Syrie : massacres en silence
Désormais la Syrie est balisée de tombes fraîchement creusées.
Depuis mi-mars, il n’y a plus une matinée, un jour où ce pays ne connaît pas son lot de suppliciés, de morts d’une des répressions les plus aveugles. Ne se contentant plus des armes légères, Bachar Al-Assad pilonne au canon son peuple. Il mate dans le sang une révolte populaire pacifique. En l’espèce, il est bien le fils de son père dont la férocité contre les opposants était connue de toutes les capitales en relation avec ce pays. Président par héritage, Bachar Al Assad est en train d’écrire son nom avec des lettres de sang dans le bottin des plus sanglants despotes du XXI e siècle.
Celui que les médias occidentaux présentaient comme un nouvel espoir d’ouverture pour ce pays s’est avéré l’un des dictateurs le plus aveuglé par sa puissance. Depuis maintenant des semaines, son armée composée essentiellement de la tribu alaouite, la sienne, encercle méthodiquement ville par ville, tue et réprime, fait disparaître les manifestants. Al Assad n’a pas froid aux yeux : il utilise les blindés et la marine contre les enfants de la Syrie. Pourquoi ? Pour garder un pouvoir qu’il a hérité de son paternel.
Combien de temps et de victimes faudra-t-il à Bachar Al Assad pour qu’il se rende compte qu’il est désormais vomi par les Syriens ? Combien de temps et de victime faudra-t-il à l’Onu (plus particulièrement les deux soutiens du régime syrien la Russie et la Chine) et à la communauté pour réagir fermement.
Dans le cas de la Syrie, on assiste pour une fois à l’impuissance des puissants. Profitant des divergences stratégiques qui traversent le Conseil de sécurité, le tyran de Damas pousse plus loin sa froide tuerie. Les opérations militaires, les snipers, les disparitions, les arrestations massives ne lui suffisent plus. Maintenant, dans sa folie, Bachar Al-Assad passe au pilonnage de quartiers entiers à partir de bateau de la marine. D’où la question : où va-t-il s’arrêter quand on sait que le peuple syrien déterminé à en finir avec le régime du parti Baath affronte la mort les yeux ouverts.
Nous assistons médusés à un génocide dans les règles de l’art damascène. Oui c’est un génocide. Mot qui veut dire crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux (*). Dans le cas de Bachar Al Assad, c’est plutôt la totale.
Il y a eu le précédent du père. Oui, Hafez Al Assad avait assassiné près de 10000 personnes à Hama. Son fils fera-t-il pire que lui ? Oui car Bachar s’attaque à tout le pays. Il a réussi à s’aliéner son peuple et sans doute une partie de sa communauté. Déjà grâce à ceux qui tienne les chiffres de la comptabilité macabre, le tyran de Damas en est à près de 3000 morts et des milliers de disparus.
Mouammar Kadhafi, l'autre tyran quant à lui, ses jours sont comptés au grand bonheur du peuple libyen. Les pays les plus influents n’ont pas hésité à actionner la justice internationale à travers le CPI. En lançant un mandat d’arrêt international contre le guide et ses enfants. Doublé d'une intervention militaire pour appuyer les rebelles du CNT. Dans le cas de la Syrie, en revanche, les données sont autres et plus compliquées. D'une part, la Syrie bénéficie d'un solide soutien russe au Conseil de sécurité. Ce qui permet de bloquer toute résolution onusienne. D'autre part, pour le moment, la CPI fait preuve de quelque frilosité à agir. Nous pensons que l’auguste cour attend tout simplement un signe des puissants de l’Otan pour délivrer un mandat d'arrêt contre Bachar Al-Assad et ses généraux. N’est-il pas déjà trop tard ?
Yacine K.
(*) Le Petit Larousse édition 2006.
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