Les basses manipulations du pouvoir
Manifestement le pouvoir ne reculera devant aucun procédé pour durer.
L’information rendue publique par El Watan sur le fait que l’Appel du 17 septembre était le fait de la présidence avec "l’intelligence" d’une officine américaine est inquiétant. Cette pratique est très grave. Si l’information s’avérait vraie (ce qui est difficile à vérifier vue sa sensibilité) cela voudrait dire au moins que les réformes lancées ne sont que de la poudre aux yeux. Un voile de fumée pour faire semblant de réformer. Son objectif donc ? Durer, manipuler les uns et les autres, faire éclater tout mouvement d’opposition. Jouer la montre. Jeter des leurres pour tromper la société, aidé en cela par une certaine presse prompte à crier au loup dès qu’un signe vient d’en haut.
De nombreux connaisseurs des pratiques du régime nous avaient en effet averti sur l’agenda caché de Bouteflika et ses proches collaborateurs.
Ainsi donc, on avait concocté un appel bidon pour désigner un ennemi bidon, imaginaire qui menacerait l’Algérie, le tout pour détourner l’attention, décristaliser une situation politique et sociale déjà assez compliquée. Le procédé en lui-même a été initié dès l’indépendance par Ahmed Ben Bella. A l’époque l’ennemi c’était le Maroc. Boumediene et Chadli avaient eux aussi usé de cette astuce machiavélique jusqu’à la corde. L’artifice est vieux comme ce régime qui se recycle. Cette vieille ficelle dénote malheureusement de cette volonté irrépressible d’anesthésier la contestation. Non content d’avoir recourru à l’argent et aux aides les plus inconséquentes économiquement pour acheter la paix sociale, nous voilà maintenant face à des manipulations des foules et des consciences !
La deuxième grosse manipulation est le financement du colloque avec tapage médiatique sur Messali Hadj. Pourquoi cette figure pas une autre ? Pourquoi maintenant ? Bouteflika ainsi que la plupart de ses ministres sont de Tlemcen comme Messali Hadj, mais la raison ne niche pas seulement là. Car il est peu probable que le président soit sensible au fondateur du PPA. L’intérêt est ailleurs : dans la récupération politique. Jouer sur la corde sensible nationaliste.
La troisième nouvelle est le changement de position de l’Algérie concernant la Libye. Elle est bonne mais très tardive. C’est par un communiqué alambiqué où le fond était dans la forme que la diplomatie algérienne a fait passer la pilule amère de la reconnaissance du Conseil national de transition. En définitive la diplomatie n'attendra pas le nouveau gouvernement libyen comme longtemps claironné pour dire oui à la nouvelle Libye. Elle est passée aux "relations officielles", après avoir été longtemps "quasi-officielles". Du grand art langagier en somme.
Il est évident que l’attitude d'Alger était devenue intenable depuis plusieurs semaines, l’UA ayant reconnu cette semaine le CNT, l’Algérie était l’un des rares à ne pas le faire avec le Venezuela, la Syrie, le Zimbabwe, Cuba. En clair les dernières dictatures, considérées comme les pays parias de la planête.
Sofiane Ayache
Commentaires (2) | Réagir ?
A Mr. Sofiane Ayache
Votre analyse est très instructive. Mais vous commettez une erreur :Bouteflika n'est pas de Tlemcen. Il est né à Oujda au Maroc. Pareillement pour son ministre Ould Dahbia. Bensalah aussi. De même que Zerhouni
Cordialement
Pour moi, le régime d'Alger sur la question de la Libye entre autres a péché par un amateurisme et une incompétence déconcertants. Le ministre de Boutef ne savait plus on donner de la tête, son mentor dans la cécité totale était incapable de lui donner les instructions.
Pauvre Algérie classee république bananière depuis déjà un certain temps.