Un roman de Benabdalah Médiène : Amour et identité, autant pour lui
Le premier roman d’Abdalah Médiène « Au temps pour moi » qui sera ce 12 novembre dans les bacs arrive à point nommé, en plein débat sur l’identité nationale lancé par Sarkozy. Mon livre dit il « relate les relations entre plusieurs personnages, d’origine différente, qui ne se posent pas la question de l’intégration puisqu’ils vivent dans la même société. Il ajoute « Qu’est-ce qu’être français ? J’avoue ne pas comprendre la question. La question, en fait, me semble viser particulièrement les Français d’origine étrangère, particulièrement les Maghrébins et les Noirs Africains. Je suis d’origine algérienne, ni fier ni honteux. Dois-je faire allégeance à la France que j’ai choisie, que j’aime mais que je critique, que je dénonce dès qu’elle me semble déborder ? Ma génération de fils d’immigrés, qui est celle du président de la République fils d’immigré lui aussi mais d’origine sociale différente, a connu l’école publique de l’égalité des chances, appliquée, il est vrai avec parcimonie. L’exclusion, la discrimination à l’emploi, que j’ai personnellement connues, demeurent et m’ont donné l’envie de combattre les préjugés racistes et je ne suis pas tout seul. La bête immonde n’est pas neutralisée mais nous lui portons des coups de plus en plus efficaces. Je fais confiance à la nouvelle génération, la mienne a défriché le terrain ».
Un amour incertain
Son roman ne parle pas que de cela. Il raconte avant tout une magnifique histoire d’amour, une histoire de notre temps. « Si les personnages de Nasser et Catherine s’engluent dans le conflit ethnique et restent ensemble, c’est parce qu’ils s’aiment et que l’amour c’est avant tout le désir. C’est au moment de la fusion des corps que leurs esprits fusionnent, il ne s’agit pas d’estime et de respect en amour, c’est plutôt l’amitié qui se consolide par la loyauté, la confiance » dit il.
Ce n’est pas une histoire banale. Non ! C’est un amour qui vous prend aux tripes, comme ça, à l’improviste, sans crier gare. Un amour qui vous tombe dessus quand on pense ne plus avoir l’age, qui vous submerge alors que l’on a désappris à aimer ou du moins le pense t on. Les deux tourtereaux, des quadras, avec chacun son histoire, s’embarquent dans un amour incertain. Lui, espiègle, séducteur, français d’origine maghrébine (Oran) marié avec deux enfants et elle française de souche, un peu perdue qui n’hésite pas à afficher un racisme « ordinaire » et qui élève seule une adolescente. L’attraction est inévitable, l’étincelle en haut des escaliers. Il ne reste plus aux flammes alors, qu’à s’emparer des cœurs et des corps.
Au travers de cette histoire, Abdelah Médiène, nous entraîne dans les dédales de la vie parisienne de la classe moyenne. Il raconte les amitiés, le bistrot du coin ou l’on se sent bien quand on est presque alcoolique, il raconte le monde du travail et ses conflits de personnes et de pouvoir.
Ecrit à la première personne, le livre se lit d’un trait, simplement, sans fioritures. Il n’y a aucun manichéisme, on n’y trouve ni les bons ni les méchants, même le sentiment de culpabilité, pourtant corollaire indispensable est évacué sans bruit. Le livre ressemble au seul serment que les amoureux se sont fait « Carpe diem ».
« Au temps pour moi » de Benabdalah Médiène. Riveneuve Editions.
Pour rencontrer l’auteur: Une séance dédicace aura lieu le 16 novembre à 18h30 chez Dahbia « La grappe d’orgueil » au 5, rue des petits carreaux. 75002. Métro Sentier.
L.M
Commentaires (32) | Réagir ?
Bravo, Abdallah.
Je n'ai pas encore lu ce livre, Je ne sais pas s'il est disponible sur le marché de TIMIMOUN ou Algérien. Une chose est sûr, c'est qu'un jour, je l'aurai et le lirai. Bon courage de l'autre coté de la meditérannée.
Qu'il est mauvais ce bouquin, mal écrit, infatué, complexé, manichéen. Mais le débat nauséeux sur l'identité nationale y trouvera sans doute son compte. La connerie n'a pas de frontières. C'est bien triste.