Le "je vous ai compris" de Moubarak
Droit dans ses bottes de dictateur prétendument inamovible, Hosni Moubarak vient de donner une dernière preuve de sa cécité politique et de son incapacité à saisir une dernière chance de se retirer dans l'honneur, cet honneur auquel lui et son armée tiennent tant. Pendant seize longues minutes, il assène aux Egyptiens stupéfaits, un discours teinté de paternalisme dans lequel il exhorte les jeunes à qui il s'adresse tout particulièrement, à se rassembler autour de lui et de la patrie. Lui, le ci-devant« père de la nation », pousse le cynisme jusqu'à féliciter les jeunes Egyptiens qu'il prétend considérer comme des héros. Dans la manipulation démagogique, il n'oublie aucune ficelle: flagornerie, sentimentalisme, duplicité, exacerbation du sentiment national.
Qu'il est pathétique, s'il n'était pas révoltant, le discours d'un dictateur qui se prend pour un sauveur!
C'est dit. Il ne partira pas. Il consent tout juste dans sa grande mansuétude, à déléguer quelques miettes de pouvoir à Omar Souleimane et promet de vagues changements dans la constitution. On garde les mêmes et on recommence.
Un discours qui résonne comme une gifle, humiliante et douloureuse. La gifle du père de famille investi d'une autorité incontestable. C'est tout ce qu'il a trouvé pour répondre à ces centaines de milliers de gens qui tiennent le pavé de la place Tahrir depuis près de trois semaines et qui ne demandent qu'une chose: leurs droits. C'est tout ce qu'il a trouvé . La colère des Egyptiens, leur soif de liberté, leur engagement pour un changement radical de la société, il n'en a cure. Il est d'une autre époque, d'une époque où les jeunes se taisent devant leurs aînés, surtout lorsqu'ils sont auréolés de gloire militaire. Quelle morgue dans le rappel de ses hauts faits d'armes, lui, qui loin de gaspiller sa jeunesse en manifestations, s'est engagé tôt dans l'armée pour défendre la patrie. Cette armée qui a forgé son caractère et fait de lui l' homme inflexible qui a vite fait de mettre au pas une jeunesse débraillée, nourrie d'internet. Une jeunesse qui rêve d'un autre monde...
Mais l'histoire est en marche, qu'il le veuille ou non. Quels que soient ses calculs en émettant ce discours qui risque de faire l'effet d'une bombe, il faudra bien qu'il plie bagage. Il ne pourra pas impunément s'accrocher au pouvoir plus longtemps, sauf à réprimer le peuple égyptien dans le sang.
Décidément, les tyrans ne retiennent pas les leçons de l'histoire. L'histoire qui nous enseigne qu'on ne peut rien contre la colère d'un peuple qui a décidé de se libérer de ses chaines. Moubarak s'enfonce dans l'autoritarisme et le déni. Comment un homme peut-il à ce point être aveuglé par la haute idée qu'il se fait de lui-même, par la certitude de sa propre importance? Seul contre des millions d'Egyptiens qui ne cessent de lui enjoindre: « irhal »! (va-t-en) il se croit dans son bon droit. C'est d'une voix assurée, dans une attitude martiale et pleine de suffisance qu'il donne le coup de grâce aux aspirations légitimes de son peuple. Provocation? Exercice de style?
Devant lui, sur la place désormais mythique, des chaussures se dressent. Le peuple n'a pas dit son dernier mot.
Keltoum staali
Commentaires (4) | Réagir ?
moubarak ose parler de complot de puissances etrangere or 80 millions d'egiptiens lui disent simplement degage... lui qui a servi depuis la nuit des temps les interets etranger au detriment du peuple egiptiens.. sa fortune est de 70 milliard de dollars, il depasse de loin bill gates.. il a vendu une grande partie d'egypte pour placer son argent en occident.. il s'aggrippe au pouvoir pour obeir à ses maitres de tel aviv.. le peuple egiptient s'est reveillé je pense que le changment à atteint un point de non retour...
moubarak tu peut rejoindre le kelb de ben ali et tu pourra te faire payer une tombe en or massif avec tes 70 milliards, tu pourra acheter tout ce que tu veus sauf la dignité et l'estime du peuple.
simple elegant et droit au point (l'article).
Je releve cette petite phrase: "Décidément, les tyrans ne retiennent pas les leçons de l'histoire. "
Les dictateurs, helas dans notre hemisphere, sont les faiseurs d'histoire.
Les Egyptiens ont fait la notre depuis 1962, et je doute fort bien que les Algeriens soient capable de faire la leur. Combien d'Algeriens, comprennent-ils qu'ils faut confisquer SONATRACH, detruire toutes les mosquees, et interdire l'ecole - et se mettre a rebatir...