Libye : les combats font rage à Syrte, Clinton à Tripoli
Des combats féroces à l'artillerie lourde et aux roquettes faisaient rage mardi à Syrte, dernier bastion du régime déchu en Libye au lendemain de la chute de celui de Bani Walid.
Dans le même temps, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton est arrivée à Tripoli pour une visite surprise, la première d'un responsable américain de ce rang en Libye depuis 2008, lorsque Washington avait voulu lancer de nouvelles relations avec l'ex-dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi. Sur le front de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, les combats ont redoublé d'intensité le matin en vue de la prise de deux quartiers toujours aux mains des pro-Kadhafi, afin de pouvoir proclamer la chute de la ville et par conséquent la "libération totale" de la Libye.
Les combattants du Conseil national de transition (CNT), positionnés en lisière des quartiers "Dollar" et "n°2", où sont retranchés les pro-Kadhafi, pilonnaient la zone à l'arme lourde, tandis que d'autres s'engageaient dans des combats de rue. Les pro-Kadhafi répliquaient, avec des rafales à la mitrailleuse, a constaté une journaliste de l'AFP. "Il y a tellement de tireurs embusqués, c'est très dangereux", a crié un membre des forces du CNT.
"Nous avons avancé, nous encerclons les quartiers (Dollar et n°2) depuis l'est, l'ouest et le sud", a expliqué un autre combattant sur le front Est.
"Avant, nous avions des problèmes de coordination entre Misrata et Benghazi, mais depuis qu'ils (nos commandants) se sont réunis il y a deux jours, les combats sont bien mieux organisés", selon son camarade Abdel Bassit Hadia, venu de Misrata à l'ouest de Syrte. Les hommes fidèles au régime déchu "tirent sur nous de partout, avec des tireurs embusqués, aux obus de mortier et aux roquettes", a indiqué un autre combattant Tahar Burzeza. "C'est violent à l'intérieur. On nous tirent dessus de partout".
Sur le front Est, les forces du CNT ont déploré au moins deux morts et des dizaines de blessés dans leurs rangs en seulement 40 minutes de combats. Une dizaine de blessés dont deux graves ont été enregistrés sur le front Ouest, selon Abdel Akim Saras, médecin dans un hôpital de campagne.
A 170 km au sud-est de Tripoli, le drapeau des nouvelles autorités libyennes flottait dans les rues désertées de Bani Walid, passé la veille sous le contrôle des forces du CNT, après plus d'un mois de siège.
Lundi, un chef militaire du CNT a annoncé que ses combattants contrôlaient "totalement" la ville. Les combattants ont pris possession de l'hôpital et sont parvenus à déloger les pro-Kadhafi de l'aéroport après une nouvelle offensive dimanche consécutive à une pause d'une semaine dans les combats. "Demain, les forces de la brigade Jado iront à Syrte" pour donner main forte à leurs camarades, a dit Moussa Younès, chef des forces du CNT à Bani Walid, faisant référence à la brigade la plus importante dans la ville.
Sur le plan humanitaire, des civils tentaient toujours de fuir la zone des combats à Syrte. Lundi soir, une trentaine de personnes, hommes, femmes et enfants ont été évacués à bord de plusieurs pick-up par des combattants du CNT, selon un journaliste de l'AFP.
L'administration américaine s'est inquiétée du sort des civils piégés à Syrte, appelant le CNT à "honorer ses engagements pour l'état de droit et le respect pour les droits de l'homme de toute personne en Libye".
Washington a notamment exprimé sont inquiétude sur le sort des Africains "apparemment détenus à cause de leur couleur de leur peau" et soupçonnés d'avoir soutenu Mouammar Kadhafi, qui avait notamment fait appel à des mercenaires noirs contre la rébellion. Au cours de cette visite éclair à Tripoli, Mme Clinton devait rencontrer le président du CNT Moustapha Abdeljalil, le Premier ministre Mahmoud Jibril ainsi qu'Ali Tarhouni, ministre des Finances et du Pétrole.
AFP
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