Tu es ma part de ma terre, le sucre qui manque à mes fruits, le sel du pain de ma mère, la qsida de mes longues nuits
Quand à ma main d’exilé
Manque parfois la brise d’Alger
Et que je rentre désolé
Des larmes en sol étranger,
Quand sur ma main d’exilé
Naissent les lignes de bout du monde,
Je lui offre ta peau halée
Et je caresse ta joue ronde.
Ta peau léchée par nos vents...
Vents des oliviers de Sig
Salés par les vagues d’Oran ;
Vents Kabyles au goût de figues,
Chargés de colères félines
Qui font rougir les printemps ;
Ou vents du sud, amants des bédouines,
Qui soulèvent le sable et le temps...
Tous nos zéphyrs sont en toi
Même celui de Annaba
Tamisant ta peau de soie...
Et je leur ouvre grande ma porte
Quand je caresse ta joue ronde
Et je m’abandonne feuille morte
Pour qu'en eux je vagabonde
Au son du luth et d'une gasba...
Tu es ma part de ma terre,
Le sucre qui manque à mes fruits
Le sel du pain de ma mère
La qsida de mes longues nuits.
Quand mes jours de prisonnier
Défilent sans s’arrêter,
Quand commence à me gagner
L’envie sourde de liberté,
J’entre dans le bleu de tes yeux
Et je suis aigle dans le ciel :
Libre, souverain, orgueilleux
Narguant le monde de mes ailes,
Ange au milieu des étoiles
Moineau éclos de nulle part
Errant au gré du mistral
A la recherche du hasard...
Et je me laisse égarer
Dans ce beau désert pervenche
Libre, libre, tu m’as libéré
Libre, tu es ma providence !
Libre, une minute, une seconde,
Le temps d’un songe paternel,
De t’envelopper, ma grande,
D’une robe d’amour éternel.
Tu es ma part de ma terre,
Le sucre qui manque à mes fruits
Le sel du pain de ma mère
La qsida de mes longues nuits.
Miroir de mes joies anciennes.
M.B.
Décembre 2005
Commentaires (9) | Réagir ?
merci
Nice Post. Thank you for sharing.