Sonatrach, le bijou de la «famille» (EXTRAITS DE "NOTRE AMI BOUTEFLIKA")
Le nerf de la guerre du mandat à vie, comme celui de toutes les guerres, reste l’argent. Et l’argent c’est Sonatrach, la tirelire du pays, principale source de revenus en devises, la plus grande entreprise algérienne, 120 000 salariés, 12e compagnie au monde avec un chiffre d’affaires de 80,8 milliards de dollars en 2008, un monopole public qui gère les hydrocarbures et le gaz dans le pays.
Sonatrach est, pour les Algériens, le bijou de famille.
Elle deviendra le bijou de la «famille».
Comment la famille Bouteflika a-t-elle pu s’emparer de Sonatrach ?
Dès son arrivée au pouvoir en 1999, Abdelaziz Bouteflika s'empressa de désigner une de ses plus proches relations, Chekib Khelil, à la tête du ministère de l'Energie avec pour principale mission de contrôler Sonatrach et de la soustraire aux regards extérieurs.
Chakib Khelil, né à Oujda au Maroc le 8 août 1939, fait partie des déserteurs recherchés par l’ALN, c’est-à-dire de cette catégorie d’étudiants au Maroc qui ont préféré, entre 1956 et 1960, désobéir à l’appel de la wilaya V de Boussouf (dont l’état-major était basé au Maroc) et rejoindre l’Europe et l’Amérique plutôt que le maquis. Rejoindre la résistance était, rappelons-le, une obligation incontournable pour les étudiants algériens, sous peine d’être poursuivis pour désertion.
Abdelaziz Bouteflika le connaît bien, puisqu’il fréquentait le même lycée d’Oujda, le lycée Abdelmoumène. A l’époque où Chakib Khelil fuyait son devoir de patriote, lui était recruté à Oujda à dix-neuf ans, lors de la grève de 1956, par l’ALN alors qu’il était en classe de terminale.
Chakib Khelil répondra, en revanche, et avec zèle, à l’appel du pouvoir prodigue, quarante années plus tard en 1999, pour activer avec une âme intacte de coopérants. Bouteflika l’imposera au gouvernement malgré l’opposition des services de renseignements de l’Armée qui en avaient rejeté la candidature pour désertion avérée !
Sonatrach sera gérée dans l’opacité, comme une caisse noire.
Chargé de la mission de contrôler Sonatrach et de la soustraire aux regards extérieurs, le tout nouveau ministre va immédiatement entourer de barbelés la poule aux œufs d'or : il ne laissera personne s'en approcher.
Dans un premier temps, il la coiffera lui-même, cumulant grossièrement sa haute fonction au sein du gouvernement avec celle de directeur général de Sonatrach. C'était, lui semblait-il, le meilleur moyen d'assurer la confidentialité à des besognes non avouables. Après quatre ans le procédé devenait cependant assez gênant et le ministre finira par consentir à nommer un successeur à la tête de Sonatrach. Un prête-nom qui n'aurait aucun pouvoir, qui laisserait faire le clan, mais dont la désignation formelle sauverait les apparences aux yeux de l'opinion. Où trouver ce dirigeant fictif ? Chekib Khelil va avoir une idée diabolique : placer aux commandes de l'entreprise un homme atteint d'un cancer avancé et qui passe ses journées dans les séances de chimiothérapie sur un lit d'hôpital. Un homme entièrement absorbé par son combat contre la mort, et donc totalement absent. Le 7 mai 2003, sur proposition de son ministre de l'Energie, le président Bouteflika nomme donc Djamel-Eddine Khène, grand malade, directeur général de Sonatrach. Le Matin sera le premier journal à révéler le scandale et à dénoncer le procédé inhumain qui consiste à exploiter l'handicap d'un homme pour des desseins politiciens et à l'empêcher de se soigner convenablement. Le journal recevra, en retour, une avalanche de démentis accompagnée de fortes giboulées de prêches moraux. De son côté, Chekib Khelil menacera le journal de poursuites judiciaires pour diffamation.
Le Matin avait, hélas ! raison : Djamel-Eddine Khène mourra le 7 juillet 2003, deux mois à peine après sa désignation. Le clan Bouteflika venait sans doute de hâter la mort d'un cancéreux.
Et Sonatrach sera livrée à la prédation. Le Matin en avait révélé quelques-unes, sans doute parmi les moins scandaleuses, à commencer par le détournement des fonds de sponsoring de la société, un pactole estimé à 730 millions de dollars destiné à financer des associations de toutes sortes, mais dont la gestion obscure, dénoncée par les syndicats, n'en a laissé aucune trace. Le magot était confié au fameux Hemche, natif de Hennaya, près de Tlemcen, une bourgade qui élit aux meilleurs destins puisque c'est le village natal du père de Bouteflika. Hemche était l'homme de confiance du clan présidentiel et sut judicieusement répartir l'enveloppe entre les associations qui s'engageaient à soutenir la candidature de Bouteflika pour un second mandat.
