L'Affaire Maurice Audin : le silence des autorités françaises

Maurice Audin
Maurice Audin

Selon le site du NPA (Nouveau parti anticolonialiste, un mouvement politique qui a tenu son congrès de fondation en févier 2009) dans son édition de mardi dernier, la veuve de Maurice Audin veut à nouveau saisir, à l’approche du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, les autorités françaises sur l’enlèvement de Maurice Audin par les paras français et sur les circonstances de sa mort.

Depuis son enlèvement par les paras le 11 juin 1957, aucune démarche officielle des autorités françaises n’a été entreprise pour éclaircir les circonstances de sa mort : "C'est le 11 juin 1957 que les paras arrêtent et enlèvent sans aucun mandat, Maurice Audin, membre du Parti communiste agérien et combattant anticolonialiste. Il lui est reproché d'avoir hébergé Caballero, secrétaire du PCA, soigné par un autre militant communiste, le docteur Hadjaj. Le PCA étant alors interdit, Audin tombe sous le coup d'une accusation pour reconstitution de ligue dissoute".

Josette Audin, "bien que persuadée de sa mort sous la torture" tente sans répit de retrouver la trace de son mari. "Henri Alleg et le docteur Hadjaj, eux-mêmes torturés, sont les derniers à l'avoir vu vivant, indéniablement soumis à la torture lui aussi." Elle n’a cessé d’écrire des lettres aux autorités françaises restées sans réponse. "Au mieux un simple accusé de réception! Elle dépose des plaintes qui aboutissent à des non-lieu. Audin a été assassiné, mais ce crime d'Etat n'a toujours pas été reconnu par la France, et Maurice Audin n'est toujours pas réhabilité."

Aucun parlementaire, fait observer le journal, n'ose poser la question à l'Assemblée nationale ou au Sénat "certainement par crainte de voir d'autres affaires du même ordre émerger si on permet à celle-ci de sortir de l'ombre, d'avoir à rendre des comptes ?"

Josette Audin, ses enfants et les membres du Comité Audin veulent ainsi commémorer le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie pour laquelle Maurice Audin a été l’un de ses fervents militants en saisissant une énième fois les autorités françaises afin de connaître la vérité sur la mort de l’époux, père, grand-père et militant anticolonialiste, combattant pour la liberté, qu’est Maurice Audin afin que sa mémoire soit officiellement réhabilitée pour qu’enfin sa famille actuellement "aux prises avec une manipulation de l'Histoire qui fait passer leur père et grand-père pour un traître, lui qui était un combattant pour la liberté et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" puisse faire le travail de deuil car, jusqu’à présent "hommage et recueillement (lui) sont interdits" sur le territoire français. Pour le NPA, "Josette Audin vit une situation comparable à l'attente du retour des survivants, une très longue attente dans la dignité. Un combat de plus en plus épuisant, solitaire, car les membres vieillissants du Comité Audin disparaissent", ajoutant que "Maurice Audin est reconnu comme héros de la Résistance algérienne. Une place porte son nom à Alger-Centre, mais elle n'a officiellement été inaugurée qu'en 1970 et les tentatives de la débaptiser reviennent périodiquement.

Dans une lettre ouverte datée de 2010, sa fille interpelle le Président de la République, Nicolas Sarkozy : "Monsieur le Président, on le sait, l’histoire a donné raison à mon mari, à son engagement pour l’indépendance de l’Algérie, ce pour quoi il a été tué. Aujourd’hui, des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, pour considérer que les hommes comme Maurice Audin, et bien d’autres, étaient la chance d’une Algérie multiethnique, multiculturelle, permettant aux sensibilités, aux divers courants politiques, de cohabiter. Les avoir sacrifiés constitue un épouvantable gâchis. Pour cela aussi, on doit la vérité à Maurice Audin."

R.M

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laid baiid

Où est l'Algérie ?

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