Trois Européens kidnappés près de Tindouf, le Polisario accuse Aqmi

Aqmi au Maghreb serait derrière l'opération. Ici l'un de ses chefs.
Aqmi au Maghreb serait derrière l'opération. Ici l'un de ses chefs.

Deux coopérants espagnols et une Italienne ont été enlevés dimanche dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, dans une attaque attribuée par le Front Polisario à la branche maghrébine d'Al-Qaïda, Aqmi.

Les trois Européens, selon le ministère espagnol des Affaires étrangères, ont été enlevés de nuit dans le camp de Rabuni, où ils travaillaient pour des associations d'aide aux nombreux réfugiés sahraouis installés dans cette région, située aux portes du Sahara occidental et proche de la Mauritanie et du Mali.

Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie et qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc, a accusé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'être derrière ce triple enlèvement et affirmé que les ravisseurs s'étaient infiltrés depuis le Mali.

Selon un représentant d'une ONG espagnole à laquelle appartient l'une des femmes enlevées, des coups de feu ont été tirés lors de l'attaque, qui aurait fait deux blessés. Les trois coopérants sont deux femmes, une Espagnole et une Italienne, et un homme, un Espagnol.

"J'accuse directement Al-Qaïda au Maghreb d'être derrière l'enlèvement des trois étrangers", a déclaré l'ambassadeur sahraoui et représentant du Polisario à Alger, Brahim Ghali. Selon lui, il s'agit des premiers enlèvements d'occidentaux dans cette région.

Le Polisario a affirmé que les trois européens ont été enlevés à 23H54 (22H54 GMT) par des "terroristes". "Les ravisseurs, infiltrés à partir du territoire malien, ont attaqué le siège de réception des étrangers dans les camps de réfugiés à l'ouest de Tindouf, utilisant une voiture tout-terrain et des armes à feu", a affirmé un communiqué du ministère sahraoui de l'Information.

"Les terroristes ont repris le même chemin par lequel ils sont venus" avec les otages, selon le communiqué. Une source sécuritaire mauritanienne a également avancé la piste d'Aqmi. "Les deux Espagnols et l'Italienne enlevés auraient été pris en otage par des éléments d'Aqmi relevant de l'autorité de Moktar Belewar", chef algérien d'une branche d'Aqmi, a indiqué à l'AFP cette source.

La ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, a assuré que son gouvernement "travaillait avec les gouvernements de la région" mais agissait "avec une grande prudence", afin que "les coopérants soient libérés dès que possible".

Selon les médias espagnols, les coopérants enlevés sont Ainhoa Fernandez de Rincon, originaire d'Extrémadure, dans le sud-ouest de l'Espagne et membre de l'Association des Amis du Peuple sahraoui d'Extrémadure, et Enric Gonyalons, originaire de Majorque aux Baléares, membre de l'association Mundabat. La troisième est l'Italienne Rossella Urru, selon le communiqué du Front Polisario.

"Plusieurs coups de feu ont été entendus, il y a eu deux blessés et trois personnes ont été emmenées, Ainhoa, notre représentante là-bas, une Italienne et aussi un garçon qui a été blessé", a déclaré à la radio Cadena Ser un représentant de l'association de coopérants d'Extrémadure, Antonio Rios.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc et les coopérants espagnols sont aujourd'hui nombreux à travailler dans les camps sahraouis. Trois Espagnols travaillant pour une ONG de Barcelone avaient été enlevés le 29 novembre 2009 dans le nord-ouest de la Mauritanie. Cet enlèvement avait été revendiqué par Aqmi. Une première otage avait été libérée en mars 2010, les deux autres en août suivant.

Le 13 octobre dernier, deux coopérantes espagnoles ont été enlevées dans le camp de réfugiés de Dadaab, dans l'est du Kenya, près de la frontière somalienne. Le Kenya a accusé les insurgés islamistes shebab d'être responsables de ces enlèvements, qui n'ont pas été revendiqués.

AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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hussein sharif

Aqmi ou le Polisario derrière le rapt de trois otages européens à Tindouf ?.

