Syrie : initiative conjointe d'Obama et du roi Abdellah
Il n'y a plus un jour en Syrie où l'armée ne fait pas de victimes parmi les manifestants. Samedi, trois civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité. Pour autant, les manifestants n'en démordent pas, ils poursuivent leur mouvement de protestation contre le régime d'Al Assad.
La pression monte encore sur Bachar el-Assad. Et l'axe américano-arabe semble se dessiner contre la répression en Syrie. Mais au grand désespoir du peuple syrien en lutte contre le régime sanguinaire d'Al Assad, toutes les actions entreprises demeurent timides. Très empreintes du jargon qui caractétise le discours diplomatique de circonstance. La dernière tentative de pression est l'oeuvre des USA et de son allié de toujours dans la région l'Arabie Saoudite. Le président américain Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie Saoudite ont exigé samedi que les violences cessent "immédiatement" en Syrie, a annoncé la Maison Blanche dans un communiqué. Les deux dirigeants, qui se sont parlés par téléphone "au sujet de questions régionales et de la situation en Syrie", ont exprimé "leur préoccupation profonde et partagée au sujet de l'usage de la violence par le gouvernement syrien contre ses citoyens".
"Ils sont tombés d'accord sur le fait que la brutale campagne de violences du régime syrien contre son peuple devait cesser immédiatement, et ont prévu de poursuivre leurs étroites consultations sur la situation dans les prochaines jours", selon le texte. Barack Obama "a aussi réitéré l'engagement de long terme des Etats-Unis pour la paix et la sécurité dans la région".
Barack Obama s'est aussi entretenu avec le premier ministre britannique David Cameron. Ils ont fait part de "leur profonde inquiétude concernant l'usage de la violence par le gouvernement syrien contre les civils et leur conviction de la nécessité de répondre à l'exigence légitime de transition démocratique exprimée par le peuple syrien" et ont réclamé, encore une fois, l'arrêt immédiat de la répression.
Des responsables américains ont déclaré jeudi que Washington envisageait d'appeler explicitement le président syrien Bachar al-Assad à quitter le pouvoir, un pas jusqu'ici jamais franchi, à l'inverse de leurs appels répétés en ce sens au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion spéciale jeudi 18 août consacrée aux droits de l'homme et à l'urgence humanitaire en Syrie.
Sur le terrain, trois civils ont encore été tués samedi par des tirs de forces de sécurité dans la ville côtière de Lattaquié (nord-ouest), où l'armée a déployé ses chars, au lendemain de manifestations massives anti-régime dont la répression a fait une vingtaine de mort à travers la Syrie. "Deux civils ont été tués à Lattaquié, dont un jeune homme de 17 ans, et un troisième a été abattu à Qousseir, dans la région de Homs, au cours de perquisitions menées par les forces de sécurité", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Lattaquié encerclée par les chars
Le communiqué de l'OSDH, publié dans l'après-midi, ajoute que "quatre corps de civils arrêtés ces derniers jours ont été remis à leurs proches à Houlé, dans la région de Homs". «Vingt chars et véhicules de transport de troupes ont été déployés ce matin près du quartier d'al-Raml al-Jounoubi à Lattaquié», a affirmé l'OSDH. Outre les deux civils tués, plus de quinze personnes ont été blessées dans ce quartier situé au sud de la ville, où des tirs étaient entendus et les communications téléphoniques et l'internet coupés. D'après la même source, "un grand nombre d'habitants, en particulier des femmes et des enfants» avaient fui dans la matinée le secteur, par crainte d'une opération militaire".
Ces derniers jours, le quartier d'al-Raml a été le théâtre de manifestations massives réclamant la chute du régime du président Bachar al-Assad, confronté depuis près de cinq mois à un mouvement de contestation inédit. Des tirs intenses retentissaient par ailleurs en fin de journée dans un autre quartier de Lattaquié, Slaibé, où plus de 70 personnes ont été arrêtées.
Parallèlement, les forces de sécurité, appuyées par deux chars, ont pénétré dans le village de Joussiyeh, à la frontière avec le Liban, dans la région de Homs, selon un militant dans le secteur. "De nombreux habitants fuient vers les localités voisines et vers le Liban", a-t-il dit. Des véhicules militaires ont aussi pénétré dans des villages proches de la ville de Qousseir et procédé à des arrestations, y compris de femmes et d'enfants, selon les militants.
Y. K / Agences
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