette affaire, est nécessaire.
En 1995, le fils aîné de la famille se marie. Bien que la mésentente soit palpable, le père assume, sans rechigner, les dépenses inhérentes à la cérémonie. Mais une fois le mariage passé, la tension revient de plus belle. Cette fois-ci, il y avait, en plus des problèmes habituels, le chantage de sa belle-fille. Avant le mariage, cette dernière vivait seule, avec sa mère. Du coup, après le départ de la fille, la vieille ne peut pas rester esseulée. Désormais, aux difficultés de la vie de tous les jours, le policier tente d’imposer sa belle-mère. En possédant une arme, son chantage inexorable aboutit au bout de trois mois, soit en mars 1995. Devant une situation pouvant déboucher sur des actes forts regrettables, les villageois interviennent, à leur tour, pour trouver une solution. Lors des différentes assemblées de sages, les exigences du policier restent les mêmes : "Il doit prendre un étage à lui tout seul. Le reste de la famille, au nombre de sept, doit habiter le rez-de-chaussée, d’une surface inférieure à l’étage". La différence de surface se trouve dans le fait qu’au-dessus du patio, il y a une chambre. Au bout de tractations serrées, les sages persuadent le chef de famille de céder. A la fin de la réunion, un procès-verbal est rédigé pour immortaliser le partage. Il est signé par 15 personnes.
Cependant, au bout de deux ans, le père de famille, étant donné l’exiguïté dans laquelle se trouve sa famille décide de construire une autre maison. Les deux fils, encore sous son autorité, dorment ailleurs, chez des cousins notamment, pour laisser un peu plus d’espace. Ceci dit, après sept ans d’efforts, conjugués à une difficile cohabitation pour cause de la petitesse de l’appartement, la nouvelle maison, encore en chantier, est habitable. En effet, avant même que le carrelage soit posé, les sept membres de la famille décident de s’y installer. Cahin-caha, les travaux de finition donnent la forme à la nouvelle demeure. Mais la nouvelle situation de cette famille n’est pas du goût du policier. Il estime qu’il a été lésé. Du coup, il exige qu’un nouveau partage se refasse. Bien que le procès-verbal prouve le partage, il dit ne pas reconnaître ni document ni un autre avis. Le père, quant à lui, refuse de céder derechef à un nouveau chantage. Résultat des courses : depuis 2007, il est suspendu à la décision de la justice qui n’en a cure de ces problèmes. Et pourtant, le père ne manque pas d’initiative. A deux reprises, en 2007 et en 2008, il attira l’attention les autorités judiciaires sur cette affaire. Là aussi, ces démarches restent vaines.
Or, dans les pays qui se respectent, une telle affaire aurait-elle traîné autant ? Une justice au service du citoyen a pour préoccupation de résoudre ses problèmes. Hélas, ces choses n’arrivent qu’en Algérie. Mais quand la justice n’est pas au service du citoyen, le pays court le risque de tomber en déliquescence.
Aït Benali Boubekeur
Commentaires (2) | Réagir ?
Ce titre est une blague!
La solution est simple et radicale, ce père de famille doit faire hériter de son vivant tous ses enfants à part ce faux rejeton. Même le rez de chausse de l'ancienne demeure ou ce fouteur de merde réside. Moi, j'ai quitté la demeure familiale depuis que j'ai fini mes études et avant même de travailler tout en conservant une excellente relation avec mes parents qui ne m'ont pas mis dehors pourtant. Il y a des hommes et il y a des lâches...