Les services pakistanais auraient été au courant des mouvements de Ben Laden
Ben Laden aurait-il bénéficié de l’aide des services de renseignements pakistanais ? Il est vrai que les premiers soupçons de collusion sont portés sur ce service dès le lendemain de la liquidation du chef d’Al Qaida. Depuis, le faisceau d’informations se resserre sur de probables contacts entre Ben Laden et l’ISI.
L’investigation du matériel informatique et autres informations saisies à la suite de l’attaque de la villa de Ben Laden dans la nuit du 1er au 2 mai ne cesse d’apporter de nouveaux éléments. Le dernier est un téléphone portable qui contiendrait les contacts d'un groupe d'activistes lié aux services de renseignement pakistanais, selon de hauts responsables américains cités jeudi 23 juin par le quotidien américain The New York Times. Le téléphone appartiendrait à un des coursiers au service de Ben Laden tué pendant l'opération militaire des forces spéciales américaines sur la résidence de Ben Laden à Abbotabad (Pakistan).
Le décodage de la carte puce de ce téléphone révèle, selon ces hauts responsables américains, un lien entre le groupe Harakat-Al-Mujahidine, fortement ancré dans la région, et l'entourage de l'ex-chef d'Al-Qaïda. Après vérification des communications passées à partir de ce téléphone, les experts américains ont pu établir qu'un contact avait été noué entre des responsables du renseignement pakistanais et le groupe Harakat Al Mudjahidune. Jusqu’à présent, les analystes américains n'ont pas livré les coordonnées associées aux numéros de téléphone en question mais ont précisé que les militants du groupe Harakat se trouvaient dans la zone tribale du Sud-Waziristan, une région réputée par ailleurs être le fief des membres d' Al-Qaïda. Ce groupe armé est lié à Al-Qaïda, d'après la liste dressée par le Conseil de sécurité des Nations unies et par les Etats-Unis. Il est interdit au Pakistan depuis 2002.
De fil en aiguille, les experts américains estiment que ce groupe pourrait avoir aidé Al-Qaïda en matière de logistique dans la région. Mieux encore, ce groupe avait reçu l'assistance de la Direction pour le renseignement inter-services pakistanaise (ISI) dans les années 1980-1990 en combattant contre les Soviétiques en Afghanistan ou contre l'armée indienne au sujet de la région disputée du Cachemire.
Si l’information est vérifiée, elle ne sera pas sans conséquence sur les relations autrement très tendues entre les services américains et pakistanais. Ces derniers reprochent surtout aux Américains de ne les avoir pas associés au raid qui avait permis la liquidation du chef d’Al Qaida.
Du reste, selon le New York Times, ces experts sont prudents, expliquant que ces contacts ne signifient pas pour autant que les services pakistanais avaient connaissance du lieu de résidence de Ben Laden ou le protégeaient du renseignement américain. L'examen de ce téléphone portable constitue néanmoins une "piste sérieuse" pour expliquer comment Ben Laden a réussi échapper à la vigilance des renseignements de l'armée pakistanaise dans une ville proche de la principale école militaire du pays et à 3 heures de la capitale pakistanaise.
Y. K./agences
Commentaires (0) | Réagir ?