Le CNT libyen reconnu comme "autorité gouvernementale"
Le groupe de contact sur la Libye a reconnu vendredi le Conseil national de transition (CNT) comme seule instance représentative du peuple libyen.
Les pays de l'Otan et les puissances arabes membres du groupe de contact sur la Libye, réunis à Istanbul, ont reconnu vendredi le Conseil national de transition (CNT) mis en place par les insurgés comme seule instance représentative du peuple libyen. Les puissances occidentales ont parallèlement annoncé qu'elles allaient accroître la pression militaire contre le régime de Muammar Kadhafi et ont prévenu qu'il n'y aurait pas de pause pendant le ramadan, mois de jeûne de la religion musulmane, qui commence cette année le 1er août.
La reconnaissance des insurgés de Benghazi comme "autorité gouvernante légitime en Libye" est d'importance : elle pourrait conduire au déblocage de milliards de dollars d'avoirs libyens actuellement gelés (plus de 34 milliards de dollars sont gelés aux États-Unis). Une vingtaine de pays, dont la France, la Grande-Bretagne et l'Italie, considéraient déjà le CNT comme unique représentant du peuple libyen.
Pas de trêve durant le ramadan
"Jusqu'à la mise en place d'un cabinet de transition, les États-Unis reconnaîtront le CNT en tant qu'autorité gouvernementale légitime en Libye, et nous traiterons avec lui sur cette base", a annoncé la secrétaire américaine d'État Hillary Clinton, tandis que les émissaires de la trentaine de pays et d'organisations réunis à Istanbul peaufinaient le texte de leur déclaration finale. Son homologue français, Alain Juppé, a pour sa part indiqué que les opérations militaires de la coalition internationale se poursuivraient bel et bien durant le mois de ramadan, à moins que le numéro un libyen ne cède le pouvoir.
"La feuille de route est très claire : d'abord et avant tout, une annonce claire par Kadhafi de son intention de céder le pouvoir et particulièrement toutes ses responsabilités militaires, puis un authentique cessez-le-feu sous le contrôle de l'ONU et, nous l'espérons, de l'Union africaine", a-t-il dit. William Hague, son homologue britannique, a même indiqué : "La pression militaire sur le régime continuera de s'intensifier."
Kadhafi prêt à renoncer au pouvoir
La réunion d'Istanbul, la quatrième du genre depuis la création du groupe de contact, en mars, à Londres, intervient à un moment charnière entre absence de progrès militaires et spéculations sur les intentions de Muammar Kadhafi. Quatre mois après les premières frappes alliées sur les structures de l'armée régulière libyenne, des informations faisant état d'une possible évolution du numéro un libyen circulent de plus en plus nombreuses.
Dans un discours, jeudi soir, devant des dizaines de milliers de partisans à Al Adjaïlat, à 80 km à l'ouest de Tripoli, il a réitéré son intention de poursuivre la lutte. "Je me sacrifierai pour vous. (...) Je combattrai jusqu'au bout", a-t-il dit. Mais de ce qui filtre des contacts informels, il semblerait que le dirigeant libyen puisse être prêt à renoncer au pouvoir qu'il exerce depuis 41 ans s'il obtient des garanties. Le conditionnel est toutefois de rigueur.
L'après-Kadhafi évoqué
Dans l'optique où Kadhafi accepterait de se retirer, resterait à trancher la question de l'avenir personnel du dirigeant libyen, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Lui offrirait-on en échange une immunité, serait-il autorisé à rester sur le sol libyen ou à chercher refuge dans un pays tiers ? Cet aspect de la question libyenne va être confié à une équipe dirigée par l'émissaire spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, le Jordanien Abdoul Elah al-Khatib. "Ils décideront non pas si Kadhafi doit quitter le pouvoir, mais comment et quand", a précisé le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
Le document élaboré à Istanbul aborde également l'après-Kadhafi : "La formation d'un gouvernement provisoire devra être rapidement suivie de la convocation d'un congrès national formé de représentants de toutes les branches de la Libye." Sur le terrain, les insurgés tiennent toujours la localité d'Al Kaoualich, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli, et visent désormais Gariane, verrou sur la principale route menant jusqu'à la capitale.
L'idée de combattre pendant le ramadan ne refroidit pas leurs ardeurs. "Le prophète Mahomet a mené de grandes batailles pendant le ramadan à La Mecque. Aucun facteur religieux ne nous dissuadera donc de lutter pour notre liberté", a déclaré Mahmoud Chammam, un des porte-parole du CNT présents à Istanbul.
REUTERS
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