France-Algérie : le silence organisé sur les restes mortuaires de résistants algériens
Au moment où l'on parle de la prochaine ouverture des archives françaises qui touchent à la guerre d'Algérie, la question de la restitution à l'Algérie des dépouilles de ses résistants ne semble pas intéresser les autorités algériennes.
Dans un appel sous forme de pétition Ali Faridi Belkadi, chercheur et historien appelle les autorités algériennes à « entreprendre diligemment auprès de l’État français, les démarches nécessaires au rapatriement en Algérie des restes mortuaires de résistants algériens conservés dans les musées français.» Le chercheur avait écrit un article que nous avions reproduit le 8 mai dernier pour dénoncer la séquestration des restes de grandes figures de la résistance algériennes dans le musée de Paris, seulement il n’y eut aucune réaction de la part des autorités algériennes ni françaises. Ce fut le silence. Ce fut le black-out.
Une proposition de loi exigeant «la restitution de toutes les têtes maories détenues en France» a bien été adoptée le 4 mai 2010 par le Parlement français, à l’issue d’une bataille engagée depuis de longues années par le peuple maori de Nouvelle-Zélande. Le 9 mai dernier, c’était sous une énorme couverture médiatique que la première tête d’un guerrier maori momifiée qui était conservée au muséum de Rouen depuis 1875, a été restituée à des émissaires néozélandais du musée Te Papa Tongareva de Wellington. Il a d’ailleurs été indiqué que la restitution des autres dépouilles maories doit se poursuivre au cours des mois à venir.
A quand la retour des restes de résistants algériens en Algérie ?
Ali Faridi Belkadi précise dans son appel que parmi les restes qui ont été identifiés au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, figurent les crânes appartenant à : Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Chérif "Boubaghla", à Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaatchas, à Moussa El-Derkaoui, à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d’Aïssa Al-Hamadi, qui fut le lieutenant du Chérif Boubaghla, fait partie de cette découverte effectuée au début du mois de mars 2011 par le rédacteur de cette pétition, qui a pu constater la présence de restes mortuaires de plusieurs dizaines de partisans algériens dans le même musée.
Deux poids deux mesures
Pourquoi les momies maories ont été restituées à leur peuple et pas les restes algériens ? Qu’attendent les autorités algériennes promptes en d’autres circonstances à dénoncer les méfaits du colonialisme ? Dans son cri de cœur poignant, le chercheur pointe « les manquements détestables aux règles morales les plus rudimentaires, aucune culture ne saurait y souscrire, aucune croyance ne peut les admettre ». Et d’appeler : « …Par-delà les tactiques et les calculs politiciens (…), les signataires de la présente pétition demandent aux autorités françaises d’étendre aux restes mortuaires des dizaines de partisans algériens à la colonisation, actuellement conservés dans les musées français, le bénéfice de la loi adoptée par le parlement de la France, qui préconise «la restitution de toutes les têtes maories détenues en France».
Commentaires (1) | Réagir ?
Je pense que ces restes mortuaires de résistants, devraient rester en France, jusqu'au jour, ou le peuple algérien sera respecté à sa juste mesure. Connaissant le précédent concernant les dépouilles des martyres Si El Haoues et Amirouche, il est à mon avis impossible que ce pouvoir s'intéressent à ces restes de héros, et ils pourraient cette fois finir, dans les eaux limpides de l'oued El Harrach, dans l'improbable cas ou elles nous seraient ramenées sur un plateau par les autorités françaises !.