France : Bye bye l'Eldorado algérien ?
A l’approche de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie début décembre, le patronat français grince des dents : pas assez de contrats , nous dit le site Bakchic info.
Pendant longtemps, les patrons français ont cru que l’Algérie était leur chasse gardée. Une pure vue de l’esprit. Sur le papier, l’Hexagone demeure peut-être le premier partenaire commercial d’Alger mais, dans les faits, les groupes français sont distancés par tous les autres. Et leur aigreur est à la hauteur du montant des contrats qui leur passent sous le nez. En trois ans, l’Algérie, riche de 100 milliards de dollars de réserves de change, a distribué pour plusieurs dizaines de milliards de contrats dans tous les secteurs : 13 milliards pour l’autoroute est-ouest remporté par des Chinois et des Japonais, 10 milliards pour les chemins de fer qui profitent essentiellement aux groupes turcs et chinois, 20 milliards dans l’immobilier de luxe et le tourisme qui sont allés au Golfe Persique…
Quant aux hydrocarbures, c’est la Bérézina puisque tout a été signé avec les Américains et les Chinois excepté la construction d’un complexe de vapocraquage d’éthane à Arzew, attribué à Total pour 3 milliards de dollars. Alors que Nicolas Sarkozy est attendu en Algérie du 3 au 5 décembre, le Medef grince des dents à voix haute. Il d’abord menacé de boycotter la visite présidentielle en refusant d’envoyer une délégation.
Objectif : faire pression sur Nicolas Sarkozy pour qu’il se montre plus exigeant avec son homologue algérien au sujet des contrats accordés aux groupes français. Suite à la récente visite du ministre algérien des privatisations à Paris, le Medef semble revenir à de meilleurs sentiments et enverra finalement une équipe à Alger et ce, dès le 19 novembre. La rancœur est néanmoins tenace. « On ne comprend pas ce que les Algériens veulent de la France. Quand on discute avec eux, ils nous reprochent notre frilosité à investir en Algérie. Mais, dès qu’un groupe français engage des discussions sur un dossier, tout se bloque et revient aux Espagnols, Chinois et Américains » geint un industriel tricolore. Un autre entrepreneur accuse carrément les Algériens de « vouloir faire la nique aux Français et d’avoir un comportement schizophrène ».
Du côté d’Alger, on répète que les chefs d’entreprise français sont frileux et que contrairement à d’autres étrangers, ils se sont volatilisés pendant la décennie du terrorisme. Ambiance !
vendredi 23 novembre 2007 par Amédée Sonpipet
Voir en ligne : in Bakchich n°55
Commentaires (3) | Réagir ?
donnant donnant voudrait dire, pour chaque contrat passé avec une boite francaise assurant des emplois en France, l´Algérie devrait attendre en contrepartie un investissement francais qui craierait autant d´emplois et/ou transfert de technologie. C´est sur ce pan que les négociateurs algériens devraient insister. A propos du contrat de Sonelgaz avec Alstom, je trouve louche que Siemens ne soit pas en lice. La raison est peut etre à trouver dans la fait que Siemens est en ce moment sous la loupe des organismes anti-corruption et pas Alstom avec ses caisses noires...
Le cout des centrales éléctriques dont il est question est le double de ce qui est en général pratiqué. Affaire à suivre!
Je souscris pleinement au constat fait par Mr Cheriet. Un gouvernement responsable devrait inclure dans ses appels d'offres publics internationaux un volet ressources humaines coercitif qui ne laisserait aucune place aux improvisations. Le gouvernement algérien ne comprend pas que le transfert technologique ne se donne pas. Il s'arrache! Alors autant l'imposer tant que nous sommes en position de choisir nos partenaires. Les clauses spécifiques des cahiers des charges, en regard de l'aspect ressources humaines, doivent se lire ou s'interpréter comme suit: ''Le fournisseur (futur adjudicataire) devra clairement démontrer sa capacité à intégrer, à tous les niveaux d'exécution du projet, au moins 10% des effectifs choisis parmi les nationaux et/ou les binationaux. Par ailleurs, la société X (disons Sonatrach) souscrit au principe de l'égalité de traitement et exige que lesdits nationaux et/ou binationaux intégrés dans le projet susmentionné (Projet Y) devront être rémunérés selon la grille des salaires et des avantages sociaux en vigueur chez ledit fournisseur. La rémunération incluant les avantages sociaux sera versée en devises ou en équivalent dinars algériens''. Point final.
Les économistes et les juristes trouveront bien sûr la formulation la plus appropriée pour refléter l'esprit non négociable de ladite clause. Les fournisseurs n'auront alors d'autre choix que d'y souscrire pour se donner le plus de chances de remporter le contrat ou de se retirer de la course.
Mais voyez-vous, on revient toujours à la même maudite quadrature du cercle. Nous avons en place des négociants en commerce de gros qui sont plus familiers des bazars que des arcanes du monde intraitable des affaires. Mais soyons sérieux une seconde. On ne peut demander la lune aux fournisseurs étrangers. Ces derniers ne peuvent à la fois verser 10% en pots de vin et faire du social ou du transfert technologique. On en est là malheureusement!