Pénuries : les fanfaronnades de ministres durent depuis une décennie
Les pénuries, largement récurrentes des médicaments (pas n’importe lesquels malheureusement), n’affectent pas seulement les hôpitaux et centres médico-sociaux, mais encore les pharmacies de tout le pays. Et pourtant des sommes astronomiques sont dépensées pour importer ce produit vital.
Chaque année, la facture de l’importation des médicaments augmente significativement, sans pour autant parvenir à régler le problème. Quant à l’industrie pharmaceutique nationale, composée pour l’essentiel de laboratoires privés, outre Saidal, elle ne couvre qu’à peine 30?, environ des besoins nationaux. Autant dire pas grand-chose.
Mais cependant, une majeure portion de sa production est inhérente au générique qui souffre, du reste, de rejet chez beaucoup de citoyens, tantôt à juste titre et tantôt sans raison notable. Quoi qu’il en soit, ce qui est particulièrement grave et qui dépasse l’entendement, c’est que depuis nombre de semaines que la pénurie touche certaines maladies chroniques, dont le traitement, consistant à réguler le mal pour éviter la catastrophe, est prescrit à vie, en respectant pour chaque patient la dose décidée par le médecin traitant. Pour être bref, disons, par exemple, que des médicaments indispensables pour réguler l’hypertension artérielle, l’arythmie et le sucre dans le sang pour le diabétique, ne peuvent être trouvés nulle part dans le pays, sauf cela va de soi, dans les cliniques privées, où l’on ne manque de rien… Cela s’appelle, tout simplement, non-assistance à personnes en danger de mort, crime puni et par le Code pénal et par la morale élémentaire de tous les pays. Sauf que dans certains d’entre eux, la loi ni la morale n’existent que virtuellement quand il s’agit de citoyens ordinaires. Ceux-ci étant considérés comme quantité négligeable n’ont qu’un seul droit : se taire et se laisser trépasser à petit feu.
On me dira qu’il existe pourtant un ministre chargé de la santé et qui est, de surcroît, médecin lui-même. Soit ! En vérité, celui-ci, à l’analyse, se révèle être un faux ministre, ou plus exactement un ministre virtuel, ne possédant aucun pouvoir lui permettant de régler quoi que ce soit et ce, en dépit de ses rodomontades il ya quelques jours dans la presse où il reconnaissait que le monopole de l’importation des médicaments est détenu par une dizaine de barons et qu’il allait intervenir pour débloquer les choses. De telles fanfaronnades, on les a déjà entendues chez d’autres ministres "gérant" d’autres secteurs. Et cela dure depuis plus d’une décennie. C’est qu’en Algérie, le gouvernement sensé diriger les affaires du pays joue un rôle de simple faire-valoir, pour donner l’illusion que l’Etat est équipé d’une institution de régulation et de développement dans tous les domaines, comme partout ailleurs, dans le monde. L’on a affaire dans ce cas à un gouvernement visible, mais dont le pouvoir de décision est égal à zéro. Par contre, derrière le rideau se tient une autre structure composée d’individus aussi cupides que puissants qui dictent à voix basse toutes les injonctions allant dans le sens de leurs désirs et intérêts sonnants et trébuchants. En d’autres termes, il y a d’un côté la marionnette et de l’autre, le marionnettiste.
C’est ce qui explique, entre autres, la langue de bois de nos ministres, allant jusqu’à dire des choses qui laissent pantois sur les résultats de leur gestion en n’hésitant point de se permettre de tordre le cou à la réalité, en fournissant des données statistiques grossièrement erronées, mais confortant, bien entendu, leurs "réalisations" et justifiant les privilèges et autres prébendes dont ils jouissent intensément et cyniquement. C’est ainsi que ça se passe dans les systèmes rentiers où la société civile, quoique bien présente physiquement, n’est toutefois pas en mesure de jouer le moindre rôle de sensibilisation et de conscientisation au profit des citoyens Et pourtant dans la source de lois de la République, la Constitution, tout y est ! C’est que, à ce niveau basique aussi, il y a un leurre, un grotesque mirage, qui risque d’avoir de belles années devant lui, grâce à un système rentier générant une corruption à grande échelle, polluant ainsi, aussi bien les esprits que les cœurs.
Anis Sabri
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