Libye: l'avancée des rebelles vers Syrte stoppée

Lundi matin, les milices du régime patrouillaient dans Syrte, ville côtière d'environ 120.000 habitants située sur la route de Tripoli (360 km à l'est), toujours sous le contrôle des loyalistes.

L'avancée des rebelles a été stoppée lundi par les forces de Mouammar Kadhafi à quelques dizaines de kilomètres à l'est de sa ville natale Syrte, bombardée dans la nuit par la coalition dont les opérations seront désormais commandées par l'Otan.

Au plan politique, le Qatar, premier pays arabe à participer à l'intervention internationale en Libye, a reconnu le Conseil national de transition (CNT), organe de direction de la rébellion, devenant ainsi le deuxième Etat après la France à lui apporter sa reconnaissance.

Les dirigeants français Nicolas Sarkozy et britannique David Cameron ont eux aussi manifesté leur soutien politique à la rébellion à la veille de la réunion à Londres, du "groupe de contact" sur la Libye.

"Kadhafi doit partir immédiatement," ont-ils estimé, appelant dans une déclaration conjointe le CNT à "instaurer un dialogue politique national" afin d'"organiser la transition" en Libye.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a offert sa médiation entre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et la rébellion afin d'éviter que le pays ne se transforme en un "nouvel Irak ou Afghanistan". Ankara prévoit de se charger de la gestion de l'aéroport de Benghazi, aux mains des insurgés, pour faciliter le transport de l'aide humanitaire.

Le président américain Barack Obama devait défendre dans la soirée dans un discours télévisé sa décision de faire participer les Etats-Unis aux opérations militaires en Libye, face à des compatriotes réservés quant au bien-fondé d'une nouvelle intervention.

Lundi matin, les milices du régime patrouillaient dans Syrte, ville côtière d'environ 120.000 habitants, toujours sous le contrôle des loyalistes, située à 360 km à l'est de Tripoli.

Le calme règne, les rues sont désertes et les boutiques fermées, a constaté un journaliste de l'AFP. Il n'y avait aucun signe de la présence de rebelles qui avançaient rapidement vers l'Ouest depuis trois jours, aidés par les frappes aériennes internationales.

Syrte, de nouveau survolée lundi par des avions de la coalition, a été secouée par une série d'explosions dimanche soir et lundi matin, a constaté un journaliste de l'AFP. Des dizaines de familles avaient fui la ville dimanche.

Les rebelles, qui ont renversé la tendance pendant le week-end, faisant une fulgurante avancée vers l'ouest, s'étaient emparés dimanche de Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte, après avoir repris la ville clé d'Ajdabiya puis le site pétrolier de Ras Lanouf.

Mais lundi, ils n'ont progressé que de quelques dizaines de kilomètres, bloqués toute la matinée à la sortie de Ben Jawad par les forces gouvernementales, avant de reprendre la route et d'être pris pour cible dans un village à une soixantaine de km à l'est de Syrte, a constaté un journaliste de l'AFP.

La coalition internationale a bombardé à l'aube la ville de Sebha, à 750 km au sud de Tripoli, fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie le colonel Kadhafi, "faisant plusieurs victimes", a indiqué l'agence officielle libyenne Jana sans fournir de bilan.

Selon un témoin joint par l'AFP, la ville a été violemment bombardée à partir de 04H00 (02H00 GMT) et plusieurs habitants ont dû abandonner leurs maisons pour se réfugier ailleurs.

Plusieurs sites militaires sont situés à Sebha, base arrière du régime, où se trouvent les tribus armées les plus fidèles, jusqu'ici, au colonel Kadhafi.

Un porte-parole de l'armée britannique a confirmé qu'un avion britannique avait visé "des abris à munitions destinés à fournir les troupes gouvernementales menant des offensives contre les civils dans le nord du pays, dont Misrata".

Le régime libyen a annoncé avoir mis fin lundi à son offensive contre Misrata (ouest), la troisième ville de Libye (210 km à l'est de Tripoli). La "sécurité" y a été rétablie, a annoncé le ministère libyen des Affaires étrangères sans préciser clairement si la ville avait été reconquise par les forces loyalistes.

La veille, la capitale avait été la cible de raids aériens, et l'armée française a confirmé lundi avoir ciblé un "centre de commandement" de l'armée libyenne "à 10 kilomètres au sud des faubourgs de Tripoli".

Les frappes vont continuer sous l'égide de la coalition internationale pendant encore 48 heures avant que l'Otan ne prenne la direction effective des opérations, a indiqué l'Alliance atlantique, dont les avions ont effectué leur première mission en Libye dimanche.

L'Otan, déjà chargé de faire appliquer l'embargo sur les armes et la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, a décidé de prendre le commandement de toutes les opérations militaires en Libye dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une quarantaine de pays sont attendus mardi à Londres pour la première réunion du "groupe de contact" sur la Libye, chargé du "pilotage politique" des frappes et de la préparation de l'après Kadhafi.

La réunion, qui dure un jour, doit rassembler les ministres des Affaires étrangères des pays participant directement aux opérations militaires ainsi que "des amis de la coalition et peut-être le Conseil national de transition des opposants libyens.

Les prix du pétrole se repliaient nettement à New York, après la reprise des ports pétroliers de Brega et Ras Lanouf par les forces rebelles, qui ont annoncé dimanche leur intention de reprendre les exportations d'ici une semaine.

AFP

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