Qu'y a-t-il donc de changé entre Alger et l'ancienne puissance coloniale, en ce 48è anniversaire de l'indépendance ?
Rien. Paris toujours arrogante. Alger toujours profil bas.
Ce fut la semaine où l'on parla de détente dans les relations franco-algériennes, quelques jours après la visite secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et de Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président français Nicolas Sarkozy, à Alger, ce fut cette semaine où nos dirigeants reprenaient à rouler des épaules, que le premier ministre français François Fillon a réitéré l'appui de Paris à la proposition d'autonomie marocaine, « qui nous semble être la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons ».C'était lors d'une conférence de presse avec son homologue marocain Abbas El Fassi qui profitait de l'occasion pour accuser, devant Fillon, l'Algérie d'être « dans une position de statu quo ». « L'arme de l'Algérie c'est l'achat des armes », pour le Front Polisario, a-t-il déclaré publiquement. C'était un mois après la gifle niçoise, quand
M. Sarkozy, tout en se réjouissant de la présence à Nice, pour le 25e sommet Afrique-France, de Abdelaziz Bouteflika, l'humiliait en l'ignorant et en lançant aux journalistes : "Est-ce qu'il suffit que le président Bouteflika participe au sommet Afrique-France pour que, d'un coup, tout s'éclaire dans la relation entre la France et l'Algérie ?"
Cette année du 48è anniversaire de l'indépendance, Paris ressortit l'affaire du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, aujourd'hui témoin assisté dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant Ali Mecili en 1987 à Paris, ou celle concernant l'assassinat des sept moines de Tibéhirine en 1996. Cette année du 48è anniversaire de l'indépendance, la France inscrivit l'Algérie sur une liste de "pays à risques" concernant les transports aériens. Il fut aussi promulgué des dispositions prévues par la Loi Morin concernant la prise en charge des dégâts des essais nucléaires français en Algérie et qui ne réparaient rien...
Non, rien n'avait changé entre Alger et l'ancienne puissance coloniale, en ce 48è anniversaire de l'indépendance...
Oh, il y eut bien ces députés algériens ont déposé une proposition de loi "criminalisant" le colonialisme.
Mais ce fut pour rire.
On raconte que Paris a eu des «garanties» sur le «non-aboutissement de la dite loi.
Cela doit être vrai puisqu'à la veille du 48è anniversaire de l'indépendance, un rassemblement que devait organiser la Fondation du 8 Mai 45 devant l’Assemblée populaire nationale (APN) et qui visait à interpeller les députés de la première chambre sur la nécessité d’adopter une loi incriminant le colonialisme français en Algérie, a été annulé.
Non, rien n'avait changé et c'est à peine si l'on se réjouit que Bouteflika ne soit pas parmi les chefs d’Etat de 14 anciennes colonies africaines de la France conviés par Sarkozy le 13 juillet à Paris pour un sommet de la famille françafricaine pour célébrer les « 50 ans d’indépendances » de ces anciennes colonies. C'est à peine si l'on se réjouit que notre armée ne soit pas du défilé des armées africaines le 14 juillet sur les Champs-Elysées...

S.K.