Des "indignés" se rassemblent à Tiaret contre "l'autoritarisme et la corruption"
Le Mouvement des Indignés, né en Europe, semble vouloir s'étendre en Algérie. A Tiaret, des indignés se sont rassemblés à l'occasion de la fête de l'indépendance pour dénoncer la corruption et la répression.
Des dizaines de citoyens "indignés" ont célébré mardi la fête de l'Indépendance à Tiaret, située à 400 km à l'ouest d'Alger, en organisant un salon des protestations et des sit-in ! Les "indignés" ont, une nouvelle fois, pris d'assaut la place publique Regina de Tiaret, située juste en face du siège de la daïra, pour accrocher des dizaines d'affiches et de banderoles sur lesquelles la colère contre la corruption et l'autoritarisme est transcrite en noir et blanc.
Les "indignés" tiaretis sont de retour donc ! Et à l'occasion du 5 Juillet, une date inscrite en lettres d'or dans la mémoire du peuple algérien, ils ont décidé de se mobiliser pour exprimer publiquement leur rejet du despotisme et leur profond attachement à la "démocratisation de l'Algérie", indique à elwatan.com, Annan Abed, porte-parole d'un groupe de militants composé d'une trentaine de citoyens issus de divers horizons et tous originaires de Tiaret.
Ces citoyens qui refusent de se constituer en un comité ou une organisation politique, ont préféré porter directement sur la place publique leur "indignation" et passer outre les jérémiades quotidiennes qui paralysent la volonté citoyenne en Algérie. "Nous avons déjà organisé le 3 juin dernier une première édition de ce salon dédié aux protestations et sit-in. A l'époque, le wali est intevenu pour nous menacer et interdire notre exposition. Mais pour nous, la fête de l'Indépendance est un rendez-vous immanquable. Nous avons donc décidé d'organiser la deuxième édition de ce salon pour rappeler aux autorités publiques que la société civile existe bel et bien. Sa voix ne peut plus être étouffée", explique encore Abeb Annan, initiateur de ce "projet protestataire" unique en son genre.
"Démocratie et Alternance", " Tiaret : le paradis des corrompus et des fraudeurs !", " La société civile pour une vie digne", etc., tels sont donc les slogans qui sont portés par ces citoyens désireux d'apporter le changement dans leur pays. Un pays qui souffre depuis des années de l'absolutisme politique et de la dépravation économique. "En ce jour où nous célébrons notre Indépendance chèrement conquise, nous avons voulu interpeller nos concitoyens sur l'importance de l'engagement en faveur du changement et de la démocratie. Notre objectif est d'interpeller aussi les autorités publiques afin qu'elle laissent la société civile assumer son rôle et prendre en main le destin de l'Algérie", assure à ce sujet Annan Abed.
Mais le message est-il passé ? Pas si sûr car quelques heures après le début de cette manifestation, des dizaines de jeunes chauffés à blanc se sont invités à la Place Publique Regina pour défier les forces de sécurité et s'attaquer, à coup de pierres, au wali et sa délégation qui inaugurait un nouveau Jardin Public, situé à quelques encablures la Place Publiques investie par les "indignés".
Fort heureusement, nos "indignés" n'ont pas hésité à intervenir auprès de ces jeunes pour les ramener à la raison et leur expliquer que d'autres modes de protestation sont plus à même de servir leur cause. "C'est dire enfin que nous avons besoin de former nos citoyens pour leur apprendre à défendre leurs revendications sans sombrer dans la violence", souligne Annan Abed qui appelle en dernier lieu le ministère de la Jeunesse et des Sports à mettre en place dans les Maisons de Jeunes des ateliers de formation pour favoriser l'émergence des acteurs de la société civile.
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Bravo les jeunes de Tiaret ! Votre combat qui reste pacifique et citoyen atteste votre maturité politique et votre patriotisme. De Berlin (Allemagne) nous vous saluons et sommes solidaires avec votre mouvement ! En cet anniversaire du recouvrement de l'indépendance, vous ètes les dignes héritiers des chahids de la Révolution de la région : Ali Maachi, Ait Amrane Yamina, Hamdi Ghali, Hamdani Adda, les frères Guitoun, Marie Claire Boyer et de tous les martyrs de la démocratie ! Ensemble, avec toutes les forces de progrés et de la démocratie nous édifirons une Algérie Libre démocratique et sociale ! De la ville de Brecht et de Rosa Luxembourg, nous vous dédions la chanson de Maachi "Taht Esmaa El Djazair" ! Oh que Tiaret me manque et que vous me manquez tous !
Boumediene Missoum, Berlin.
Un système bâti sur la violence ne partira que sur cette même violence.