Syrie: le régime ouvre un dialogue sans cesser la répression
"Leur visite prouve qu'il existe un soutien et un encouragement de l'extérieur pour déstabiliser le pays", a-t-elle ajouté. Les ambassadeurs des Etats-Unis, Robert Ford, et de France, Eric Chevallier, se sont rendus séparément la semaine dernière à Hama, ville assiégée par l'armée et théâtre d'immenses manifestations contre le régime.
Le régime syrien a assuré dimanche vouloir relancer le "dialogue national" pour favoriser la transition du pays vers la démocratie, tout en poursuivant la répression dans plusieurs villes.
Dans le même temps, l'armée a poursuivi dimanche son offensive sécuritaire dans la région de Jabal el-Zawiya, dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH), citant des militants.
"L'armée syrienne, forte de dizaine de chars et de véhicules militaires, est entrée dans les villages de Maala et de Chanan et a effectué des perquisitions. Les soldats ont cassé des meubles et brûlé des motocyclettes", a dénoncé l'OSDH.
Des perquisitions ont aussi eu lieu samedi soir et dimanche à Banias (ouest), où 25 personnes ont été arrêtées et d'autres frappées, selon la même source, qui a évoqué aussi des "tirs nourris" dans plusieurs villages autour de Homs et des arrestations dans un quartier de cette ville du centre du pays.
En outre, les autorités syriennes ont convoqué les ambassadeurs américain et français afin de protester contre leur visite sans autorisation dans la ville rebelle de Hama, à 210 km au nord de Damas, a annoncé l'agence officielle Sana.
Accusant "l'extérieur" d'ingérence, le régime a convoqué "les ambassadeurs américain et français" pour leur faire part de "sa vive condamnation de leur visite à Hama sans autorisation préalable", selon l'agence Sana.
"Leur visite prouve qu'il existe un soutien et un encouragement de l'extérieur pour déstabiliser le pays", a-t-elle ajouté. Les ambassadeurs des Etats-Unis, Robert Ford, et de France, Eric Chevallier, se sont rendus séparément la semaine dernière à Hama, ville assiégée par l'armée et théâtre d'immenses manifestations contre le régime.
Parallèlement, l'ambassadrice de Syrie à Paris, Lamia Shakkour, a été convoquée dimanche soir au ministère français des Affaires étrangères qui entend protester "vigoureusement" contre des dégradations faites à son ambassade et à un consulat après une visite de M. Chevallier à Hama (nord).
Des manifestations samedi devant devant l'ambassade de France à Damas et le consulat de France à Alep ont été marquées par de "nombreuses dégradations", a déclaré le porte-parole du ministère, Bernard Valero, évoquant des drapeaux brûlés, des jets de projectiles et des destructions de véhicules.
La réunion sur le dialogue national, qui doit durer deux jours, s'est ouverte dans la matinée, en présence du vice-président Farouk al-Chareh, et d'environ 200 personnes: des membres du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, des indépendants et des représentants de la société civile (acteurs, écrivains et intellectuels).
Cette rencontre vise à préparer une "réunion nationale globale pendant laquelle (sera annoncée) la transition de la Syrie vers un Etat multipartite, démocratique, où tous seront égaux et participeront à l'édification de l'avenir du pays", a affirmé M. Chareh.
"Sans un système politique multipartite démocratique (...), notre société ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile", a-t-il ajouté.
Les participants doivent débattre d'amendements constitutionnels, en particulier une éventuelle suppression de la clause qui fait du parti Baas "le dirigeant de l'Etat et de la société".
Le 20 juin, le président Bachar al-Assad avait appelé à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution".
Les opposants au régime ont cependant décidé de boycotter ces pourparlers, exigeant avant tout contact "le retrait des forces syriennes des villes, la libération des prisonniers politiques et des manifestants pacifiques, ainsi qu'une enquête sur les crimes commis contre les manifestants".
Les manifestants refusent pour leur part toute discussion avec les autorités, et exigent la chute du régime ainsi que des élections libres.
La répression du mouvement de contestation, qui a commencé le 15 mars, a coûté la vie à plus de 1.300 civils, selon des ONG.
Un écrivain proche de l'opposition, Tayyeb Tizini, a participé à la réunion en disant espérer son succès: "J'appelle cette réunion à être vraiment historique, en jetant les bases de l'Etat de droit qui a été violé jusqu'aux os".
Mais "les balles continuent à siffler à Homs (centre) et à Hama", a-t-il regretté, tout en mentionnant les "milliers" de détenus politiques.
Le président Assad a nommé dimanche un nouveau gouverneur à Hama, Anas Naëm, en remplacement d'Ahmad Khaled Abdel-Aziz, limogé le 2 juillet au lendemain d'une manifestation qui avait réuni plus de 500.OOO personnes appelant à la chute du régime.
AFP
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