Ben Jelloun : "Le seul espoir pour l'Algérie est qu’un militaire honnête prenne le parti du peuple"
Dans un entretien à Paris Match, Benjamin Stora (historien du Maghreb) et Tahar Ben Jelloun (romancier marocain) sont revenus sur les révoltes populaires de la rive sud de la Méditerranée.
P. M.: Lorsque nous évoquons le printemps arabe, faut-il parler de révoltes ou de révolutions ?
Benjamin Stora. J’ai parlé de révolution car il y a rupture avec la situation antérieure, avec la peur notamment. C’est cette ouverture vers des promesses de liberté et d’égalité, comme en 1789, qui m’a fait utiliser le mot de révolution. D’ailleurs, les acteurs eux-mêmes ont employé ce mot.
Tahar Ben Jelloun. Pour moi, il s’agit de révoltes, spontanées venues d’exaspérations et de colères. Cela pourrait devenir une révolution le jour où il y aura un leader. Le peuple n’a pas cherché à prendre le pouvoir, il s’agit plus d’une mutinerie.
Vous n’avez pas utilisé le mot “démocratie”, c’est une nouveauté ?
B.S. Cela va de soi ! Mais c’est vrai que la démocratie est une idée neuve.
T.B.J. C’est même devenu une évidence, le peuple a voulu récupérer ses droits de citoyen.
B.S. Toutes les idéologies réfutant la démocratie sont vouées à disparaître. C’est pour cette raison que j’ai évoqué la naissance de l’individu arabe.
T.B.J. Je suis d’accord. Auparavant, le clan et la famille primaient sur l’individu. L’autre nouveauté, c’est la fin de l’islamisme. Leur logiciel était périmé, ils n’avaient pas leur place.
Quel a été le rôle des intellectuels ?
T.B.J. Les élites n’ont pas eu de rôle dans ces révoltes, mais les écrivains n’ont pas cessé, depuis des années, de décrire la pourriture dans ces pays. Leurs écrits ont fait leur chemin et préparé le terrain.
B.S. N’oublions pas que les intellectuels ont payé le prix fort dans les dictatures. Des journalistes, des écrivains, des psys ont été assassinés. Mais soyons honnêtes, certains intellectuels ont accepté ces pouvoirs dictatoriaux.
T.B.J. Oui, il y a eu des compromissions. Intellectuel ne veut pas dire révolutionnaire.
L’action des femmes a-t-elle été primordiale ?
B.S. Oui, nous avons vu les femmes dans les mobilisations. Elles avaient déjà été présentes dans les batailles démocratiques à plusieurs reprises. Elles étaient là, même si leur combat a parfois échoué.
T.B.J. Leur rôle a été capital. Certaines étaient même prêtes à perdre leurs fils au nom de la liberté.
Pourquoi ce qui a été possible en Tunisie et en Egypte ne l’est-il pas en Algérie ?
T.B.J. L’Algérie est dans la même situation que la Libye ou la Syrie. Le seul espoir pour ce pays est qu’un jour, un militaire honnête prenne le parti du peuple.
B.S. L’Algérie est une société martyrisée et traumatisée. La guerre civile dans les années 90 a fait 100 000 morts.
T.B.J. C’est un pays riche qui ne profite pas de ses richesses. Sa population veut émigrer et cela condamne ce régime. Le jour où la démocratie s’installera, ce sera une grande démocratie.
"Il y aura une étincelle"
Quelle influence le printemps arabe peut-il avoir sur la jeunesse française ?
T.B.J. Je pense qu’il se passera quelque chose dans les banlieues car rien n’a été fait pour gommer les injustices. Ni en termes d’urbanisme, ni en termes d’éducation ou de travail. Tôt ou tard, la révolte gagnera.
B.S. Un jour, il y aura une étincelle. Quand je vois que le maire de Sevran en appelle à l’armée ! Nous ne sommes pourtant pas en Syrie. Les jeunes en ont assez de ne pas se sentir respectés.
T.B.J. Et moi, quand j’entends certains intellectuels comme Richard Millet dire qu’ils ne se sentent plus chez eux en France, ça me révolte. Aujourd’hui, il faut une volonté politique de s’occuper sérieusement de ce problème. Nos banlieues sont devenues une véritable bombe à retardement.
Les jeunes issus de l’immigration maghrébine se considèrent-ils proches des jeunes Arabes ?
B.S. Il y a une solidarité qui s’exprime via Internet. Mais la jeune génération née en France se trouve aujourd’hui plus proche des “indignés” espagnols que des Maghrébins.
T.B.J. Ils sont français. Ils n’ont pas envie de se révolter contre le pouvoir, mais pour avoir du travail et une vie décente.
Commentaires (15) | Réagir ?
Benjelloun, juif converti à l'islam s'inquiète pour notre pays. Il nous souhaite un dictateur du genre Nezzar pour achever les rescapés. Hum, moi je souterais aussi pour le Maroc : que nos frères marocains, se trouve un roi qui ne soit pas une roitelette la nuit tombée, hein Ben ?...
Ben Jelloun ne trompe que les imbéciles à son image!
Car, enfin, comment penser "qu`un militaire "gentil" sauvera l`Algérie" ? Quel mépris pour l`intelligence du peuple algérien ! Quel cynisme envers nos élites (elles existent malgré ce que d`aucuns pensent!). Quand, justement, ce dont on a besoin, après presque un demi siècle de notre indépendance nationale, c´est d`en finir avec cette caste de l`armée, qu`elle rejoigne ses casernes, et que les civiles prennent enfin le droit de gérer leur destinée. C´est cela la démocratie que l`on revendique pour notre pays. C´est au nom de cette nouvelle Algérie, débarrassée de ses oripaux -nommés généraux, que la grogne, les émeutes, les manifs, et les marches ne cessent de s´exprimer à travers le pays!!
Et l`on ose "féliciter", voire s`abaisser à publier les divagations d` un faux-jeton comme ce Tahar Ben Jelloun!? Un intellectuel aux ordres, à l`image de BHL!
Comment peut-on se laisser impressionner par ce lécheur de babouches de son roi, et minable "arabe de service" de la fange franco-sioniste parisienne, qui a le front de donner des leçons de morale à l`Algérie?? Notre pays qu`il déteste, et dont il n´a de cesse de flatter les bas instincts de la division, dès qu`il ouvre son clapet!!
Ne voyez-vous pas, qu`il se moque des algériens, avec son paternalisme d`hypocrite, quand il nous conseille de trouver un militaire "charitable" pour nous sauver... ce qui signifie que pour lui, notre peuple, hors l`uniforme, est un pleutre?!
Bien dit, il a le profil d'un traitre et d'un lécheur de babouches de la pire espèce, un écrivain de pacotille qui insulte le peuple algérien avec une arrogance démesurée, pour qui se prend-il?.