Russie : Le tsar Vladimir Poutine
Vladimir Poutine invente l'alternance à la russe. Après quatre ans au poste de Premier ministre, il devrait prochainement retrouver la présidence de la Russie. Dimitri Medvedev va lui rendre ''sa'' place.
Samedi, 11.000 militants du parti Russie unie du Premier ministre (Vladimir Poutine) et de son président (Dimitri Medvedev), réunis en congrès, remplissaient l’immense salle de concerts du stade Loujniki de Moscou, que Madonna avait électrisée en septembre 2006. Prenant la parole, Dimitri Medvedev martela la phrase à laquelle tout le monde s’attendait : "Je pense qu’il serait bon que le congrès soutienne la candidature du chef du parti, Vladimir Poutine, au poste de président du pays".
Tonnerre d’applaudissements et réponse de l’intéressé : "C’est un grand honneur pour moi". Puis, faisant allusion aux prochaines élections législatives : "Je suis sûr que Russie unie va gagner et que, sur la base de ce soutien populaire, Dimitri Anatolievitch Medvedev pourra créer une équipe nouvelle, jeune, efficace et énergique et diriger le gouvernement de la Russie".
Un grand-père cuisinier de Staline
En 2008, la Constitution, lui interdisant de briguer un troisième mandat, l’avait contraint de se contenter, pendant quatre ans, du poste de Premier ministre. La période s’achève. Bientôt, Vladimir Poutine devrait retrouver le fauteuil où il s’était installé la première fois en 2000, après la démission du premier président du pays, Boris Eltsine. En outre, une réforme constitutionnelle, adoptée en 2008, ayant fait passer le mandat présidentiel de quatre à six ans à partir de 2012, rien ne s’opposerait, s’il était reconduit en 2018, à ce qu’il reste à la tête de la Russie jusqu’en 2024. Il a aujourd’hui 58 ans.
Son grand-père, Spiridon, aurait été le premier membre de la famille à naître après l’abolition de l’esclavage dans l’empire des tsars. Paysan du hameau de Pominovo, dans la province de Tver, au nord-ouest de Moscou, il aurait également été, pendant un temps, cuisinier de Lénine et de Staline. Ses parents, Vladimir Spiridonovitch Poutine et Maria Ivanovna Poutina, ouvriers, habitaient Leningrad, actuelle Saint-Pétersbourg, dans une "komounalka", appartement communautaire où plusieurs familles se partageaient cuisine, salle de bains et batterie de casseroles. Maria a connu le terrible siège de Leningrad par les armées nazies, neuf cents jours entre septembre 1941 et janvier 1944, durant lesquels périrent 64.000 habitants. Parmi eux, les deux frères aînés de Vladimir.
Une carrière au KGB
Une origine sociale modeste, non polluée par des mœurs bourgeoises, qui, chez les Soviétiques, vaut au jeune Vlad un brevet de conformité à l’idéal communiste et lui facilite l’accès aux études supérieures. En 1975, il sort diplômé de la faculté de droit de Leningrad. Et entre au KGB. En 1990, le voilà conseiller du président du Soviet de Leningrad, Anatoli Sobtchak, un de ses anciens professeurs de droit. Elu maire, ce dernier lui confie la mission d’attirer les investissements étrangers.
Sept ans plus tard, s’étant rapproché du clan Eltsine à Moscou, Poutine est nommé numéro deux de l’administration présidentielle. Sa mission : l’application des oukases et décrets présidentiels. En 1998, il prend la direction du FBS, service fédéral de sécurité, ex-KGB. Enfin, en 1999, Boris Eltsine lui confie le portefeuille de Premier ministre et, l’année suivante, il est élu président de la Fédération de Russie.
"Buter les terroristes jusque dans les chiottes"
Sa détermination devant les indépendantistes tchétchènes lui vaudra une grande popularité. "On ira buter (les terroristes) jusque dans les chiottes". La phrase plaira. En octobre 2002, il n’hésitera pas à ordonner aux forces spéciales de donner l’assaut contre le commando tchétchène qui retient 850 personnes dans le théâtre de Moscou. Bilan : 130 civils tués. En 2004, un autre commando tchétchène prendra en otages un millier de personnes dans une école de Beslam, dans le Caucase. Nouvel assaut des forces spéciales : 332 otages tués, dont 186 enfants. "Le patriotisme", dit Vladimir Poutine, "dans le meilleur sens du mot, doit être notre nouvelle idéologie".
A. V.
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