Le faux mea-culpa de Sarkozy Par Hassane Zerrouky

Le faux mea-culpa de Sarkozy Par Hassane Zerrouky

Il y a chez le président français un certain sens de la séduction. Algériens et Pieds-noirs ne pouvaient qu’adhérer à ces propos bien dosés prononcés lundi à Alger : « Le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité », non sans préciser qu’à « l’intérieur de ce système profondément injuste il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont profondément aimé l'Algérie, avant de devoir la quitter ». En se plaçant sur le terrain de l’affect, sur le terrain consensuel, qui lui a si bien réussi en France, le chef de l’Etat français escompte ménager le nationalisme à fleur de peau des uns sans froisser les pieds noirs. De ce fait, personne ne perdra la face. Il s’agit d’un discours consensuel auquel beaucoup de gens ne peuvent qu’y adhérer dès lors que chacun peut y trouver son compte. A commencer par les pieds-noirs – je parle du petit peuple pas des colons – aussi bien que les Algériens. Dans l’esprit de Sarkozy, tous sont des enfants de cette ancienne colonie française, et tous aiment l’Algérie. En bref, selon le président français, tous – Algériens et pieds noirs - ont été victimes du système colonial. En effet, on ne peut nier que les petits pieds-noirs n’aient pas été instrumentalisés par les gros colons capitalistes pour perpétuer le système colonial. Reste toutefois que le code de l’Indigénat – cet apartheid avant l’heure privant les Algériens du minimum de droits- ne s’appliquant qu’à une catégorie de la population, ceux de confession « musulmane », a été occulté par le président français. .
Dès lors, affirmer que le moment est venu de confier à des historiens algériens et français la tâche d'écrire « ensemble » cette page d'histoire tourmentée « pour que les générations à venir puissent, de chaque côté de la Méditerranée, jeter le même regard » sur ce passé et bâtir sur cette base un « avenir d'entente et de coopération », quand par ailleurs on évite de dire qu’un chat est un chat, ne convainc personne. Cette dénonciation feutrée du passé colonial de la France par le chef d’Etat français, qui semble être une avancée par rapport à la loi de février 2005 sur « les bienfaits du colonialisme », est au fond une manière subtile de ne pas dénoncer le colonialisme comme système d’exploitation. Nicolas Sarkozy, passé maître en manière de manipulation, veut en réalité faire passer ce message : « le système colonial est injuste, passons à autre chose, les affaires ». Message qui semble avoir été reçu cinq sur cinq puisque nos gouvernants, à la recherche d’une caution de l’Occident, veulent également passer « à autre chose ».

H.Z

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Ahcene Berdous

Le clan de oujda a repris le pouvoir après l'avoir plus ou moins perdu après le décès de Boumediène. Il serait utopique de notre part de croire qu'il lachera sa proie aussi facilement.

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said athmani

Bouteflika a besoin de Sarkozy pour un 3ème mandat. Sarkozy est chercher de l'argent, seule vertu des pays capitalistes.

Et tout ça en piétinant la mémoire de Larbi Ben M'hidi et Maurice Audin.