El moumathil el ouahid lil arab
Douze siècles après que ses ancêtre Zénètes aient fondé plusieurs États berbères au Maghreb et en Afrique, notre défenseur Antar Yahia, né d’un père chaoui de Sedrata, c’est-à-dire de la tribu berbère d’Isedraten ou Ait Sedrat, est devenu « représentant des Arabes à la Coupe du monde 2010 », dans la propagande officielle algérienne. « El-Djazair, moumathil el ouahid lil arab », hurle, en exultant, le commentateur de l’ENTV, relayé par Hafidh Derradji, sur Al-Djazira, heureux qu’en football au moins, l’Algérie officielle, celle de Bouteflika, l’ait emporté dans une dérisoire compétition de la mégalomanie arabe, jubilant de ce succès historique du régime d’Alger sur des royaumes archaïques et sur des dictatures honteuses.
Personne n’ayant demandé son avis à Antar Yahia, comme d’ailleurs à Yabda, Karim Ziani, Matmour ou Ghezal, le voilà donc enrôlé de force sous une bannière arabe, lui qui aurait plutôt aimé jouer sous l’emblème du monde, d’un monde auquel il ressemble, le monde qui vient, pas celui, ancien et grabataire, des tyrans. Je ne sais ce qu’il faut représenter chez les Arabes, les peuples opprimés qui rêvent en silence d’une démocratie, des droits et libertés ou ces fausses républiques où l’on ne quitte le pouvoir que pour le cimetière. Ces régimes qui ont peur d’un livre. D’une idée. Antar Yahia jouera-t-il au nom de sociétés arabes ou des Khadafi, El-Assad ou Ben Ali, ces tyrans pittoresques et cyniques, d’origine fruste, un peu rustaud, un peu godiche, qui tiennent en otage un pays, maquillé en fausse république, et qui ne comptent pas le lâcher ? Des régimes qui mènent une course perdue d’avance, sombrant dans le ridicule et l’impuissance.
Car enfin, en déléguant Antar Yahia, Yabda, Karim Ziani, Matmour ou Ghezal réalise-t-on à quoi tient aujourd’hui, la réputation arabe ? A des gamins nés en France, formés en France…« El-Djazair, moumathil el ouahid lil arab », ne tient qu’à Antar Yahia, né à Mulhouse en Alsace ; à Hassan Yebda né à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne) ; à Karim Matmour, né à Strasbourg ; à Karim Ziani né à Sèvres (Hauts-de-Seine) ; à Madjid Bougherra né à Longvic (France) ; à Abdelkader Mohamed Ghezzal, né à Décines-Charpieu (Rhône, France) ; à Nadir Belhadj, né à Saint-Claude dans le Jura ; à Rafik Djebbour, né à Grenoble…Antar Yahia, Yabda, Karim Ziani, Matmour, berbères nés en démocratie, devenus représentants arabes parce que ce monde arabe est essoufflé, mosaïques de dictatures de la pire espèce, où règnent l’incurie, la gabegie, l’incompétence et le désordre destructeur, symboles de nations sans contre-pouvoir où l’on a aboli toutes les libertés publiques et privées, patries de la corruption, de la répression, c’est-à-dire des marqueurs universels de la gestion mafieuse de la chose publique. C’est en prison que je sus le malheur d’être Arabe. Le malheur d’être fils de ces patries qui ont peur de se regarder dans un miroir pour ne pas se désirer.
Nulle part dans le monde on ne souffre comme les Arabes d’avoir entendu Abou-El- Kassem Echabbi : «Tu es né sans entraves comme l’ombre de la brise Et libre telle la lumière du matin dans le ciel Pourquoi accepter la honte de tes chaînes ? » Alors, à chaque but, rappelle-toi Darwich.Avec chaque but, inscris qu’avec l’argent du pétrole ils ont construit des mosquées pour abriter leurs mensonges et des prisons pour enfermer les consciences. Inscris qu’avec les torches des derricks ils ont brûlé les livres, incinéré nos plumes et dressé un bûcher pour leurs serments. Inscris que pour de redevenir beaux et ivres, ils ont prolongé la nuit et ressuscité la mort... A chaque but souviens-toi qu’ils rêvent de reconstruire Babylone, Sodome et les palais abandonnés sur les haillons de notre honneur, sur les murs de nos silences et sur les tombes de nos martyrs !
Quand annonceront-ils la mort des Arabes ?
Pourquoi, dix siècles plus tard, Ahlam Mustaghanmi a-t-elle crié : « L'écriture en arabe est une vocation tragique » ? Et j’entends Kabbani pleurer sa patrie « qui considère que le Poème est un tract clandestin Rédigé contre le régime » Et j’entends Kabbani hurler : « Je veux sortir de la République de la Soif Pour pénétrer dans celle du Magnolia! »
« El-Djazair, moumathil el ouahid lil arab » Alors, à chaque but, rappelle-toi du poète Adonis. Patient. Déterminé. Anxieux. Révolté à près de 80 ans. Révolté et résolu : « Je plaide pour une résistance radicale et globale », lançait-il l’autre jour dans sa conférence à la Bibliothèque nationale à Alger. Sa résistance c’est celle de la Moumanaâ. Le Refus. Refus de systèmes politiques archaïques et honteux qui tyrannisent les sociétés arabes et musulmanes. Et qui ont peur d’un livre. Et qui le brûlent, au nom « de ce grand crime arabe, l’arriération ! »
« El-Djazair, moumathil el ouahid lil arab »...
M.B.
Commentaires (126) | Réagir ?
merci a tous c'est sa la démocratie sa ce passe la ici!merci au jounal le matin et a benchicou et courage en est avec toi de tous coeur et l'heur de la gloire et proche et merci pour ce que tu fait pour ton pays
Plus on assassine, plus on veut intégrer. La liste est longue. Depuis Oqba qui n'est pas venu avec trois siècles de provisions, qui a vécu en enlevant les maigres provisions à nos aïeux, en brûlant leurs propriétés, faisant des razzias, aux Turcs dont les Bordj Sébaou, Tazmalt, forts d'occupation.. témoins des innombrables exécutions de " Mohamed Debbah", avec des têtes de résistants exposées aux carrières de Bab-Azoun à Alger, tristement célèbre en Kabylie, sans parler de Abane, Krim, Amirouche, Matoub Djaout... ni du manque d'investissements, de création d'emplois.. en Kabylie, on nous demande toujours d'être plus Arabes que Numides, oubliant Massinissa, laissant Jugurtha toujours dans sa triste geôle à Rome! Pauvre peuple, ignare de son histoire, qui se "vend" sans réfléchir!