II- Des cerveaux et des coeurs en voix-off
La population est tenue d’exprimer la preuve de sa dévotion aveugle au fond de l’urne, de raviver la flamme du corps dictatorial au milieu des cendres de la démocratie, qui refuse de se faire transfuser par le sang des victimes, lors de ses fausses noces. On doit, rêver beaucoup en ce moment. On doit espérer. Ça doit convaincre entre les lignes de certains quotidiens algériens. Ça doit rassurer «c’est tant mieux, ou tant pis !». Suite de la première partie diffusée fin de la semaine.
Celui qu’on perd, on le connaît ; celui qu’on retrouvera au bout des comptes non réglés sera le même repêché de l’âme qu’on a perdue. Un titre furtivement déchiffré au-dessus de l’épaule d’un passager dans le métro annonce "L’arrivée tant attendue…" Du sortant par la fenêtre, qui cherche à rentrer par la grande porte, ce qu’une partie des médias le confirme. Le sous-marin enfoncera le Titanic encore plus profondément, c’est sûr. Ainsi est-ce, depuis toujours, sous la barbe des épris de justice.
Parce que, dans l’histoire du Titanic scénarisée à l’algérienne, hormis une union de complaisance toute faite à raison de plusieurs années par seconde de dictature - il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais, de mariage d’amour avec le peuple.
Affirmatif, le jour J, sous les coups d’artifices, on y verra que du feu ! Après les deuils d’usages qu’interrompront les fêtes à célébrer encore et toujours la résurrection des spectres de l’arrogance, ces derniers comme des chancres autour du peuple se réuniront pour se réunir à nouveau, à La Havane respirant en humant le goût du déclin du pays. La sentine rebaptisée à l’algérienne sera protégée par les murs sourds de Dieu et de ses acolytes. La belle au bâton dormant continuera de dormir encore et encore sous l’effet de la traîtrise. Elle se réveillera peut-être, dans un siècle ou deux, vieille comme Vénus, à ce moment-là ressuscitera peut-être Héros, et à grands cris imposera liberté, justice, et paix, avec la mesure de donner sans mesure.
Mon pays l'inconsolable
Ce n’est pas de gaïté de cœur que j’ai à conclure sans le moindre soupçon, que mon pays l’instable, l’inconsolable, m’oblige à le croire impossible à la paix, comme atteint du syndrome de l’inadaptation sans des obus de tumultes. A le diagnostiquer incurable privé de l’ordonnance des caresses rusées, malveillantes d’une main étrangère. Peut-être espère-t-il les trouver moins rudes que celles du pouvoir anonyme en place ? Né sous X. L’inique, militariste, assassin, romancier, scénariste, comédien-pleurnicheur, orchestre régisseur secret de séries noires, seul auteur, unique signataire de l’histoire dramatique du siècle.
Parce que nous préférons déloyalement cracher notre complicité sur le front de Sa Majesté, l’Algérie. Animés par la tyrannie de l’hypocrisie dont nous refusons de nous déposséder, les uns comme les autres ; nous sommes d’autant plus secondés par un gel mental dans le royaume de l’iniquité. Le navire du progrès, avec toute sa splendeur, s’est injustement laissé fondre dans le délit d’outrage à la mémoire de la lucidité. Qu’à force de se plaire à danser sur les vagues des tornades sous la coupe saisie de la main totalitaire, à petites coulées, l’esprit s’est enivré du goût de l’irréparable, l’affront à la vie. De croire de bon augure les chants nocturnes, l’ascension a fini dans les tourments du néant. Un point c’est tout !
Au pays des idéaux des catastrophes humaines, d’une société à l’affût de l’extase de la bêtise, d’une nation génétiquement laxiste, les aspirations se désarticuleront forcément de leurs espérances. Au fur et à mesure, les jours finiront par s’éteindre dans les nuits sans étoile. Viendront s’évanouir ensuite les soupirs sous l’aile des rêves qui, eux ; voleront aigris au secours des noces ratées. Sous un fond gris-noir, la patrie se verra déshabillée de sa pureté. Le froid enracinera ses os. Peu à peu, le corps loin de son âme , incontestablement, puera la mort.
Comme une poignée de feuilles jaunies, mêlée d’oubli et d’indifférence ; elle se constituera en un tas de cendre. Le forgeron des débordements aura alors réussi un tableau rouge pourpre ; telle une seconde mort et édifié le deuil comme empire. Une œuvre mal conçue, sans conteste révélatrice d’un avenir contestataire des jours heureux. Je me trouve à ce jour, au cœur d’interrogations toujours pas élucidées... !
Sur un évènement, que j’avais vécu en live, un fameux, dix-neuf septembre deux mille cinq, à l’annonce officielle du début ou de la fin de l’agonie de la démocratie. Sous le coup du projecteur du leurre, Oui, j’ai cru vivre, enfin ! Ses portraits étaient placardés partout. Éblouie, j’ai même cru voir en lui, un moment à travers son sourire endimanché de promesses, ressusciter son imminence "le pape". Il était venu, escorté d’un ciel radieux, sans pareil. Il a fait beau. Le soleil infidèle ce jour-là avait brillé de tous les feux, à tel point que même toutes les lumières étaient en veilleuses. Éthérisés, les bourgeons de fleurs à l’effigie de la tolérance ont poussé comme par magie.
