Oran : expulsée de son logement, une femme s'immole avec son fils
Une femme, mère deux enfants, est décédée vendredi au service des grands brûlés de l'hôpital d'Oran (450 km à l'ouest d'Alger), après s'être immolée par le feu jeudi en fin de matinée.
Le drame a pour origine une histoire de logement. Un huissier de justice et des policiers étaient venus l'expulser de son appartement, a appris l'Associated Press auprès des voisins de la victime.
"Alors que les policiers tentaient de la convaincre d'ouvrir la porte, elle s'est aspergée le corps avec un bidon d'essence, elle ouvre la porte et met le feu à son corps à l'aide d'un briquet", a raconté une voisine, Z'hor Mahyaoui.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle est décédée, alors que son fils de trois ans, brûlé au visage et à la poitrine, est dans un état qualifié de "très grave", selon des sources médicales.
Cette jeune femme, G. Mama, divorcée vivait avec ses deux enfants dans un appartement qu'elle avait acheté avec l'argent d'un héritage familial à une autre femme dans le quartier de l'Hippodrome. Mais le mari de cette dernière, dont il est séparé, avait engagé une procédure en annulation de la transaction et avait obtenu gain de cause de la part du tribunal qui avait alors ordonné l'expulsion de la nouvelle propriétaire.
Cette dernière ne pouvait même pas récupérer son argent car, entre-temps, il avait été dépensé par celle qui lui avait vendu l'appartement. Elle a préféré mettre fin à ses jours, de peur de se retrouver avec ses deux enfants dans la rue, selon les témoins.
Le désespoir et l'impuissance de cette femme devant l'arbitraire dont elle fut victime renseignent sur la brutalité d'une justice qui ne tient compte aucunement de la condition humaine avant de lâcher son verdict. Devant un système de plus en plus obtus et fermé, le recours à l'immolation par le feu est devenu l'ultime moyen de protestation face à la difficulté d'obtenir un service de l'administration.
Avec AP
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