Libye : l'annonce d'un nouveau gouvernement renvoyée
Les nouveaux dirigeants libyens n'ont pas réussi à se mettre d'accord dimanche sur la composition du gouvernement de transition, dont l'annonce a été reportée sine die, tandis que leurs forces tentaient de surmonter la résistance des pro-Kadhafi dans leurs bastions.
L'annonce prévue dimanche du nouveau gouvernement "a été reportée sine die pour parachever les consultations", a déclaré en fin d'après-midi le numéro deux du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Jibril, lors d'une conférence de presse à Benghazi (est de la Libye).
"Il y a accord sur l'attribution de nombreux portefeuilles. D'autres font encore l'objet de discussions mais nous espérons en finir le plus tôt possible", a-t-il ajouté. Ce gouvernement sera chargé de gérer la transition en attendant des élections et la rédaction d'une nouvelle Constitution. Il sera aidé dans sa tâche par l'ONU, dont le Conseil de sécurité a annoncé la levée partielle du gel des avoirs libyens et l'envoi d'une mission de trois mois en Libye. Selon un responsable du CNT, une réunion a lieu entre le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, le chef de l'exécutif, M. Jibril, et les autres membres de l'exécutif. M. Jibril devrait rester à son poste et le gouvernement devrait compter 34 ministres, dont probablement deux femmes. Mais ce même responsable avait fait état dimanche dans la journée de "divergences" sur la composition du gouvernement.
Reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé le 2 septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection dans huit mois d'une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard. Le délai de huit mois ne devrait cependant débuter que lorsque les nouvelles autorités, qui disent contrôler actuellement 90% du territoire libyen, auront déclaré la "libération" totale du pays. Or, les combattants fidèles à Mouammar Kadhafi, ancien dirigeant en fuite depuis près d'un mois, opposent depuis trois jours une résistance farouche dans leurs bastions de Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et de Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale).
A Syrte, où une quarantaine de combattants pro-CNT ont été tués depuis le début de l'offensive jeudi, les combats se sont poursuivis dimanche de manière moins intense que les jours précédents, les pro-CNT cherchant surtout à sécuriser les artères principales dans l'espoir que les civils puissent partir. "Le principal problème c'est qu'il y a des enfants et des civils à l'intérieur et que nous ne voulons pas utiliser de roquettes Grad ou d'artillerie lourde", a expliqué à l'AFP Walid Al-Fetouri, commandant d'une brigade de combattants.
Selon un journaliste de l'AFP, des explosions et des tirs à l'artillerie lourde résonnaient dimanche le long de la côte, mais sur la route plus au sud menant à un rond-point très disputé samedi, tout était calme. Les combattants se disaient certains que Mouatassim Kadhafi, l'un des fils du dirigeant déchu, médecin et militaire de carrière, se trouvait dans les faubourgs sud de Syrte. Mais le sort des fils de Mouammar Kadhafi, dont trois sont réfugiés en Algérie ou au Niger et deux seraient morts, a déjà donné lieu à de nombreuses rumeurs.
Syrte l'autre front pugnace
Sur le front est de Syrte, les pro-CNT ont annoncé avoir progressé dimanche d'une vingtaine de kilomètres et se trouver désormais à une quarantaine de kilomètres de la ville. "Nous avons beaucoup plus avancé qu'hier. Ils nous attaquent à la roquette mais nous répliquons et nous gagnons du terrain", a déclaré à l'AFP Moustafa bBen Dardaf, un commandant pro-CNT sur le terrain. Un journaliste de l'AFP a vu sur ce front au moins 12 chars des forces du CNT ainsi que des pick-up surmontés de batteries anti-aériennes transportant des centaines de combattants. Samedi, un haut commandant du front ouest avait annoncé qu'au moins 6.000 combattants participaient à la bataille pour Syrte. Mais sur place, l'un de ces combattants s'était montré désabusé : "Nous ne tenons même pas 5% de Syrte parce que nous ne faisons que pénétrer puis ressortir".
A Bani Walid, les combats se sont poursuivis dimanche au lendemain d'une contre-attaque des pro-Kadhafi dans cette vaste oasis au relief accidenté. "Les combats se sont poursuivis depuis samedi jusqu'aux premières heures de dimanche puis ont recommencé cet après-midi", ont déclaré des combattants du nouveau régime postés à 6 km de la ville, précisant qu'un moins sept combattants pro-CNT avaient trouvé la mort ces deux derniers jours à Bani Walid.
L'Otan, qui contribue à l'effort militaire des ex-rebelles, a touché 11 cibles samedi dans la région de Syrte et 11 dans l'oasis de Jofra, à environ 300 km au sud de Misrata et toujours sous contrôle des pro-Kadhafi, selon son rapport quotidien. A Tripoli, des dizaines de personnes ont célébré dimanche le retour de deux pilotes de l'armée qui avaient refusé en février de participer à la répression et choisi au contraire de déserter, avec leurs avions de chasse, à Malte.
AFP
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