Ainsi, et grâce à l’argent public et de l’enthousiasme du leader à anesthésier l’incurable injustice, maquillée pour disparaitre dans le passé, le sol de la Kabylie n’avait jamais embrassé une telle splendeur. Tout a été réalisé selon la volonté du grand maitre. L’étendard de la charte venait d’être accueilli "le hochet, à la main" pour se faire pardonner au nom de la paix, dont l’origine lui est étrangère, les meurtres volontaires commis en avril deux mille un. Une saison baptisée depuis le Printemps noir.
(Le coup d’envoi de la répression était expédié d’un village, comme une impression du déjà prémédité. La stratégie était venue, sur commande ; assombrir le ciel au bout de quelques heurts. À l’issue d’un différend d’ordre racial, un lycéen venait d’être abattu par les forces de désordres algériennes, ce qui allait attiser la colère de la population. À la hauteur des contestations étouffées, le pouvoir désenchanté face aux insubordonnés, de sa cour de contrôle, a réactualisé la loi de la mort civile). Et flic et flac ! Une foule de rêves siégea alors dans la tête de chaque accueillant.
Le mystificateur venait de jurer sur le deuil...
La réconciliation affiche la paix, si l’on croit la compagne digne de publicitaire, qu’il a communiquée tant de fois, autant de fois que le poids de mes années d’exil dans l’incompréhension. Le tsar, durant ses interventions télévisées sans aucune seconde de répit, recommandait la prudence. Autrement dit, règle décrétée répréhensible égal à châtiment suivi à la lettre.
De la prudence forcément. Pourquoi pas ? Avec le moralisateur entre éclairer et enflammer, il n’y a qu’un pas. Par conséquent, les oiseaux d’appât, en l’occurrence les maitres auxiliaires du boycott, avaient tout intérêt à faire une entorse aux principes de l’abstention. La communauté des familles de victimes n’avait qu’à se glisser entièrement dans le corps de l’éphémère, par le hasard se laisser choir dans un écrin fleuri d’optimisme. Contre une bonne overdose... (Interrompu par les youyous des souvenirs enclins à l’oubli ; comme pour étouffer la vérité en sa faveur) il ajoute par dépit à quiconque flirterait avec le défi, la condition de se constituer otage du pardon est impérative, ce sera la seule garante de plus de beurre que de pain.
La nuit sans étoiles
Le mystificateur venait de le jurer sur le deuil de la douleur de ses adulateurs, avant de les inviter à fredonner en chœur "la résurrection de la confiance" avant de quitter, rassurant, rassuré par l’état des lieux blanchis, par la même occasion ses crimes qui peine à gémir du couperet de son euphémisme. C’est fait ! C’est dit par le chef autocrate. La promesse est mise à jour. Seulement, depuis sur une pente glissante. À canevas curieusement entretenu un lit flottera, l’éternité durant. Pari réussi ! Ses erreurs, même à moitié avouées, sont à sang pour sang pardonnées.
Il est parti savourer son apogée, au jupon de son épopée l’étoffe immaculée d‘innocence qui n’est pas sienne, laissant derrière lui des regards désarmés et des yeux embués d’émotions, voilés par l’effet de son grain de sel ». C’est avec le temps et beaucoup de regrets que j’ai appris que je portais depuis ma naissance le cachet « P.I.A » Voilà, quelque lustre sombrement éclairé.
En attendant le départ de l'hiver
De par le syndrome de la codépence avec la dérive de chacun, comme un chacun, je plaide coupable d’avoir tiré une balle réelle dans le cœur d’une Algérie suffisamment meurtrie. Ce jour-là, guidée par les mirages, j’ai eu à honorer l’initiative d’une foi inébranlable, de croire au changement, à la grâce de la réconciliation. En attendant l’imminent départ de l’hiver et le réveil du printemps assoupi dans la tourmente, j’imagine timidement pointer le bout du nez des hirondelles, des oiseaux, des papillons et des fleurs. Ils sont toujours en exode dans l’aire de l’aigle.
Le sort de l’Algérie se joue sur une scène de théâtre dramatique. Tout autour, en long et en large ; sous la barbe de son passé qui se voue à grands cris, indéterminé encore longtemps dans le temps, tourmenté à l’infini qu’un ciel aux abois avec le soleil, s’est inscrit l’intitulé de l’histoire "le germe de la discorde" vivace, il prend de l’ampleur sur ses murs qui gagnent en hauteur difficile à atteindre, à évoluer.
L’intrigue perpétue l’ombre sur la lumière, fait propager au fond de mon regard des traînées de poudre de l’encre qui a séché, condamnant à une chute vertigineuse l‘empreinte qui aurait omis d’orthographier, mot par mot et sans bavure, une maxime vantant les mérites des bienfaits des vérités honnêtes, bien que blessantes, mais qui auraient sans doute été à la hauteur d’une gratitude salutaire pour tous les morts qui ne cherchent qu’à faire le deuil de la démocratie pour avoir péri sous son influence, elle-même désavouée par son élan tourné vers les luttes intestines.
