Le PKK tue 26 soldats, l'armée turque pénètre en Irak
Vingt-six soldats turcs ont été tués tard mardi dans des attaques multiples de rebelles kurdes à la frontière irakienne, et l'armée turque est entrée en Irak pour pourchasser les assaillants jusque dans leurs bases arrière.
Les attaques simultanées de plusieurs groupes armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont produites dans huit points des localités de Cukurca et de Yüksekova, dans la province de Hakkari, qui abritent plusieurs postes frontière de la gendarmerie, corps d'armée en Turquie, selon une source de sécurité locale.
Un précédent bilan fourni de même source faisait état de 24 soldats tués. Les combats se sont poursuivis pendant plusieurs heures dans la zone où, selon les chaînes de télévision, l'armée a lancé des opérations terrestres et aériennes d'envergure pour pourchasser les assaillants.
Des unités de commando sont entrées par deux points en Irak pour y pourchasser les rebelles, a annoncé l'agence kurde Firatnews. Les troupes, de la taille d'un bataillon, menaient une opération contre les combattants kurdes qui se repliaient vers leurs bases, selon cette agence, bien renseignée sur les opérations du PKK. Un bataillon comprend entre 600 et un millier de soldats en Turquie. Les chaînes de télévision ont affirmé que des unités spéciales ont été heliportées à quelques kilomètres en territoire irakien afin de barrer la route des rebelles voulant s'enfuir en profondeur.
Un porte-parole du PKK en Irak, Dozdar Hammo, a déclaré à l'AFP que "des unités terrestres turques tentent de traverser la frontière" dans la région de Hakkari. Le colonel Hussein Tamer, chef de la protection frontalière irakienne dans la province de Dohouk, a pour sa part affirmé ne disposer d'aucune information sur une entrée de soldats turcs en territoire irakien. L'aviation turque a de son côté bombardé les rebelles dans le nord de l'Irak, visant notamment la région de Qandil, principale base arrière du PKK, selon des sources de sécurité. L'état-major turc n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations.
Selon les observateurs, il s'agit du deuxième plus lourd bilan de victimes pour l'armée turque depuis que le PKK a engagé en 1984 son combat pour la sécession de la partie kurde (est et sud-est) de la Turquie. En 1993 les rebelles avaient tué 33 soldats sans armes au moment de leur transfert d'un point à un autre.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annulé une visite qu'il devait entamer ce mercredi au Kazakhstan et s'est réuni avec ses proches conseillers ainsi que plusieurs ministres et le chef des services de renseignements (MIT). Son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a de son côté annulé une visite prévue en Serbie. Le chef d'état-major, le général Necdet Özel, et d'autres commandants militaires, se sont rendus sur les lieux pour faire le point de la situation, a déclaré le chef de l'Etat Abdullah Gül à Ankara.
"Nous allons lutter jusqu'au bout contre le terrorisme", a-t-il dit, soulignant que la Turquie était "déterminée" à venir à bout du PKK, mouvement qui lutte pour la défense des droits des 15 millions de Kurdes de Turquie, mais qui est qualifié de terroriste par bon nombre de pays. Il a aussi promis de venger la mort des soldats. "Notre vengeance sera terrible, nous allons répondre à ces gens qui nous font souffrir", a-t-il ajouté.
Le PKK a multiplié considérablement ses attaques depuis l'été après une accalmie et la Turquie a menacé d'intervenir militairement jusqu'en Irak. L'aviation turque bombarde régulièrement les caches du PKK dans la montagne irakienne mais les analystes soulignent la nécessité d'incursions terrestres pour nettoyer les bases arrière des rebelles qui utilisent ce territoire comme point d'appui pour mener des attaques sur le sol turc. La dernière opération transfrontalière d'envergure de la Turquie en Irak remonte à février 2008.
Avec AFP
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