Mohamed Benchicou sur les traces du peuple algérien
Le journaliste et écrivain a épinglé Ahmed Ben Bella qui, cinquante ans après l’Indépendance, continue à nourrir une haine viscérale envers l’architecte de la Révolution, Abane Ramdane.
“Ils enseignent à nos enfants la haine, l’adversité, le nationalisme, toutes ces petites choses qui font le lit de l’islamisme. Si nous avions enseigné la vraie histoire, l’Algérie n’aurait pas connu cette situation.” En présentant, hier, son livre Le Mensonge de Dieu, sorti en librairie, l’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou entendait faire acte de cet engagement pour restituer au peuple algérien son histoire, celle-là même qu’on ne rencontre pas à l’école, mais qui a fait école sous d’autres latitudes. Dans Le Mensonge de Dieu, un temps au cœur d’une polémique pour une sordide histoire de numéro ISBN qu’on a temporisé à délivrer aux maisons d’éditions, le journaliste nous replonge dans l’histoire du peuple algérien depuis 1970 à nos jours. S’appuyant sur des faits historiques réels, avec des personnages qui ont dû exister, pour reprendre sa formule, cette grande fresque romanesque retrace les destins croisés d’une famille de combattants indigènes, insoumis et séducteurs. “Ce livre tombe avec le cinquantième anniversaire de l’Indépendance. C’est une coïncidence heureuse. Je pense que c’est un roman historique, c’est un livre d’histoire”, explique-t-il, avant de tomber à bras raccourcis sur les gouvernants actuels de notre destinée. “L’histoire qu’on enseigne aujourd’hui est falsifiée. Elle ne rend pas justice au caractère universel de la Révolution.” Mais Benchicou, qui met ainsi la plume dans la plaie, ne prétend pas se substituer aux historiens. “Le livre ne prétend pas réécrire l’histoire. Nous ne sommes pas outillés pour être à la place des historiens”, soutient-il.
Cependant, il s’attend et caresse même l’espoir à ce que le livre suscite quelques débats. “J’espère qu’il aura des adversaires et des adeptes qui vont donner lieu à des débats utiles, nécessaires à la vérité.” “Je suis prêt à participer à tous les débats”, affirme-t-il. Pendant plus de deux heures à la librairie des Beaux-Arts, face à des journalistes, à certains de ses amis mais aussi à des admirateurs, Benchicou racontera dans les moindres détails certains faits historiques, inconnus du grand public.
Le retour du Matin se fera comme conséquence d'une résistance
Une méconnaissance à l’origine sans doute des dérives qu’a connues le pays depuis plusieurs décennies. Dans ce contexte, l’écrivain ne manquera pas d’épingler l’ancien président Ahmed Ben Bella qui, cinquante ans après l’Indépendance, continue à nourrir une haine viscérale à l’architecte de la Révolution, Abane Ramdane. “C’est un travail de déligitimation en perspective des pouvoirs futurs.” Interrogé sur la polémique qui a entouré l’édition de son livre, Benchicou s’est demandé “s’il s’agit d’une censure à mettre dans la case d’une censure réfléchie, qui porte sur le contenu, ou idiote”. “Je pense que c’est une censure imbécile”, dit-il. Par ailleurs, à la question d’un éventuel retour du quotidien Le Matin, l’auteur de Les Geôles d’Alger est formel : “La reprise du Matin se fera comme conséquence d’une résistance, mais pas comme geste de clémence”, dit-il, révélant se basant sur des confidences, que “Bouteflika aurait l’intention de lever la suspension”.
Karim Kebir
Commentaires (11) | Réagir ?
Monsieur Benchicou, vous avez pointé du doigt le noyau de la catastrophe algérienne, à savoir son école tournée en instrument du crime. Les richesses peuvent être reproduites, mais une jeunesse, un peuple qui a perdu son ame par la faute de son école est un peuple perdu à jamais.
Cette école qui nous apprend à nous haïr nous même, à haïr la vie, le beau et la joie. Cette école qui sacralise l'étranger, qui nous inculque la culpabilité dès l'âge tendre. Cette école qui drogue nos enfants, jeunes et adultes à doses de religion. Cette école qui, au lieu d'enseigner le fait religieux (entre autres matières), fait du prosélytisme avec l'argent des Algériens. Cette école... cet instrument aux mains des criminels qui nous poignarde jusqu au fond de notre coeur et âme..
C'est un réel dommage bien entendu que Ben Bella encore une fois revienne meurtrir le peuple algérien comme il l'a fait dans l'après indépendance. La lâcheté de ceux qui ont eu la faiblesse d'assumer l'histoire d'un peuple ayant sacrifié ses meilleurs enfants pour se libérer d'un colonisateur dévastateur nous ont plongé un état dans un système mafieux.