Les dessous de l'affaire Mohamed Chérif Abbès

  Les dessous de l'affaire Mohamed Chérif Abbès
Avec un peu de recul il serait intéressant de comprendre quels étaient les buts recherchés par le Ministre des Anciens moudjahidines M. Abbès concernant les origines de Nicolas Sarkozy. Ou plus précisément de ceux qui lui ont demandé de ‘monter au filet’ ?
Ce problème est à notre avis une équation à trois variables : le sens des propos du Ministre, Bouteflika et le …3è mandat !
1/. Les propos du Ministre. N’en déplaise à la presse française et à ses hommes politiques, ses propos sont totalement factuels et n’ont rien de scandaleux. Dire que Sarkozy est de descendance juive (la presse française n’en a clairement fait état qu’après qu’il fut élu), qu’il est pro sioniste, qu’il a été la première personnalité politique française à avoir applaudi à l’invasion israélienne du Liban (rappelons nous sa fameuse déclaration à l’ambassadeur israélien en France : ‘combien vous faut-il pour nettoyer le Hezbollah : 2 semaines, 3 semaines ?..), que toute son équipe est constitué de personnalités pro israéliennes: Jean Daniel Levitte, Georges Benhamou, etc ;, tout cela sont des faits publics. Où est le problème ? Et j’ajoute c’est son droit ! Mais le dire n’a rien d’antisémite !
Dire qu’à chacune de ses visites aux USA, il s’adresse à l’AIPAC et lors de la dernière il a remit la Légion d’honneur à son Président sont des faits également connus. Pourquoi s’en émouvoir ? C’est son droit ! Le rappeler ne signifie que l’on soit antisémite !
Dans ce cas, pourquoi ne pas s’être ému lorsque durant la campagne électorale Jean Marie Le Pen très perfidement a signalé que Sarkozy ne pouvait aller dans le ‘93 ‘ parce que il était un juif hongrois’ ?
Le 12 octobre 2007, le Figaro.fr avait publié une information, maintenue pendant près de 2 semaines sur son site, sur le fait que Nicolas Sarkozy était un agent du Mossad et dont voici la copie :

La PJ enquête sur un courriel envoyé durant la présidentielle à cent hauts responsables de la police. Il affirmait que Sarkozy, comme Balkany, Lellouche, Devedjian et Aeschlimann, étaient liés au Mossad.
JEAN-MARC LECLERC.
Publié le 12 octobre 2007
Actualisé le 12 octobre 2007 : 07h19
UNE OFFICINE a-t-elle voulu déstabiliser Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle ?... Le futur président y était taxé, ni plus ni moins, d'avoir été recruté dans les années 1980 par le Mossad, le service secret israélien.

Pourtant aucun tollé en France que je sache n’a suivi cette annonce. Etait-elle moins grave que celle de Abbès ? Soyons sérieux et arrêtons de jouer aux vierges effarouchées !
Les propos de M. Abbès s’inscrivent à mon sens à l’intérieur du comportement de Sarkozy Président de la France mais pas du fait qu’il soit juif ! D’aucuns diront que ces comportements sont liés à des problèmes franco-français. Certes, mais jusqu’à une certaine limite seulement. Car à chaque fois qu’il parle des maghrébins et des africains sa pensée véhicule systématiquement l’offense, le mépris et l’arrogance. Qu’aurions nous entendu sans sa talentueuse plume Gaino qui atténue les contours de son verbe acerbe voire raciste en l’enrobant d’un lyrisme empoisonnant ? Le même type de discours adressé à Azzouz Beggag ? (encore que connaissant le tempérament de Sarkozy on puisse comprendre qu’il traite comme il le mérite un type qui se satisfasse d’assumer sa veulerie pourvu qu’il continue d’occuper un strapontin de troisième catégorie). Le comportement de Sarkozy est à l’évidence à une année-lumière de celui qui sied à un Chef d’Etat, de quel que origine soit-il. Traiter les gens de racaille, promettre de nettoyer au Karcher nos compatriotes africains (du tout coup, dans ces moments là, pourquoi différencier un malien d’un maghrébin) c’est un peu nous tous, y compris nos gouvernants, dans notre confort économique et intellectuel qu’il offense ! Quand à peine a-t-il inauguré son mandat il commence à donner de la voix - lors de son discours face aux ambassadeurs accrédités à Paris notamment – pour stigmatiser le choc des civilisations c’est un peu un Golda Meir au masculin qui parle … Quand enfin, dans son discours de Dakar il insulte l’intelligence des africains – dont nous sommes partie prenante – et qu’en dépit de toutes les protestations il remet ça à propos des enfants du Tchad, on pourrait penser qu’il est à deux doigts d’envoyer ses CRS, pardon ses légionnaires, jouer aux Rambos en Afrique ! Un tel comportement frise la voyoucratie diplomatique, il est donc juste que quelqu’un, quelque part lui parle avec son propre langage !

