Les rebelles libyens à l'assaut de Syrte
Les troupes fidèles à Kadhafi ont perdu vendredi le contrôle de l'aéroport, mais elles résistent dans le reste de la ville.
Entrées dans Syrte pour la première fois, jeudi, les forces rebelles de Misrata ne semblaient pas, vendredi en fin d'après-midi, en mesure de contrôler entièrement la ville avant la nuit. Il faudra sans doute le week-end pour que les thuwars (combattants révolutionnaires) parviennent à se rendre définitivement maître d'une agglomération qui s'étend sur des dizaines de kilomètres.
Dans l'oasis de Beni Oulid, cependant, où subsiste une autre poche de résistance kadhafiste, les troupes rebelles ont également lancé l'assaut vendredi, avant de se replier en fin de journée. "Il y aura des attaques de l'Otan sur les villes qui résistent telles Syrte, Beni Oulid ou Sebha", a toutefois lancé vendredi un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), prédisant la défaite imminente du dictateur déchu. À Syrte, les thuwars ont d'abord concentré leur offensive sur l'aéroport de la ville de Mouammar Kadhafi, parmi les dernières encore à résister à l'autorité du CNT. Sur le coup des 11 heures, une importante colonne de pick-ups, accompagnée de plusieurs lanceurs de roquettes Grad et d'au moins un char, utilisé en appui tactique, a fait mouvement depuis la base où les combattants avaient dormi la veille. L'aéroport a finalement été pris. Poussant leur avantage, les troupes commandées par Ibrahim Halbous sont ensuite parties à la conquête du quartier d'Abouhadi, où étaient retranchés en nombre leurs adversaires. Juste à côté, le quartier de Jalaf, d'où sont originaires Kadhafi et sa tribu, les Kadhafa, n'était pas non plus prêt de se rendre.
Tout l'après-midi, les combats faisaient rage également dans la ville même de Syrte, qui longe la Méditerranée. Plusieurs dizaines de pick-ups sont arrivés en renfort de Misrata pour tenter de venir à bout des forces pro-kadhafi, qui opposaient une défense acharnée. À coup de Grad, de canons et RPG, les soldats du dictateur déchu semblaient prêts à vendre chèrement leur peau. Les forces armées du CNT auraient essuyé de lourdes pertes lors de cette première journée de combats, le Conseil militaire de Misrata évoquant un bilan de 11 martyrs et 34 blessés. L'issue du combat est pourtant certaine, et les partisans du dictateur déchu ne font que la retarder.
Misrata est à 250 kilomètres de Syrte par l'autoroute. Les troupes kadhafistes l'ont coupée en plusieurs endroits, faisant sauter le bitume, et disposant de ridicules monticules de terre pierreuse. Ces maigres défenses ne font que ralentir la vitesse des 4 × 4 rebelles. La porte de la cité natale du dictateur en fuite enjambe cette même autoroute à 40 km de la ville proprement dite. À 30 km, les thuwars ont établi leur camp de base. C'est vingt kilomètres plus loin environ, que les combats ont débuté vendredi.
Boucliers humains
Les rebelles assuraient que leur progression était également freinée par la présence d'otages de Misrata, enlevés au début de la guerre et retenus là comme boucliers humains. Ces scrupules ne leur ont toutefois pas interdit de lancer l'assaut en avançant sur l'autoroute. Un premier accrochage a retenu la colonne. Des tirs nourris de mitrailleuses 23 mm ont eu raison de quelques soldats embusqués. Un prisonnier en habit militaire, qui dit être originaire de Syrte, a été capturé. La position a été tenue par les thuwars. D'autres check-points ont été établis de part et d'autre de l'autoroute, à mesure que la colonne s'approchait de l'aéroport. C'est à coup de missiles Grad que les rebelles ont ouvert leur chemin vers ce lieu stratégique, où se concentrait la résistance kadhafiste.
De courtes incursions
La médina de Syrte est située à l'opposé, sur le flanc gauche de l'autoroute. La veille, jeudi, les rebelles n'y avaient conduit que de courtes incursions. Selon un de leurs commandants, "des combattants favorables à la rébellion se chargent de tenir le centre-ville". L'âpreté des combats semblait pourtant prouver le contraire. L'autoroute divisant en deux Syrte, dont les rebelles avaient pris vendredi le contrôle, relie toutes les grandes villes libyennes. Elle sera bientôt sous le contrôle exclusif du CNT. C'était déjà le cas entre la frontière tunisienne, à l'extrémité ouest du pays, et la ville côtière de Misrata, et de l'autre côté, à l'est, de la frontière égyptienne, via Benghazi, jusqu'à une vingtaine de kilomètres de Syrte. Il ne semble pas que les troupes de Benghazi se soient de ce côté avancées plus avant dans les faubourgs de Syrte. L'offensive, qui a été précédée par plusieurs frappes de l'Otan ces jours derniers, paraît être surtout, pour ne pas dire uniquement, l'œuvre des forces rebelles de Misrata.
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