Autre magouille révélée par le journal : l'achat de deux immeubles inachevés par Sonatrach à un promoteur privé à un prix surévalué. La transaction s'est faite de gré à gré, sans respecter la réglementation des marchés publiques. Pour la finition des deux immeubles, puis pour leur équipement, Chekib Khelil s'était adressé aux «copains», à une société mixte algéro-américaine, Brown and Root Condor, BRC, une joint-venture entre Sonatrach (51%) et la compagnie du vice-président américain Dick Cheney, Halliburton. BRC était dirigée par un autre natif de Hennaya , Moumène Ould Kaddour. Le marché avait toutes les allures d'une combine : mêmes méthodes opaques, mêmes procédés mafieux. BRC sous-traitera le marché avec une entreprise turque qu'on dit liée à l'épouse de Hemche, elle-même turque. L'argent du pétrole était, ainsi, dépensé entre amis. Ces révélations valurent au journal un procès intenté par le ministre de l'Energie et qui se solda par la condamnation du directeur, ainsi que celle de deux autres journalistes, à trois mois de prison ferme. La juge aux ordres avait sanctionné la vérité : deux ans après, en effet, l'Inspection générale des finances, saisie par le Chef du gouvernement, ouvrait une enquête sur les relations suspectes entre Chekib Khelil et Brown and Root Condor et découvrait que Sonatrach avait confié, illégalement, vingt-sept projets à la société mixte pour un montant global de soixante-treize milliards de dinars. Un scandale vertigineux dont s'empara la justice, qui fit la une des journaux et qui donna raison au Matin : Brown Roots Condor fut mise en liquidation en janvier 2007 et Moumene Ould Kaddour incarcéré à la prison de Blida un mois plus tard !
Mais les magouilles mafieuses vont bien au-delà.
Qui vend le pétrole ? Et où va l’argent ? Qui profite des contrats ?
II suffit d’observer le fonctionnement de Sonatrach pour relever l’absence totale de contrôle à priori et posteriori sur les importations en équipements et services pour le seul secteur de l’énergie estimés à près de 10 milliards de dollars /an ces quatre dernières années. L’opacité et le secret qui entourent ces contrats ainsi que les permis de recherche et d’exploitation sont mieux gardés que ceux des contrats d’armement qui sont révélés aux Algériens , au moins et fort heureusement d’ailleurs , par les media étrangers . Tous ces contrats et bien d’autres échappent à l’avis du Gouvernement et au contrôle de la Banque Centrale qui n’en est pas informée en temps réel ce qui la dépouille de l’une de ses principales prérogatives, la bonne gestion des engagements financiers à l'égard de l’étranger .
Elle fait preuve d‘une impuissante mais non moins complice passivité.
Du pétrole est vendu sur le marché spot placé par des tiers et dont la traçabilité est des plus aléatoire de même que la signature ‘’en secret‘’ (pour les Algériens entendre) d’un contrat de livraison de gaz à long terme en 2008 à des conditions diplomatiques cette fois - ci en rapport avec le troisième mandat . Des investissements de 1, 2 milliards d’euros ont été engagés à l’étranger sans information adéquate des organes sociaux de Sonatrach et encore moins du Conseil national de l’énergie en veilleuse depuis 10 ans. Sonatrach s’est aussi distinguée ces dernières années par la signature de plusieurs centaines de contrats de gré à gré dépassant les 100millions de dollars l’un dans plusieurs cas. Le gré à gré, forme de transaction réservée par nature aux situations d’urgence est devenu courant dans le secteur de l’énergie alors que le Baossem présenté comme outil de la transparence a été réduit aux fournitures de bureau.
Sonatrach s’implique dans des domaines qui n’ont aucun rapport avec ses missions comme l’acquisition d’unités de dessalement d’eau, des montages financiers et d’association singulièrement novateurs dans la production d’électricité, l’assainissement des eaux ou encore la construction et la gestion d’un palais des Congrès et d’un hôtel de luxe pour 560 millions d’euros (sans les avenants) pour un Congrès de 3 jours sur le gaz. Avec une chute de la production à 55 milliards de m3 /an notre pays n’a pas un seul mètre cube de gaz supplémentaire à placer avant au moins 5 ans si nous considérons la hausse de 10 % an de la demande nationale ,les besoins gigantesques des projets d’unités d’ammoniac d’Orascom et d’aluminium, la stagnation de la demande mondiale . A tout cela il faudra ajouter l e retard enregistré dans l’achèvement des unités de Skikda confiée en 2007 et de gré à gré à Kellog Brown and Root (KBR ) dans des conditions que les milieux gaziers internationaux ont qualifié d’hallucinantes.
"NOTRE AMI BOUTEFLIKA" (ED RIVENEUVE- JUIN 2010)
Commentaires (14) | Réagir ?
salut comme c'est drole il ya un autre qui a fuit son devoir appellé a assister l'equipe des negociateurs a evian comme exprert puis qu'il l'un des rares ingenieurs a l'epoque il a decliné l'invitation et puis il se retrouve ministre de l'energie mr belkacem nabi un ancien que tout le monde connait
vous me direz une coincedence.. !!!
Voir ce qui se passe à SH HRM, la sh DP ramene des agents GTP, pour exécuter des travaux de mainteance aux untés SH, mais les responsables MN du département centre de la DIR/MN préte une bonne prtie de ces travailleurs, sectrétement, aux s/traitants privés pour exécter leurs projets conre un bakchich. Le salaire de ces agents est à la de la SH, car le nouveau directeur qui était le responsable de ce département a toujours fermé l'oeil, et approuvé les facture.