La Libye menace de s'attaquer au trafic aérien et maritime en Méditerranée

La Libye menace de s'attaquer au trafic aérien et maritime en Méditerranée

La Libye a mis en garde jeudi contre toute opération militaire étrangère contre son territoire, menaçant de s'attaquer au trafic aérien et maritime civil et militaire en Méditerranée, à quelques heures d'un vote à l'ONU destiné à freiner la répression de l'insurrection.

"Toute opération militaire étrangère contre la Libye va exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger", a indiqué un porte-parole du ministère libyen de la Défense cité par l'agence officielle Jana.

"Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté. "Et le bassin méditerranéen sera exposé à un grave danger non seulement à court terme mais aussi à long terme".

Cette annonce intervient quelques heures avant un vote prévu au Conseil de sécurité de l'ONU sur un projet de résolution imposant une zone d'exclusion aérienne pour clouer au sol l'aviation utilisée fréquemment par les forces fidèles à M. Kadhafi.

Le dirigeant libyen va s'adresser jeudi aux habitants de Benghazi, ville de l'est de la Libye aux mains de la rébellion, a annoncé la télévision officielle libyenne.

Peu avant, l'armée avait annoncé l'arrêt à partir de dimanche de ses opérations militaires, selon Jana.

"Le comité général provisoire (ministère) pour la Défense a décidé d'arrêter les opérations militaires contre les bandes terroristes armées à partir de dimanche 00H00 (22H00 GMT) (...) pour donner une chance (aux insurgés) de remettre leurs armes et qu'ils profitent d'une décision d'amnistie générale", selon l'agence.

Sur le terrain, les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont poursuivi ces derniers jours leur reconquête de l'Est libyen.

Elles ont tenté jeudi de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi, le bastion de l'opposition située à un millier de km à l'est de Tripoli, a indiqué le rébellion. Les insurgés affirment avoir abattu deux avions.

Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer ces informations de source indépendante, alors que les forces fidèles au régime ont réussi à reprendre plusieurs villes ces derniers jours à coups de raids aériens et terrestres.

Les forces fidèles au colonel Kadhafi se trouvent à 160 km de Benghazi et continuent "d'avancer", selon William Burns, le directeur politique du département d'Etat.

La télévision libyenne a par ailleurs affirmé que les forces gouvernementales s'étaient emparées de Misrata, mais un porte-parole de l'opposition dans cette ville à quelque 200 km à l'est de Tripoli a démenti.

De violents combats avec les rebelles y avaient fait au moins 22 morts mercredi, selon la rébellion.

Le dirigeant libyen, fort des succès de ses forces nettement mieux armées que les rebelles, avait annoncé mercredi une bataille décisive" pour prendre Misrata, troisième ville du pays.

Les opérations contre Misrata et Benghazi, symbole de la révolte déclenchée le 15 février contre Kadhafi, avaient été annoncées ces deux derniers jours par le régime libyen qui s'est dit déterminé à mater l'insurrection.

Par ailleurs, la ville de Zuwaytinah (150 km au sud de Benghazi) est "contrôlée par les forces armées qui sont aux portes de Benghazi", où siège le Conseil national de transition, l'instance dirigeante mise en place par les insurgés, a indiqué la télévision d'Etat.

Mercredi, les troupes du régime avaient affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi. Au moins 26 personnes y ont été tuées, a dit un médecin en parlant de "combats terrifiants".

Dans l'Ouest, les rebelles se préparaient jeudi à une offensive des forces gouvernementales à Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli), selon un témoin.

"Selon les combattants, les forces loyales à Kadhafi sont en train de tenter d'encercler Zenten. Il y a des mouvements de troupe au nord et au sud-ouest. Il s'attendent à une grosse attaque sur la ville", selon lui.

En revanche, la capitale Tripoli s'efforce de reprendre une vie normale après la répression meurtrière de manifestations fin février. Les enfants ont repris le chemin de l'école et boutiques, cafés et banques sont ouverts.

Alors que la révolte s'est transformée en guerre civile au prix de centaines de morts, les quinze Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU devraient enfin voter jeudi sur un projet de résolution musclé qui prévoit des mesures militaires pour protéger les civils, à l'exception d'une occupation du territoire libyen.

Un vote sur un projet de résolution du Conseil de sécurité prévoyant "toutes les mesures nécessaires" contre les forces du colonel Kadhafi, à l'exception d'une occupation du territoire libyen, aura lieu à 18H00 (22H00 GMT), selon un diplomate.

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, est attendu sur place pour obtenir le vote d'une résolution qui permettra de recourir à la force contre les troupes de Mouammar Kadhafi, a annoncé son ministère.

Les Etats-Unis veulent obtenir "rapidement" une "résolution de poids" du Conseil de sécurité pour changer la situation en Libye, a dit un haut responsable du département d'Etat.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a appelé l'ONU à s'entendre pour empêcher Mouammar Kadhafi de gagner sa guerre contre les rebelles libyens, bien que l'Alliance atlantique elle-même soit divisée sur l'opportunité d'une intervention.

Sur le front humanitaire, les organisations humanitaires et les autorités égyptiennes se préparaient à un exode massif de Libyens vers l'Egypte, seule échappatoire possible face à l'avancée des troupes de Mouammar Kadhafi dans l'est de son pays, encore tenu en partie par les rebelles.

Près de 300.000 personnes ont fui le pays depuis le 15 février.

La Croix-Rouge internationale a retiré son personnel de Benghazi, disant être "extrêmement inquiète de ce qui arrivera aux civils".

AFP

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