Avant de savoir pourquoi, à qui profite le crime, de revigorer la mémoire de l’Algérie avec l’esprit du deuil dans un environnement insaisissable de meurtres, des délits inextricables ont achevé de souiller page par page le chef-d’œuvre de chaque lutte dédiée à sa survie. Quant à Dieu, le grand rédacteur en chef, je le jure au nom de toutes les croyances, que s’il avait eu l’élégance de déguster à la coupe du reflux jusqu’à la lie en compagnie des indignés, il aurait trouvé sans goût son cadeau, constaté à quel niveau le grand cru déborde d’amertume. Quand dans la sentine, à l’insu de sa vraie saveur mélangée à des amalgames nocifs, il a tourné au vinaigre.
Les quais des regrets
Les saints ? Du haut des ébullitions de l’hémorragie intense du flux dictatorial, après avoir examiné à la souche l’aigreur entretenue des mains des ambivalences, ils se sont laissés abandonner sur le quai des regrets. Loin, très loin, ils se sont mis à distance du présent empoisonné. Vers l’occident ils ont pris la fuite. En orient, ils sont interdits de séjour.
Il y a tout juste soixante ans, de Gaulle fût-il insensible au point de confier les clefs aux mains d’acier, tranchantes à vif sur le vif, dans la perdition, adjugé vendus au dépositaire d’un régime catastrophique et tous ceux qu’il a enfermés dans un passé inaccessible à la vérité, à la transparence ? Dans un moment d’égarement, un jour béni par ceux qui n’ont rien à envier à la main mise précédente sur le pays, se serait-il trompé d’interlocuteurs ? Parce que et ce depuis, le sol est soutenu par les bourgeons de la pègre. Ces derniers veillent fidèlement et sans faille à la résurrection d’une situation constamment en névrose dont l’origine du mal remonte au colonialisme marchant sur le pas du néo-colonialisme.
Au même titre que le serment d’Hippocrate du sujet à soigner. Bien que malade, très malade. Il est indolent, il peine à porter secours. L’Algérie ne sait plus sur quelle part (i) concentrer ses rayons x pour ranimer son corps, en attendant que soit délivrée l’ordonnance qui réprime la non-assistance en personne en danger. Ainsi à la souche attaquer la gangrène ; revitaliser l’organe respiratoire de la démocratie, celui de tous les peuples confondus social, culturel et politique. Le mariage civil, ce jour-là, alors à cette occasion sera célébré en liesse avec le pays à la grâce de la bénédiction d’une nation unie, fort, et engagé sans détour à éclaircir enfin, le paysage de l’Algérie d’où, émergeront des rêves en arc-en-ciel éparpillé dans des confidences ballotées entre désillusions et mirages.
La vie aura l’aspect du sourire d’un enfant qui vient de naître. Tout autour l’immense infini bonheur d’une mère enchantée enfin, délivrée des précédents enfantements non consentis, graciée, libre des procédés défectueux qui ont à répondre du délit de son emprisonnement dans le déni de justice.
Fatiha Mezoued
Commentaires (3) | Réagir ?
L'écriture est toujours une forme d'impuissance ; nos écrits continuent sans rien changer à la tragédie qui se joue depuis des décennies, une tragédie qui rassemble les comédiens de la cité romaine où la démocratie n'existe qu'à travers les envolées de ses thuriféraires. Paroles et écrits pleins de louanges mais point suivies d'actes. Le festin des hyènes continue à se nourrir de la sève d'un corps comme inerte et incapable de réagir malgré les dangers d'une muette soumission.
Poésie, belle poésie, certainement !
Mais madame, soyons sérieux, dans le combat qui nous concerne tous, le temps est-il à une telle profondeur poétique, quand la surface s'évacue vers des pistes inconnues sous des flots soutenues de bêtises issues de la grotte de l'an 622 menant bientôt à la grande mosquée d'Alger ?
Madame, j'ai lu votre texte ! Madame, j'ai relu votre texte, d'abord lucide, puis avec une bière, puis deux bières, puis trois bières.... etc. Mais mon cerveau me dirige toujours vers la même question : ama baâd ? Que voulez-vous donc nous dire Madame, que voulez vous nous transmettre comme message ? Devons nous faire appel à des chouyoukhs nabaouis pour décoder ce message diffus? Si c'est votre objectif, alors, en ce qui me concerne, c'est réussi, car je n'ai rien compris !
Pardonnez moi moi madame, mais quitte à se dire toutes les vérités, ayons le courage de dire même les plus amères ! Et l'amertume ce soir est dans mon camp car j'ai beau essayer de comprendre, je n'y arrive pas. S'agit-il d'un début d'Alzheimer qui me surprend avec votre texte ? Si c'est le cas, alors qu'à cela ne tienne, je l'accepte, mais avant de l'accepter permettez moi de demander une dernière fois, peut-être: Ya madame encore à boire !