Libye: le Conseil de sécurité doit enfin se décider jeudi
Les quinze Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU devraient enfin voter jeudi sur un projet de résolution qui prévoit une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, dans l'espoir d'enrayer la contre-offensive des fidèles du colonel Kadhafi.
Les discussions ont repris jeudi matin au niveau des experts et doivent passer au niveau des ambassadeurs à partir de 11H00 locales (15H00 GMT), selon un diplomate.
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, est attendu sur place dans l'après-midi pour obtenir le vote d'une résolution qui permettra de recourir à la force contre les troupes de Mouammar Kadhafi, a annoncé son ministère.
"Compte tenu de l'urgence dans laquelle se trouve la population libyenne, notamment à Benghazi, Alain Juppé a décidé de se rendre à New York afin d'obtenir, le plus rapidement possible, le vote de cette résolution" proposée par la France, la Grande-Bretagne et le Liban, selon un communiqué du Quai d'Orsay.
Le vote est attendu alors que les troupes du dirigeant libyen progressent rapidement vers Benghazi, fief de la rébellion situé à près de 1. 000 km à l'est de Tripoli.
Le Conseil de sécurité compte 15 membres dont cinq permanents (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine) ayant un droit de veto. Il faut une majorité de neuf voix pour l'adoption d'une résolution.
Jusqu'à présent, la Chine et la Russie étaient opposées ou réticentes à l'égard d'un recours à la force contre les troupes de Mouammar Kadhafi. L'Allemagne, l'Inde, l'Afrique du Sud, membres non permanents, ont aussi exprimé des réserves.
Mercredi soir, à l'issue de discussions marathon, des diplomates ont indiqué que le projet de résolution prévoirait une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, pour interdir à l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.
"Il y a un projet de résolution qui a été mis au point et qui a tenu compte d'un certain nombre d'observations. Mais cela ne veut pas dire qu'il est gravé dans le marbre", a souligné un diplomate onusien.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a estimé que le Conseil de sécurité devrait peut-être envisager des mesures allant au-delà d'une simple zone d'exclusion aérienne. "Nous devons envisager des étapes qui comprennent une zone d'exclusion aérienne mais qui aillent peut-être au-delà", a-t-elle dit à la presse.
Depuis Le Caire, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé mercredi "urgent" d'agir face à un dictateur "qui semble déterminé à revenir en arrière et à tuer autant (de Libyens) que possible". Mais Mme Clinton a une nouvelle fois exclu une intervention "unilatérale" des Etats-Unis et souligné que le monde arabe devait prendre la tête de toute intervention en Libye.
La Grande-Bretagne n'en a pas moins salué un "changement significatif" de la position américaine et souligné qu'il était "impératif que quelque chose soit fait" dès jeudi à l'ONU.
L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a expliqué que la Russie avait présenté une contre-proposition, un texte beaucoup plus court prévoyant un cessez-le-feu de toutes les parties au conflit. "Nous sommes venus avec l'idée d'adopter une résolution courte mais musclée sur un cessez-le-feu", a-t-il dit. Ce texte pourrait techniquement être lui aussi mis au vote jeudi.
Le président français Nicolas Sarkozy a appelé mercredi "solennellement" les membres du Conseil de sécurité à "soutenir" l'appel de la Ligue arabe en faveur d'une zone d'exclusion aérienne, dans une lettre adressée à leurs dirigeants.
AFP
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