2/. Le rôle de Bouteflika. Envoyer un Ministre du gouvernement avec des propos aussi « violents » (mais on l’a vu « vrais ») est diplomatiquement parlant un risque énorme. S’il fallait rappeler Nicolas Sarkozy à la retenue que lui impose sa fonction, il fallait tout simplement utiliser les mêmes stratagèmes dont la France use lorsqu’elle veut déstabiliser nos concitoyens ou nos gouvernements. Ce n’est pas à un Ministre de tenir ces propos mais à des responsables d’associations ‘Mai 1945’, ‘Enfants de chouhadas’ par exemple, quitte à lui donner ensuite une très forte ampleur médiatique. Là, c’est gagné ! Personne n’osera dire quoique ce soit car les associations sont par définition libres ! Et Bouteflika n’aurait pas à ‘s’excuser’ implicitement par son coup de téléphone. En un mot, il aurait fallu appliquer les bonnes recettes françaises lors du débat sur le foulard, sur l’Islam ou sur la repentance. Exemple : l’affaire du foulard ‘islamique’. C’est un pauvre maire du fin fond de la France (et dont personne n’en a plus entendu parler) qui l’a ‘sorti’. Heureux hasard, il a trouvé devant lui suffisamment de micros, de caméras et de journaux pour amplifier un problème qui de l’avis des spécialistes concernait une grappe seulement de jeunes adolescentes. A qui faut-il faire croire que ce mouvement n’a pas été initié et téléguidé par le gouvernement français ? Pendant deux ans, tous les politiques français se sont donnés à cœur joie qui de dénoncer, qui d’offenser les valeurs d’une religion de plus d’un milliard de personnes au nom de la .. démocratie ! La même ‘démocratie’ française qui mettait à débattre en un face-à-face ubuesque un Djamel Bourras à la foi solide mais non érudite et un Finkelkraut qui distillait un propos haineux, mélange de mauvaise foi, d’ignorance et de verbiage.
Alors peut-on imaginer Bouteflika – qui a tout de même une grande expérience en diplomatie – commettre un pareil faux pas stratégique sans mesurer ses conséquences : être amené à demander lui-même ‘pardon’ (déguisé certes, mais le coup de téléphone c’est aussi ça!) sans compter la déstabilisation future de l’Algérie qu’un Sarkozy revanchard ne manquera pas de provoquer. A quoi ça sert d’avoir pendant 10 ans à essayer de normaliser les relations avec la France pour les détruire et amener les français – et par ricochet les autres pays européens et les USA – à ne plus lui faire confiance ? La réponse tient à mon avis à l’enjeu du … 3è mandat.

3/. Le 3è mandat ! De mon point de vue, dire que Bouteflika a obtenu l’accord des décideurs pour un 3è mandat est de la pure désinformation par et au service de …Bouteflika pour conditionner les algériens et les chancelleries!. A quoi le voit-on ? A ses propres initiatives et en décodant quelques petits signaux!
• Tout d’abord que ferait Bouteflika en ce 3è mandat qu’il n’ait déjà fait ? son programme économique basé uniquement sur la dépense et des grand travaux menés par des sociétés étrangères – sans transfert de technologie- met paradoxalement l’Algérie en position de faiblesse : elle accroît sa vulnérabilité quasiment ad vitam eternam aussi bien économique que géopolitique. Je ne m’étends pas là dessus, ce n’est pas l’objet de ce post.
• Ensuite il faut analyser la portée des commentaires de Medelci en France, sur la décision de l’Algérie (c'est-à-dire de Bouteflika) de ne plus parler de repentance ni de rien en somme et les mots exacts prononcés par Bouteflika à Sarkozy lors de son appel téléphonique! Medelci d’abord : ce qu’il a dit est très très grave ! Bouteflika est entré de lui-même sur le terrain de combat de la repentance, d’une part sans les armes appropriées et d’autre part sans conviction (faut-il rappeler que la paternité de la repentance revient à M. Béchir Boumaza, fondateur de l’association du 8 Mais 1945). En décidant brutalement d’abandonner graduellement ce combat (de repentance on est passé aux excuses, ensuite au travail des historiens et maintenant à clore le dossier) sans réellement se battre et sans rien obtenir de la France, Bouteflika « plombe » l’avenir de l’Algérie sur le devoir de mémoire et ouvre un boulevard à la France pour imposer ‘son’ point de vue ! C’est comme si les Amirouche, Larbi Tebessi, Zighoud Youcef, etc et tous les moudjahidines avaient décidé d’abandonner la lutte de libération devant la férocité de l’armée française qui ne voulait surtout pas reconnaître à notre peuple le droit à sa liberté et à son indépendance! Mais notre peuple s’est sacrifié et a gagné aussi bien militairement (ce qui explique que l’armée française fut contrainte de pratiquer la torture de masse car sur le terrain elle perdait) que diplomatiquement. Il faut vraiment comprendre l’impact réel de l’Histoire pour mesurer la gravité de cet abandon de Bouteflika. Abandon qui ne se comprend que sous un seul angle : Bouteflika ne s’est emparé de la revendication légitime du peuple algérien initiée par Bachir Boumaza et son association que pour servir son ‘propre dessein’ : faire le chantage à la France pour monnayer l’abandon de sa revendication contre son soutien à un 3è mandat ! Il ne l’a pas obtenu avec Chirac et maintenant il le négocie avec Sarkozy ! Etait-il en train de parvenir à ce soutien ? Ce qui expliquerait le propos de Medelci ? Et outre l’abandon de cette revendication, Bouteflika pourrait avoir promis tout à la Fance et aux USA: la loi des hydrocarbures avortée (mais qui peut être remise à l’ordre du jour s’il est élu), la vente du CPA à la France (économiquement injustifiée y compris en termes de management), et dans la foulée celle de la BDL (selon les propos de Temmar) . Ce qui signifie que dans 10ans pour être élu Président de l’Algérie, ce ne sera plus le ‘système’ algérien qui décidera mais Paris et Washington et accessoirement les pays du golfe (cf. le Liban !).