C’est vraiment un drôle d’enlèvement plein d’intrigues celui qui vient d’être opéré en plein territoire algérien. Quels qu’ils soient ses auteurs, ce rapt soulève plus d’une interrogation. Trois membres d'ONG, deux Espagnols et un Italien, ont été kidnappés ce week-end à Rabouni, un des camps des réfugiés sahraouis installés au sud-ouest du désert algérien. Deux humanitaires espagnols, Aino Frenandez Coin, membre de l'association des amis du peuple sahraoui en Estrémadure et Enrico Gonyalons, membre de l'ONG espagnole MUNUPA, et une Italienne, Rossella Urru, membre de l'ONG CCISPP ont été pris embarqués par des inconnus à bord d’un véhicule tout terrain, après leur enlèvement dans la nui de samedi vers le coup de à 23h54 (22H54 GMT) vers une destination inconnue. Sans même attendre la revendication de ce mystérieux rapt pour en connaître les auteurs, l'ambassadeur sahraoui et représentant du Polisario à Alger, Brahim Ghali s’est empressé dimanche, d’en faire porter le chapeau aux djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). "J'accuse directement Al-Qaïda au Maghreb d'être derrière l'enlèvement des trois étrangers", a déclaré Brahim Ghali à l'AFP. Mais si l’on croit la version avancée par un membre influent de la tribu des R’guibate qui habite dans les camps de Tindouf, il s’agit d’un coup monté par des Sahraouis des camps de Tindouf. Comme l’explique T. O. S qui a voulu garder l’anonymat par peur de représailles, avec le système de surveillance des camps de réfugiés de Tindouf mis en place par les services du redoutable Département de Renseignement et de sécurité (DRS- service de renseignement militaire) algérien en coordination avec la direction du Polisario, il est pratiquement impossible à des étrangers circulant de plus à bord d’un véhicule de rentrer et de sortir inaperçus des camps. En plus l’étendue désertique qui sépare la ville algérienne de Tindouf des frontières malienne et mauritanienne est hautement surveillée par l’armée algérienne et son aviation militaire. « Je vois mal comment un petit groupe de soi-disant terroristes d’Al Qaïda peut-il s’aventurer jusqu’au centre du camp de Rabouni, enlever trois étrangers et s’enfuir sans avoir à s’inquiéter», explique le R’guibi qui est très proche des cercles de décisions à Rabouni. « Ce serait vraiment naïf, ajoute-t-il, de croire ceux qui disent que ce sont des terroristes d’Aqmi qui ont parcouru près de 2000 Km en territoire algérien, pour s’introduire jusqu’au siège du Polisario à Rabouni, kidnapper trois ressortissants européens, et refaire le même chemin sans avoir à s’inquiéter». Pour notre interlocuteur, joint par téléphone, les trois humanitaires ont été enlevés par des mercenaires du Polisario qui vont les remettre aux hommes d’Al Qaïda moyen une forte somme d’argent et à ce moment là, la nébuleuse terroriste va revendiquer le rapt comme si c’était ses hommes qui l’ont accompli. Les autorités algériennes ont reconnu officiellement l’enlèvement mais sans se prononcer sur ses circonstances et ses auteurs. Il parait que dès qu’ils ont appris la nouvelle, de hauts officiers du DRS ont débarqué à l’aube de dimanche dans les bureaux de Mohamed Abdelaziz et lui ont donné l’ordre de résoudre dans les plus brefs délais cette affaire dans laquelle sont impliqués ses hommes. Pris de panique, le chef du Polisario a convoqué sur le champ ses hommes en charge de la sécurité dans les camps qui, après les avoir savonnés comme ils n’en avaient jamais l’habitude. Quelques heures plus tard, des dizaines de suspects dont des éléments de retour du front libyen, ont été arrêtés dans la journée de dimanche et ont été conduits dans des lieux secrets pour interrogatoire. Abdelaziz a de même chargé plusieurs groupes d’élites pour donner la chasse aux ravisseurs et de les intercepter avant qu’ils ne quittent le territoire algérien. Amés jusqu’aux dents, les hommes du Polisario se sont aussitôt lancés à bord de véhicules 4x4 sur les traces des ravisseurs qui ont pris la direction sud vers la frontière mauritanienne ou malienne. Pour notre interlocuteur, la version avancée à la hâte par de hauts responsables du Polisario, est tout simplement une histoire qui ne tient pas debout.

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laid baiid

Je me demande comment on leur verse ces rançons ? En liquide il faut absolument l'aide des pays frontaliers.

Par virement, facile à suivre? Alors comment ?