«Nous refusons catégoriquement de nous inscrire dans la démarche de ceux qui claironnent qu’il faut laisser le temps au temps. Nous demandons aujourd’hui et demanderons demain à la France de présenter ses excuses pour toutes les atrocités commises en Algérie durant l’occupation et rien ne nous fera changer d’avis. C’est un préalable non négociable avant toute idée de réconciliation.»

Celui qui tient ses propos est un membre du gouvernement : Abderrachid Boukerzaza, ministre de la Communication, et ardent apparatchik du FLN. Celui qu’il accuse de faire partie « de ceux qui claironnent qu’il faut laisser le temps au temps » est lui aussi membre du même gouvernement : Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères et qui, effectivement, avait tenu ces propos sur la repentance de la France.
Boukerzaza, qui parlait à Constantine, est le troisième membre du gouvernement, après Belkhadem et Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidines, à désavouer publiquement le chef de la diplomatie algérienne sur cette question.
Le gouvernement algérien se déchire sur la question des excuses officielles de la France ! Comme si l’on voulait torpiller la prochaine visite de Nicolas Sarkozy en Algérie.
Car les termes choisis par Abderrachid Boukerzaza sont volontairement choquants et rappellent à dessein le défunt président Boumediene : «On tourne la page mais on ne la déchire pas.»
Des mots aussi choquants que ceux employés par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas qui, dans son interview au quotidien El Khabar publiée hier, rabaisse la visite d’Etat en Algérie de Sarkozy à un simple « échange protocolaire, de laquelle il faudrait donc rien attendre de significatif » et, plus grave, fait allusion aux origines juives du président français et sa proximité avec le lobby juif.
Pour l’heure, le report de la visite d’Enrico Macias indique bien que l’entreprise de sabotage du voyage de Sarkozy n’est pas une plaisanterie.

Lekbie N.