L'étrange ingénuité de nos opposants Par Mohamed Benchicou
L’homme lève les bras en signe d’impuissance : «Combien c’est difficile aujourd’hui de vous convaincre d’aller voter !» Puis implore son auditoire : « Mais je vous en prie, votez ! Il y va de l’avenir de nos enfants». Cet homme qui supplie les Algériens de participer à un scrutin truqué, n’est pas un représentant du pouvoir, ni un politicien de l’alliance présidentielle. C’est un opposant pur jus ! Un opposant perdu entre les méandres du calcul partisan et le labyrinthe des tricheries du régime. Il s’appelle Karim Tabbou et fait office de premier secrétaire national du FFS, c'est-à-dire son principal chef en l’absence d’Ait-Ahmed.
J’ai été frappé par la perplexité de M. Tabbou, qui est certainement un politicien brillant, puis par son désespoir : « Je vous en prie, votez … » Cette perplexité, qui confine à l’accablement, c’est celle de l’opposant qui se découvre dépassé par sa propre société, en retard d’une révolution par rapport à son propre peuple ! Comment prétendre alors en être l’avant-garde ? L’Algérien s’est forgé son opinion : il a divorcé avec ce système et ne votera pas le 29 novembre pour les mêmes raisons qui l’ont poussé à ne pas voter en mai dernier, c'est-à-dire que par l’abstention il signifie au régime son hostilité et, surtout, sa maturité : je ne participe pas à votre mascarade ! Comment M. Tabbou (comme du reste, Said Sadi ou d’autres leaders démocrates engagés dans la course aux strapontins) peut-il l’ignorer au point de se lancer dans une embarrassante harangue de camelot politique qui chercherait à vendre des parapluies à des bédouins dans le désert ?
Il est d’ailleurs fort intéressant d’analyser le discours de l’opposant réduit au rôle d’arracheur de dents : il est décousu, populiste, même un peu trivial et, surtout, totalement contradictoire. M. Tabbou, obligé d’en rajouter pour attester de son statut d’opposant, fournit lui-même à l’auditoire les raisons de ne pas voter. Il dénonce, pêle-mêle, «le climat politique délétère» et « les menaces de fraude », puis termine en apothéose : «Nous sommes conscients que la fraude a déjà commencé mais nous vous appelons à voter massivement et à protéger votre choix» ! Ensuite l’opposant Tabou confronté à son propre retard et obligé de racoler par la platitude, puise dans le vivier populiste les arguments pour séduire. Il révèle, en termes railleurs, le contenu de son entretien avec le chef du gouvernement, ce qui est parfaitement irresponsable et contre-productif, puis finit dans une bravade loufoque à l’endroit de Zerhouni dont il promet de devenir « le cauchemar ».
L’assistance a dû rire de ces tartarinades, mais n’ira pas voter le 29 novembre.
L’assistance attendait autre chose de l’opposition que cette indétermination affligeante qui, outre de la disqualifier un peu plus, va ajouter à la consternation populaire. Elle attendait, et attend toujours de ses opposants qu’ils accompagnent un mouvement social plutôt que de succomber aux perverses ambitions électorales, qu’ils se projettent dans l’avenir (plus proche qu’ils ne croient)…Qu’ils tiennent un discours structuré, conséquent, explorateur du futur immédiat plutôt que de faire l’éloge du strapontin…
Qu’ils expliquent, par exemple, comment protéger la Constitution des appétits despotiques…
Mais cela est, déjà, une autre histoire…
Mohamed Benchicou
(Lire sur le même sujet : Louisa Hanoune recourt à des généralités et déçoit les Annabis)
Commentaires (12) | Réagir ?
De quelle opposition parlons nous?
Celle de Khalida Toumi, celle de Hocine Ait Ahmed depuis Geneve? celle de Louiza Hanoune? de Said Sadi? si c est celle ci l opposition alors nous avons trahi le serment de novembre 1954 ainsi que celui d'Octobre 1988 mais aussi la plateforme d'El Kseur.
Les partis algeriens ont perdu leur credibilité, ils sont à la recherche de financements publics, de subventions, La preuve est ce que la situation a changé depuis Juin 2007 date des dernieres legislatives? pas vraiment et pourtant nos pelerins en culotte courte ont repris leurs batons pour nous vendre quoi: Pas grand chose à part nous gaver du spectre de l abstention, de toute façon soyez en sur ce pouvoir n a que faire de vos voix ce pb a été regle depuis des lustres, ce qui importe à ces incapables oui je le dis car quand on a eu le pouvoir durant 10 ans et qu il y ait une telle deliquescence de la societe il y a vraiment pas de quoi faire le fier.... La non participation pose probleme pour cette caste de rentiers pour une et simple raison: L'image offerte à l'etranger, notre President accorde plus de credit et d interet aux etats etrangers qu à son propre peuple alors ouin raki Ya Djazair; Voila un President qui n a pas montre son visage depuis des lustres et qui une fois revenu se voit propulsé President et qu en a t il fait à part dresser les Algeriens les uns contre les autres? les gens de l ouest contre les Gens de l'Est, cette politique de l extrait de naissance est une insulte faite à nos ancetres, Quant au FLN que reste il de ce parti rien il n a rien à voir avec le FLN historique, il a ete phagocyté par un clan par une bande d apprentis sorciers.... Quand les algeriens sont dans la panade que propose Le FLN un troisieme mandat pour Bouteflika, les dernieres pluies ont montre la gestion catastrophique des Mairies et des APC des territoires, la photo parue sur un journal Algerien montrant des ecoliers algeriens dans le sud du Pays assis à meme le sol pour etudier vaut tous les discours, le Sahara poumon de l'Algerie et la jeunesse de cette belle region d Algerie dans une pauvreté nauseabonde....
Bessaff Aaallina 10 ans Barakat aallinna, l heure des promesses promesses est definitivement revolu est venu le moment du jugement, alors comme d habitude des valets et leche bottes il y en aura, mais 10 ans c est suffisant, qu il rentre chez lui l'Algerie n est pas un butin, ce sont des habitants qui ont en ras le bol.
Ce serait l'idéal ! et nous avons perdu une occasion en or pour le faire : les élections de 2002 que toute la kabylie a boycotté à 99 %.
Pourquoi le reste du pays n'a pas suivi ce mot d'ordre, alors que maintenant on semble découvrir les vertus du boycott comme remede pour abolir ce systeme? Est-ce parce que le mouvement est lancé de la kabylie ? est-ce parce que le reste du pays "n'est pas encore pret" à changer de systeme ? Est-ce que les revendications de la plateforme d'ELKSEUR ne concernent pas les algeriens en général ?
Les clients de ce systeme sont encore trés nombreux pour esperer le faire changer par le boycott. Surtout maintenant que les caisses sont pleines à craquer....
Je viens de lire dans les colonnes du soir d'algerie que le gouvernement prépare une loi sur les reglements budgetaires !! à la bonne heure ! il a fallu que les députés du RCD (aussi peu nombreux soient-ils) boycottent le vote de la loi de finances 2008, pour que le gouvernement se souvienne que cette loi est necessaire.
Ce que je veux dire par là, c'est que le changement peut aussi venir des élections, pour peu que les algériens élisent ceux qui veulent vraiment faire changer les meurs politiques et pas les CLIENTS de ce pouvoir (abstraction faite de la fraude, car si on veut faire changer les choses, on saura garder les urnes).
fraternelles salutations