L'Union Européenne met en garde : "le nucléaire est une technologie à double usage"
En Libye comme en Algérie ou au Maroc, le président Nicolas Sarkozy a proposé une coopération sur le nucléaire civil, relançant doutes et interrogations sur les risques de prolifération. Au chapitre commercial, la France, déjà leader mondial de l'énergie nucléaire avec Areva, tente de pousser encore son avantage. «La France est prête à aider tout pays qui veut se doter de l'énergie nucléaire», a lancé fin septembre M. Sarkozy à la tribune de l'Onu.
Mais cette position de principe recèle aussi et surtout des visées diplomatiques alors que l'Occident s'interroge toujours sur les finalités civiles ou militaires du programme nucléaire iranien. C'est «la meilleure réponse à ceux qui veulent, en violation des traités, se doter de l'arme nucléaire», avait poursuivi M. Sarkozy dans une allusion à l'Iran, faisant de la technologie nucléaire civile française une monnaie d'échange contre le renoncement à toute activité nucléaire militaire.
Le président français l'a encore affirmé mercredi à Constantine : «Le partage du nucléaire civil sera l'un des fondements du pacte de confiance que l'Occident doit passer avec le monde musulman». Paris et Alger venaient de parapher un accord sur «l'utilisation et le développement de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques», le premier de cette envergure conclu par la France avec un pays arabo-musulman. Dans le même esprit, M. Sarkozy a conclu le 24 juillet avec la Libye un accord sur le nucléaire civil, dans la foulée de la libération des infirmières bulgare. Il s'agit d'étudier la livraison à Tripoli d'un réacteur nucléaire destiné à la désalinisation de l'eau de mer.
Avec le Maroc, il est question d'un accord-cadre dont la négociation avait été annoncée fin octobre lors d'une visite du président français. Selon un haut responsable de l'Elysée, le nucléaire civil pourrait jouer dans le monde arabo-musulman et sur le projet d'Union méditerranéenne cher à M. Sarkozy le même rôle qu'avait joué naguère la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), ancêtre de l'Union européenne. L'offensive diplomatico-commerciale de la France sur le terrain du nucléaire civil suscite toutefois doutes et interrogations.
Notant que «des pays comme le Maroc, l'Egypte ou la Jordanie ont mis en marche des programmes nucléaires ambitieux», le diplomate en chef de l'UE Javier Solana a lancé, le 7 novembre à Madrid, une claire mise en garde. «La technologie nucléaire est une technologie à double usage», a-t-il averti, «on enrichit l'uranium pour alimenter une centrale et produire de l'électricité; mais, si l'on poursuit l'enrichissement, c'est alors une arme de destruction massive que l'on produit». Pour un diplomate européen, «on ne vend pas une centrale nucléaire comme on vend un TGV, au-delà du «business», il faut aussi traiter le problème dans sa dimension régionale et dans sa dimension prolifération de façon cohérente».
Les interrogations les plus vives sont cependant apparues en Allemagne, pays traditionnellement méfiant à l'égard d'une source d'énergie à laquelle il entend renoncer. «Le risque de prolifération augmente avec chaque pays qui utilise l'énergie nucléaire», a observé le ministre délégué aux Affaires étrangères Gernot Erler, après l'accord franco-libyen. Sur la scène politique intérieure française, les Verts ont dénoncé mardi, après la visite de M. Sarkozy en Algérie, son «obsession» de «remplir le carnet de commandes d'Areva, faisant fi des questions de droits de l'homme, de sécurité internationale ou des questions d'environnement».
AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
Est-ce que ses pays ont besoin du nucléaire? Veulent-ils seulement consommer de l'énergie? Vrais que la France est un des piliers de cette technologie, des contrats signés dernièrement avec la chine aussi, A mon avis la France cherche seulement la pars de gâteau avant que d'autre le prenne car si se n?est pas la France un autre pays s'emparera de ces marché et aussi surtout de ces futurs mines.