A 28 ans, Yacine Sahir compte déjà cinq inventions et plusieurs médailles, qu’il a décrochées lors de sa participation à différents concours internationaux. Yacine Sahir fait partie de ces Algériens dont on ne parle pas. Ceux qui, en dépit du contexte dissuasif, des faibles moyens et de l'indifférence des autorités, animent la recherche scientifique dans notre pays. Comme Yacine, Hocine, Abdelghani, Abderahmane... L’INAPI les a primés hier à Alger, et on a envie de dire :"Enfin !"

Yacine a été distingué pour sa «prise de courant anti-électrocution ». Reliée par câble électrique à un cerveau de commande, cette prise protège contre les électrocutions et les pertes d’énergie provoquées par l’effet Joule.

Hocine Amokrane, lui, a présenté deux inventions : le dispositif de collecte, mémorisation et télécommunication multimédia et interactive des paramètres de navigation et réseau global de télégestion des trafics, valable sur tous les moyens de transport (aérien, maritime et terrestre). Dès qu’il y a anomalie, ce système numérisé la signale et à une centrale qui se charge de transférer l’alerte aux services concernés (sécurité, protection civile, Samu…). Chirurgien de formation, Hocine Amokrane a également créé un dispositif d’introduction contrôlée des drains et trocarts en chirurgie, qui permet d’introduire de façon parfaitement contrôlée et étanche les trocarts de célio-chirurgie et autres instruments invasifs en chirurgie abdominale et thoracique.

Quant à Chekkar Abdelghani, il est l'auteur d'un dispositif qui détecte et stoppe la fuite de gaz sur les réseaux de distribution de gaz et ses annexes (domestique ou industriel). «Chaque fois que je lisais dans la presse la mort de citoyens par asphyxie, j’étais blessé. J’ai alors pensé à inventer un moyen d’arrêter ces morts. Ce travail m’a pris cinq ans», a-t-il expliqué, avec beaucoup d’émotion.

Et puis, il y a le gilet antipyrétique de Tidafi Abderahmane. Hypoallergénique, il est doté d’un système d’irrigation permettant l’écoulement d’un liquide refroidissant, afin d’irriguer l’ensemble du corps d’un enfant ou d’un bébé pour atténuer la fièvre. Muni d’un système sonore qui avise l’évaluation de la température corporelle, il est totalement automatisé.

Pour clôturer, Bounatiro Loth, cinquième lauréat, a expliqué son nouveau système de montre (ou horloge) universelle astronomique. Cette invention «mondialisée» renseigne sur tout ce dont on a besoin en matière de temps en tout lieu du globe terrestre et tout au long de l’année. Ainsi, elle situe son transporteur dans un repère terrestre ou céleste, donne le temps solaire vrai (local) et les heures des prières musulmanes pour chaque lieu géographique, la position de la lune et du soleil dans le zodiaque, la durée du crépuscule, de l’aurore lunisolaire hégirienne et grégorienne.

La recherche sur la bonne voie ? M. Toussar Hakim, directeur de l’INAPI a indiqué à l’occasion que son organisme, qui a vu le jour en 1998, compte installer les mécanismes nécessaires pour stimuler la création. dans ce sens, a-t-il promis, l’INAPI envisage de mettre en place un fonds spécial pour aider et assister les créateurs algériens. Le président de l’Union des associations des inventeurs, Mohammed Kheroubi, a soutenu pour sa part que c’est la première fois qu’un tel évènement est organisé. «Nous souhaitons plus que cela ! On ne veut pas d’une reconnaissance pour que nos inventions restent archivées. Nous voulons les réaliser et les mettre à la disposition des Algériens, et même les exporter. Nous souhaitons réaliser une plate-forme industrielle algérienne», a-t-il ajouté, énumérant les lourdeurs bureaucratiques qui découragent ces scientifiques. Il a insisté sur le crédit bancaire qui leur est souvent refusé. Ainsi, de nombreux inventeurs ne peuvent mettre au jour leurs créations.
Amen !

B.G. (avec le Soir d'Algérie)