Pays arabes, les chiens de garde
Constat. L’image des peuples arabes et maghrébins est en train de changer. Jusque-là, c’était « la rue arabe », expression sous laquelle sont évoqués les peuples de ces régions, laquelle suggérait l’inexistence d’opinions publiques nationales dans cette partie du monde. « Rue arabe » relevait de cette vision ( culturaliste) de foules socio-politiquement indifférenciée, de foules dociles, passives, mais réfractaires aux valeurs de liberté et de démocratie, parfois fanatisées, animées d’une haine viscérale anti-occidentale quand elles manifestaient leur opposition à la guerre en Irak ou leur solidarité avec les Palestiniens. Une vision que se plaisaient à mettre en scène les médias occidentaux. Jusque-là, cette « rue arabe » mue, selon l’Occident, par le seul facteur religieux, était présentée comme porteuse de menaces pour l’ordre occidental capitaliste et justifiait par conséquent sa stratégie envers les pays arabes.
Les démocrates, la gauche, les laïcs algériens, marocains, tunisiens, égyptiens et autres, qui tentaient de donner une autre image des réalités de leurs pays, de pays où se déroulent des luttes sociales, politiques, pour les libertés et les droits de l’homme, n’avaient droit de cité que pour justifier la thèse de leur isolement, d’élites « occidentalisées » minoritaires, coupées de leurs peuples et, partant, valider le poids et la prépondérance du religieux dans les sociétés maghrébines et arabes, et ce, quand ces mêmes élites n’étaient pas accusées de faire le lit de l’islamisme parce qu’elles revendiquaient l’ouverture du champ politico-médiatique, le respect des droits de l’Homme, la liberté et la démocratie.
Entre donc ces démocrates et ces laïcs arabes et maghrébins, par définition « minoritaires », et une menace islamiste démesurément gonflée, mieux valait, affirmait-on dans les capitales occidentales, soutenir les régimes en place quitte à faire une entorse aux valeurs de liberté et de démocratie dont elles se réclament. Selon elles, les autocrates et les potentats arabes sont ce qui convient le mieux pour tenir en laisse ces « masses arabes » sensibles, parait-il, au discours de Ben Laden et de la Qaïda ! Les Ben Ali et compagnie étaient ainsi confortés dans leur gouvernance autoritaire et anti-démocratique. En « bons chiens de garde » (l’expression est de Paul Nizan), ces dirigeants arabes en qui Washington et ses alliés plaçaient leur confiance, se présentaient dès lors comme des remparts contre l’islamisme. Que la succession dynastique – Gamal Moubarak en Egypte, Seif el islam en Libye, le fils du président Saleh au Yémen,– soit l’unique alternative aux potentats en place ne dérangeait nullement Washington et ses alliés. Gamal Moubarak, Seif el islam Kadhafi n’ont-ils pas été adoubés avant d’être reçus avec tous les honneurs dans les capitales occidentales ?
Pris de court par les révolutions tunisienne et égyptienne, et par les révoltes qui secouent l’ordre établi dans les pays arabes, l’Occident, ses médias et ses spécialistes qui défilaient sur les plateaux télés, écoutant avec un air condescendant une personnalité démocrate arabe – quelques uns étaient tout de même invités – découvrent l’existence d’opinions publiques nationales arabes et maghrébines qu’elles mettent au compte de la « mondialisation libérale » et d’internet, et ce, bien qu’elles aient de tout temps existées.
Mieux, ils découvrent avec effarement que ces « révoltes » ont ignoré Ben Laden et la Qaïda. Que les peuples de cette région du monde aspirent à la démocratie, au pluralisme et aux libertés et que pas un seul slogan islamiste, genre « l’islam est la solution », n’a été scandé ! Et voilà, que Washington et ses alliés changent de fusil d’épaule et, après avoir lâché tour à tour Ben Ali, Moubarak (leur plus fidèle allié), ils exigent le départ de Kadhafi présenté un temps comme un homme ayant « changé », et font pression sur les autres dirigeants arabes et maghrébins pour qu’ils fassent des gestes envers leurs peuples ! En vérité, ils redoutent ces révolutions arabes. Ils redoutent la démocratisation des sociétés arabes. Le temps où les autocrates bradaient les richesses de leurs pays sans que leurs peuples ne disent quoi que ce soit, ce temps-là est terminé. Plus qu’un drame pour l'Occident, si ces révolutions aboutissaient à l’instauration de sociétés arabes démocratiques, le soutien occidental à Israël présentée comme la seule démocratie de la région, ne se justifiera plus. Une chose est sûre : sans préjuger de ce qui va arriver sur le moyen terme, la donne a changé.
