Les conditions d'un départ de Kadhafi au centre des débats
Alain Juppé continue à faire pression pour que l'opposition libyenne soit reconnue le plus largement possible.
Les conditions d'un départ du pouvoir de Muammar Kadhafi sont au centre du débat aujourd'hui sur la situation en Libye, a affirmé jeudi le chef de la diplomatie française Alain Juppé, qui continue à faire pression pour élargir la reconnaissance internationale de l'opposition. Les questions politiques concernant une éventuelle transition dans le pays seront de nouveau évoquées lors d'une réunion ministérielle du groupe de contact sur la Libye, le 13 avril à Doha, au Qatar, a-t-il précisé lors d'une audition devant des sénateurs.
"La question qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelles conditions Kadhafi va partir, et non pas comment il va pouvoir se maintenir au pouvoir. C'est, je pense, un premier point qui a été marqué", a affirmé le ministre des Affaires étrangères. "Outre la protection des populations civiles, sur Benghazi en particulier, nous avons d'ores et déjà déstabilisé Kadhafi", a-t-il estimé. "Kadhafi s'est discrédité. L'utilisation de la force (contre sa population) conduit à demander son départ", a souligné Alain Juppé, reconnaissant des divergences avec d'autres pays européens sur la façon de l'obtenir. "Un certain nombre de nos partenaires estiment que les sanctions suffisent. Il y a une divergence sur ce point", a-t-il dit.
Issue inévitable
"Dans les résolutions" de l'ONU dans le cadre desquelles s'inscrit l'intervention de la coalition internationale, "il n'est pas écrit noir sur blanc que nous voulons nous débarrasser de Kadhafi", a reconnu le chef de la diplomatie française. Mais cette option apparaît comme une issue inévitable de la crise en cours pour la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, les trois puissances à l'origine de l'intervention militaire en Libye, a-t-il dit. La France, qui avait pris l'initiative des résolutions de l'ONU permettant cette intervention et dont les avions ont les premiers bombardé près de Benghazi, cherche à élargir la concertation politique sur la Libye.
La France tente actuellement de "convaincre l'Union africaine (d'être) présente au Qatar la semaine prochaine puisque c'est là que le groupe de contact devrait se réunir le 13 avril", a dit Alain Juppé. Ce Groupe de contact est "chargé d'assurer la gouvernance politique de l'intervention militaire et de la mise en oeuvre des résolutions de l'ONU", a-t-il rappelé. L'Union africaine, qui s'estime insuffisamment consultée et qui prône un cessez-le-feu depuis le début de la crise, n'a pas participé à un sommet, le 19 mars à Paris, qui a marqué le début des frappes militaires contre les troupes et les centres de pouvoir du colonel Kadhafi. L'UA était également absente de la première réunion du groupe de contact, le 29 mars, à Londres.
Le CNT devant les Européens
Alain Juppé a également réaffirmé que la France voulait que des représentants du Conseil national de transition libyen (opposition) soient entendus par les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, qui se réuniront la semaine prochaine. "Je suis en train d'intervenir pour qu'ils soient entendus lundi par le conseil des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles", a-t-il indiqué. "Nous avons encore quelques résistances apparemment de quelques pays, mais il faut parler à ces responsables même s'ils n'ont pas le monopole, bien sûr, de la représentation du peuple libyen", a ajouté Alain Juppé.
Les Nations unies ont appelé mercredi soir à une cessation des hostilités autour de la ville libyenne de Misrata pour que de l'aide puisse parvenir aux blessés et que la population, que l'Otan a promis de protéger, puisse fuir les combats entre les rebelles et les forces du colonel Kadhafi.
AFP
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