Printemps arabes : "Rois du monde arabe, unissez-vous !"
Le Conseil de coopération du Golfe, union des six monarchies de la région, a proposé à la Jordanie et au Maroc de le rejoindre. Étonnant.
L'Arabie saoudite est de plus en plus tétanisée par la tournure prise par les "printemps arabes". Alors que le roi Abdallah avait commencé, à pas lents, à ouvrir le royaume, les réformes ne sont aujourd'hui plus à la mode, en particulier depuis la mise au pas de la jeunesse bahreïnie avec l'aide militaire du royaume. Riyad craint plus que tout que si un éventuel pouvoir chiite s'installe - ou devient partie prenante du jeu politique - à Bahreïn, ce soit l'Iran, son ennemi traditionnel, qui en tire bénéfice et mette un pied dans la péninsule arabique.
Les Saoudiens ne veulent donc rien lâcher. Ni en politique intérieure, où certains jeunes, encore très minoritaires, se mettent à rêver de monarchie constitutionnelle. Ni dans la région où leur hantise, entre autres, est la chute de Bachar el-Assad, président syrien. Ils n'apprécient guère son régime, mais ils préfèrent l'aider, craignant, s'il tombe, d'être entraînés par le bouleversement que pourrait connaître la région.
Un club très fermé
Menées par le royaume saoudien, les monarchies du Golfe veulent donc se serrer les coudes. Début mai, elles ont pris une initiative étonnante. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), regroupement des six monarchies de la région créé en 1981 - Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït, Oman -, proposait aux royaumes de Jordanie et du Maroc de le rejoindre. À la surprise générale, y compris apparemment des Marocains qui, dans un premier temps, par la voix de leur ministre des Affaires étrangères, répondaient que le pays était déjà engagé dans une coopération intermaghrébine. Nul n'avait, en effet, remarqué que le Maroc faisait partie de la péninsule arabique !
Très manifestement, cette initiative du CCG vise à créer et à renforcer le club des monarques du monde arabe. L'Arabie saoudite voudrait-elle ainsi dissuader ceux qui seraient tentés par une monarchie constitutionnelle, voire parlementaire (Maroc et Jordanie) ? Peut-être. Certains estiment que les États du Golfe peuvent avoir intérêt à conclure cette alliance avec le Maroc et la Jordanie, seules monarchies arabes possédant des armées dignes de ce nom, en cas de nécessité. D'autres pensent, au contraire, que l'Arabie saoudite veut se donner les moyens de les aider financièrement via le CCG s'ils connaissent des problèmes politiques sérieux. Quoi qu'il en soit, la Jordanie a déjà demandé cinq milliards de dollars à l'Arabie saoudite, alors que l'Irak s'était vu opposer un refus lorsqu'il avait souhaité rejoindre le club des États du Golfe. Il n'est pas une monarchie et a probablement la faiblesse, aux yeux des Saoudiens, de se laisser courtiser par l'Iran.
Commentaires (6) | Réagir ?
Je crois qu'avant d'aller trop vite en besogne, il faut proceder à un état des lieux serein de ces monarchies, sultanats ou émirats. Je crois que le regard critique constatera, qu'à volume égal des rentes pétrolières et gazières avec l'Algérie ou la Libye, ces monarchies "rétrogrades" font mieux que les régimes "révolutionnaires" cités en exemple sur le plan economique et social : les citoyens de ces pays bénéficient d'un niveau de vie nettement supérieur à celui des Algériens et des Libyens qui souffrent depuis toujours des "bienfaits" de la révolution et des déviances qu'elle a engendrées. Sur le plan politique, il est reproché à ces monarchies d'avoir gardé les modes féodaux de gouvernements hérités d'antan. Je crois qu'un passage rapide en revue des bilans politiques des révolutions et des républiques arabes nous édifiera très bien sur la réussite de ces coupures avec le passé : l'héritage est tellement lourd, catastrophique, sanglant et horrible qu'il pousse à se poser la question : est-ce qu'il s'agit bien d'un mode de gouvernement adaptable à la mentalité et à la culture arabe ?
Mieux encore, certains dirigeants "révolutionnaires", disons tous, ont fait ce constat et se sont lancés dans une politique inique de "monarchisation" de leurs republiques : Assad a franchi le pas et d'autres, sans le printemps arabe, allaient le suivre !
Finalement, et pour faire taire les pleureuses, ne pouvons-nous pas reprendre Diderot, Voltaire et Rousseau pour admettre qu'un despote éclairé vaut mieux qu'un "révolutionnaire" aussi rapace que crétin ?
Helas!!!
Notre Algérie avait la chance d'être un exemple dans le monde arabe et africain, si ce n'est l'égoïsme du raïs et son amour du pouvoir pour le pouvoir. Le changement illégal de notre constitution est un précédent grave d' une part et c'était la dernière fenêtre de démocratie qui se ferme sur l'espoir des peuples opprimés par des dictatures sans âme et conscience d'autre part. Bouteflika a l'entière responsabilité des massacres des peuples arabes et personnellement responsable de l'avenir incertain de notre patrie.
L'égoisme des Saddam, Ben-Ali, Moubarek et bientôt Kadhafi et Bachar Al-Assad et par la suite Bouteflika finiront dans des souricières et emporteront malheureusement avec eux l'intégrite de leur pays et la chute aux enfers de leur peuple.
Ces (hommes) qui nous gouvernent ne possèdent aucun sens de jugement pour gérer des nations, ni de l'amour pour leur patrie, ces (hommes) sont le fruit du hasard et de coïncidences
des valets sans le savoir des grandes figures qui confectionnent la géométrie de notre monde a la dimension de leurs intérêts, le reste demeurent des marionnettes pour garder le territoire vierge dans l'attente d'une éventuelle évasion.