Libye: l'ONU appelle à une trêve à Misrata, réunion du groupe de contact le 13 avril

Les Nations unies ont appelé mercredi soir à une cessation des hostilités autour de la ville libyenne de Misrata pour que de l'aide puisse parvenir aux blessés et que la population, que l'Otan a promis de protéger, puisse fuir les combats entre les rebelles et les forces du colonel Kadhafi.

La prochaine réunion du Groupe de contact sur la Libye se tiendra le mercredi 13 avril à Doha au Qatar, a déclaré jeudi à Paris le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat.

"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos, en lançant cet appel. "La possibilité de quitter la ville est désormais une question de vie ou de mort. Nous avons besoin d'une cessation temporaire des hostilités dans cette zone pour que les gens puissent se mettre à l'abri, ainsi que leur famille, s'ils le veulent", a-t-elle insisté.

Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines dans cette ville en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours.

Dans la journée, l'Otan, mise en cause par les insurgés, a promis de protéger les habitants de cette ville de 300.000 habitants située dans l'ouest libyen et bombardée par les forces de Mouammar Kadhafi, auquel les Etats-Unis ont demandé "des actes" et la "fin des violences".

L'Otan, qui a pris le relais le 31 mars de la coalition multinationale, "va tout faire pour protéger les civils de Misrata", troisième ville du pays à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée depuis plus d'un mois et demi par les pro-Kadhafi, a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero, réaffirmant que Misrata était désormais la "priorité numéro un" de l'Alliance.

Le chef militaire de la rébellion, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé l'alliance atlantique de "laisser mourir les habitants de Misrata".

A Naples, un responsable de l'Otan a toutefois souligné la difficulté de la tâche, les forces loyalistes se cachant parmi des civils.

"Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers des tactiques non-conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et utilisant des civils comme boucliers dans leur avance" vers des sites tenus par les rebelles, a déclaré à la presse le contre-amiral britannique Russ Harding, commandant adjoint de l'opération "Unified Protector".

Le ministère britannique de la Défense a annoncé que son aviation avait bombardé six véhicules blindés et six chars de l'armée libyenne dans les régions de Misrata et de Syrte (centre-nord).

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a lui indiqué que Misrata pourrait désormais être ravitaillée par la mer par les insurgés, promettant que la coalition ferait en sorte "qu'à aucun moment les moyens militaires kadhafistes ne puissent l'empêcher".

Dans l'Est, les forces gouvernementales "avancent en direction d'Ajdabiya, aux mains des rebelles. Ils deviennent une menace directe pour cette ville et au-delà, pour Benghazi", fief de l'opposition, a prévenu le contre-amiral Harding, alors que les combats se poursuivaient mercredi dans la région de Brega (est), à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya.

A Ajdabiya, des soldats rebelles ont installé un poste de contrôle pour empêcher les jeunes inexpérimentés de rejoindre le front à quelques dizaines de kilomètres. Mardi, les insurgés avaient dû reculer d'une trentaine de kilomètres vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste.

Sur un plan diplomatique, la Maison Blanche a lancé mercredi une nouvelle mise en garde au colonel Kadhafi, confirmant que ce dernier avait envoyé un message au président Barack Obama mais sans révéler la teneur de la missive.

"Nous pouvons confirmer qu'il y a eu une lettre, évidemment pas la première" du leader libyen, a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

Il a rappelé que le président Obama répétait depuis des semaines qu'un cessez-le-feu en Libye dépendrait "d'actes et non de mots (et) d'une fin des violences".

De son côté, le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.

Au même moment, un ancien parlementaire américain a annoncé qu'il se trouvait en Libye, à l'invitation de l'entourage de M. Kadhafi. "Notre objectif est de rencontrer le colonel Kadhafi aujourd'hui et de le persuader de quitter le pouvoir", écrit le républicain Curt Weldon dans le New York Times.

L'administration Obama a toutefois souligné qu'il s'agissait d'une initiative privée, contrairement à la mission du diplomate Chris Stevens qui vient de passer plusieurs jours à Benghazi pour entrer en contact avec la rébellion.

Un pétrolier a appareillé mercredi de la région de Tobrouk (est) avec la première cargaison de pétrole sous contrôle rebelle à quitter le pays depuis le début des frappes aériennes mi-mars, et l'arrêt total des exportations de brut.

Cette cargaison, d'une valeur de 120 millions de dollars au cours actuel du brut, devrait permettre de financer l'effort de guerre de l'insurrection.

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a de son côté accusé les forces britanniques d'avoir bombardé mercredi des installations pétrolières du champ d'Al-Sarir (sud-est), le plus important du pays.

Les prix du baril de pétrole ont d'ailleurs dépassé 109 dollars pour la première fois depuis septembre 2008 mercredi à New York, toujours soutenus par les combats en Libye.

AFP

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