Audrey Pulvar reçoit Benchicou sur France inter
L'animatrice du "Six Sept" sur France Inter, Audrey Pulvar reçoit ce jeudi 16 juin 2011, à 6 h 50, Mohamed Benchicou, pour parler de son dernier livre, "Le mensonde de Dieu" Editions Michalon en France et Editions Koukou-Inas en Algérie).
Dans cette grande fresque romanesque, Benchicou entraîne le lecteur sur les traces du peuple algérien de 1870 à nos jours, racontée par Youcef le mendiant du cimetière d'El-Kettar, et retrace les destins croisés d’une famille de combattants indigènes, insoumis et séducteurs qui ont traversé les siècles.
Extrait :
"Je suis le mendiant du cimetière et j’avais une histoire pour les hommes. Mais il n’était plus personne à qui la raconter.
Pour tout vous dire, je n’en suis guère surpris. Double-Goulot me répétait que narrer son histoire fabrique, à coup sûr, une armée d’ennemis, car les gens n’aiment pas qu’on leur rappelle leurs redditions.
– La preuve : ton histoire, je n’y croirai pas puisqu’elle doit ressembler à la mienne !
Tous les hommes solitaires et généreux que j’ai eu à connaître, Abdallah, Federico, Tahar, Chico le Gitan, les combattants volontaires que j’ai côtoyés dans les tranchées de Barcelone et de l’Ebro, puis dans la Nueve, en Normandie, tous m’avaient tenu le même langage :
– I l en sera toujours ainsi, camarade…
C’est ce que me disait Oleg, le soldat ukrainien qui n’avait ni femme, ni enfant, ni mère, ni même une patrie, seulement la chienne Kyti. Il m’avait donné cette statuette d’indigène dans le repaire de Hitler à Berchtesgaden, ultime trace d’une vie passée à côtoyer les princes et les héros. Je l’ai appelé « Heil Mouskeba », en souvenir d’une descendante d’esclaves de Río de Oro que ma grand-mère avait pour gouvernante à Melilla.
Ce cahier blanc, je vous le laisserai, braves gens ! Qui sait ? Peut-être le lirez-vous… à moins que vous ne le brûliez, allez savoir ! C’est mon toast d’adieu à cette existence que je quitte dans la bonne humeur, mon dernier pied-de-nez aux prophètes contrefacteurs, intronisés par le mensonge qu’ils ont fait dire à l’histoire et à Dieu ; mon ultime clin d’oeil à cette foule enfiévrée qui fait cohue ce soir et qui, en plus de ne pas savoir où elle va, a dû oublier d’où elle vient...".
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