Abdelaziz Rahabi : "Paris a compris que la famille révolutionnaire est employée par le pouvoir"
L’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi précise dans un entretien à "El Khabar" que la famille révolutionnaire avait fait une erreur en se mettant au service du pouvoir, ce qui lui a fait perdre sa voix auprès de la France, Rahabi suggère le maintien de l’exigence d’excuses mais en établissant des relations stratégiques avec Paris.
Persister à vouloir des excuses est-il la meilleure et unique manière de bâtir des relations solides avec Paris ?
Premièrement, toutes les questions qui concernent les relations des pays n’ont pas de seul et unique choix, si vous voulez trouver une solution à un problème vous devez imaginer plusieurs choix, la France refuse de s’excuser parce qu’elle a semble-t-il compris que ceux qui les exigent veulent que la situation reste bloquée, il y a toujours en France un lobby dans le sud qui est très fort et a un poids électoral, en dépit de l’existence de Français, d’historiens et d’hommes du gouvernement qui sont prêts à rédiger un communiqué politique d’excuses. La France est, sur ce dossier algérien, otage d’un lobby qui considère avoir perdu l’Algérie. L’influence de ce lobby et sa force réside en l’absence d’un lobby contraire qui défende l’Algérie.
Quelles sont les cartes de l’Algérie sur le dossier français ?
La philosophie du lobby n’existe pas dans la culture politique algérienne, le concept du lobby chez nous est le lobby personnel, mais que l’Etat soit un lobby cela est encore loin de la vision de l’Algérie. L’Etat était capable de fabriquer un lobby d’opérateurs économiques français qui traitent avec nous, il était possible de fabriquer un lobby de la plus grande communauté en France, mais si vous lui donnez le sentiment que c’est un groupe influent, l’Etat n’emploiera ni le commerce extérieur ni sa communauté pour fabriquer ce lobby.
La famille révolutionnaire a-t-elle rempli son rôle dans ce dossier ?
L’erreur de la famille révolutionnaire a été d’employer le dossier de la révolution pour des raisons politiques intérieures, ce qui n’a pas trompé les autorités françaises, qui étaient convaincues que la famille révolutionnaire algérienne était liée au pouvoir algérien et que lorsqu’elle bouge, l’on comprend qu’elle a été poussée par le pouvoir, ce qui a rendu ses positions exploitées et ponctuelles. La solution est que nous laissions le dossier de la mémoire ouvert, mais que nous nous employions à "exploiter" la France du point de vue de la technologie, de l’économie, de la formation de cadres parce que regarder vers le passé seulement et pas vers l’avenir c’est avoir peur du passé. Le plus surprenant est la nouvelle idée qui commence à apparaitre et qui est une idée fausse, qui prône l’établissement de relations stratégiques avec les Etats-Unis contre la France, parce que cela contredit les bases des relations diplomatiques, et le plus étonnant dans cela est que les Etats-Unis sont les alliés de la France et qu’ils ne feront jamais que leurs intérêts s’opposent.
Commentaires (7) | Réagir ?
Je ne sais pas si la grande majorité des algeriens d'aujourd'hui.... celle des jeunes qui n'ont pas connu la guerre de libération, la France, la colonisation, etc. serait tellement intéressée par ces débats creux et sans aucune conséquence tangible et par ces faux procès qui, au gré de leur utilisation en très basse politique, n'intéresse que la vieille garde dont une partie est déjà partie, et le reliquat, comme par hasard, est constitués par les rentiers de la révolution.
Je crois aussi, que le recours à ce dossier pour faire la météo des relations entre l'Algérie et la France est devenu lassant, usé à ne plus être utile, à commencer pour ceux du FLN qui le brandissent pour haranguer les quelques pelés et tondus nostalgiques de la guerre froide et de la guerre tout court.
l'ecrasante majorité des algeriens, semble valoir zero dans cette guerre de chapelles, elle n'est ni consultée ni même bien informée..... elle est juste bonne à haranguer et la chauffer pour paraitre plus serieux et plus décidé.
un regime qui ne presente pas ses excuses au peuple algerien pour 50 ans de dictature, de ratage economique, politique, culturel et social, de persecution, de torture, de deportation et de liquidation, n'a pas le droit de demander, au nom de ce même peuple qu'il martyrise, à quiconque de presenter ses excuses pour faits de colonialisme: le jour où ce peuple sera emancipé, libéré et democratiquement representé, il pourra prendre l'initiative legitime qu'il juge utile pour son histoire, son present et son avenir..... mais avant, il faut bien qu'il commence par eliminer le regime qui l'oblige toujours à regarder derriere, d'accepter un present mediocre et, surement, un avenir des plus incertains.
Je me corrige ci-dessous, je voulais écrire ceci : "Est-ce que ce n'est pas trop demander à la France, n'est-ce pas ? Des excuses, de la technologie, des idées et puis quoi encore pour s'en sortir lorsqu'on est en panne de tout et qu'il ne vous reste plus que l'atout de la mémoire pour se consoler.