Revenons maintenant au décryptage des propos de Bouteflika à Sarkozy. En gros, il lui dit ‘qu’il n’y a que ‘moi’ et Medelci qui décident de la diplomatie algérienne’. Une lapalissade ! Mais, à quoi ça sert de rappeler une évidence pareille quand on est un chef d’Etat et qu’on s’adresse à un autre Chef d’Etat ? Une seule explication :’notre accord entériné par mes « hommes à moi » : Medelci and co, sont les seuls valables ! Le reste est du sabotage !
Bouteflika est-il gagnant dans cette affaire ? Non, bien sûr ! Il donne à la France et aux USA en particulier l’image au mieux un Président qui veut passer en force nonobstant sa Constitution et les « décideurs » qui l’ont amené au pouvoir, ce qui potentiellement est un risque de déstabilisation du pays, au pire d’un Président antisémite et maladroit. Dans les deux cas, pour lui la partie est perdue !! Et il n’existe pas de 3è scénario ! La sortie de Abbès doit être décodée à travers une perspective subliminale. Elle montre que l’épine dorsale du système algérien est CONTRE un 3è mandat de Bouteflika. Alors pour l’occident, quand on n’est pas capable d’anticiper une ‘sortie pseudo-antisémite’ (car le peuple algérien ne l’est pas du tout !) d’un Ministre du gouvernement représentant l’épine dorsale du système c’est que l’on ne maîtrise pas ce système et par conséquent les destinées du pays. Ce qui veut dire que l’on ne sera pas capable d’assurer sa stabilité dans le cas d’un 3è mandat. Ni Sarkozy, ni Bush, n’encourageront ce 3è mandat. Je suis persuadé qu’ils ont décrypté le signal envoyé par Abbès! CQFD ! Et l’Occident par ailleurs sait que Bouteflika n’a qu’un seule arme pour le moment : la capacité de lui remplir les poches, en dépit du bon sens économique, pour mieux gagner leur faveur. Ils en profitent, c’est tout ! Il existe moult détails qui confortent ce point de vue, dont le plus récent est celui de Renault. Comment expliquer que l’on reproche à Renault de ne pas investir en Algérie mais qu’on lui permet quand même de gagner un appel d’offre pour équiper les pompiers !

En conclusion, en décidant d’envoyer Medelci « exhiber un drapeau blanc pour se rendre » à la France et parallèlement en cherchant à mettre devant le fait accompli le « système » pour un 3è mandat via les propos de Belkhadem (et même, en « laissant » l’Algérie se faire condamner à l’ONU pour l’affaire des disparus), Bouteflika a montré qu’il était un excellent manœuvrier dans le jeu de dames (eddamma) mais qui ne pense qu’à ‘lui’ ! En face, la subtilité décisive des coups qui lui sont portés par ceux qui ne veulent pas qu’il change la Constitution et pervertisse l’avenir de la jeune démocratie algérienne, montre que eux aussi sont d’excellents joueurs …d’échecs. Toute la différence est là ! Jeu d’échecs contre jeu de dames. Le premier permet d’envisager 50 coups à l’avance (record de Kasparov) le second …4, au mieux 5 ! Quelle partie soutiendra Sarkozy ? Il faut décrypter avec attention ses propos lors de sa visite!
En attendant, le jeu de massacre continue …Les élections sont à plus de 15 mois !

Sofiane

Plus d'articles de : Algérie-France

Commentaires (14) | Réagir ?

avatar
ministre boutefliha

je n'es pas de souvenir si notre ministre à fait des commentaires ou s?est rappelé qu?il y a des jeunes qui quittent le territoire sur des bateaux de fortunes et meurt noyer, pour ses yeux sarko est mieux placé pour donner un avis

visualisation: 2 / 14