H.Z
Commentaires (11) | Réagir ?
alllez expliquer a monsieur azzeddine ayadi et isakander debbache que 1+1 est egal a 4... !
la plus grande colonisation de peuplement est celle des francais.. 1, 5 millions de peids noirs etablis chez nous depuis 130 annees et pourtant..... les algeriens ne se disent pas FRANCAIS... mais avec une poignée d'arabes (et encore!!!!les "foutouhates "se sont faites avec les guerriers des pays soumis a savoir les irakiens, syriens, palestiniens, egyptiens, lybiens et tunisiens et meme les chawis de kahina qui sont venus mediatiser par la force du SEIF la religion de mohamed) et beaucoup se desabillent de leur identité amazigh pour se dire au fil des siecles "arabes"!!! dites moi messieurs :qyii est ce qui se fond dans l'autre, le morceau de sucre ou l'eau de la riviere dans laquelle il est plingé??? (theorie du linguiste salem chaker).. ??.. mais basta de ce probleme qui tend a s'enraciner chez nous!!!eh bien messieurs vous etes arabes... !!vous avez renié votre berberité, on accepte... mais ne venez plus vous redempter si jamais l'equipe nationale de foot rejoue avec les egyptiens!!ok?? car eux vous denient toute arabité!!!vous n'etes ni berbere, .. pour nous, ni arabes pour les vrais arabes!!!!vous etes quoi alors?????????nous les kabyles avions refusé et refusons toujours toute depersonnalisation et assimilation... on a fait cela avec les romains, les byzantins, les vandales, les arabes, les turcs, les espagnols et les francais!!!!!!et nous sommes toujours des IMAZIGHEN!!!
Il faut d'abord commencer a arrêter cette anerie d'appeler "pays arabe" un pays ou les habitants sont majoritairement berbères (Maroc, Algérie) et arrêter de nier l'existence de Berbères en Libye et en Tunisie. On pourra ensuite discuter....
Il ne me semble pas avoir vu une quelconque statistique concernant les ethnies qui vivent en Afrique du Nord pour prétendre dire que les berbères sont majoritaires au Maroc en Algérie... Qu'il y est des berbères de souches je suis totalement d'accord avec vous, mais ils se ne représentent pas la majorité en tout cas pas en Algérie. Que les algériens sont des descendants de berbères ok! mais ils ont des descendant arabes aussi il ne faut pas le nier sinon nous allons vers la partition mon frère. Ensuite qui peut prétendre être de pur souche arabe ou berbère vous avez des indicateurs génétiques? Je ne le pense pas. La majorité des algériens sont berbero-arabe c'est la raison pour laquelle la majorité parle l'arabo-franco-je ne sais comment qualifier le dialecte algérien mais ne parle pas "kabyle". Voilà il ne faut pas à mon humble avis, qui vaut ce qu'il vaut, se targuer d'être d'une origine pure... parce que cela mène vers le dégénérescence génétique et la disparition... Alors vaut mieux être "mélangé génétiquement que pur, car les plus grands spécialistes le disent bien, plus les gènes sont brassés plus l'être humain est fort et beau...
vraiment chapeau mr azedine ayadi. c'est ce qu'on appelle inverser les roles 3inani. tu dis: ''Que les algériens sont des descendants de berbères ok! mais ils ont des descendant arabes aussi il ne faut pas le nier sinon nous allons vers la partition''. grace à toi je revien sur terre. c'est les berberes qui ont décrété par la force que l'algérie est amazigh. la langue arabe a été reconue nationale aprés le massacre de 126 jeunes manifestants. les arabes continuent de se battre pour la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle. la culture arabe est toujours niée par le pouvoir algérien. le grand militant démocrate bouteflika qui se bat pour la démocratie a été traité de sale arabe. et en plus tu vois trés loin, si ce pouvoir dictatorial amazigh continue de nier la composante arabe de l'algérie, nous allons droit vers la partition. et en plus les amazighs font de la propagande pour dire que les arabes (qui ne font que défendre leur culture) sont manipulés par les sionistes pour diviser l'algerie amazigh.
Tout à fait d'accord avec toi Azzeddine Ayadi sur tout ce que tu as dit. Mais la question de Amazigh reste valable : pourquoi nous appeler ARABES ? Est-ce que les français s'appellent Gaulois ? Ou les allemands Francs ? ou les russes Slaves ? Pourquoi ce qualificatif RACISTE ? Il sert à quoi ? Il sert qui ? C'est une insulte à notre intelligence (à tous) que de désigner les pays nord-africains d'ARABES ? Utilisez des termes neutres ayant trait à la location géographique : ALGERIENS, NORD-AFRICAINS, etc. Quant à la langue et à la culture, on peut en avoir plusieurs en même temps : ça aide à réveiller l'humain qui sommeille en nous, sauvages que nous sommes.