Pirandello ou les jérémiades puériles de Said Sadi
Après Aït-Ahmed, Saïd Sadi ! Le chef du RCD, dont on craint de finir par croire qu’il est réellement en décalage avec la société, découvre à son tour les procédés mafieux de l’administration et demande à l’opinion de s’émouvoir sur ce qu’elle savait déjà : les élections sont trafiquées ! Et nous voilà en pleine scène surréaliste : le bon peuple qui s’apprête à boycotter les élections est invité à s’épancher sur les malheurs électoraux du RCD et du FFS pour les mêmes raisons qui l’ont décidé au boycott ! Avec l’aplomb qui convient, Aït-Ahmed, Saïd Sadi et même Ali Hocine, notre têtu magnifique, semblent tenir au peuple une harangue que leur envierait Pirandello : « Vous avez raison : le scrutin est organisé à la mode scélérate. La réalité vous oblige au boycott et nos ambitions à la parodie. Alors laissez-nous faire mine de vous informer de ce que vous savez déjà : nous n’avons que vous pour nous plaindre d’un scrutin dont vous vous moquez royalement ! »
Que nos opposants terminent en personnages de Pirandello, voilà qui fait honneur à la politique algérienne. L’homme de théâtre italien, qui a toujours rêvé d’explorer les cocasseries humaines, semble même avoir tout inventé pour nos leaders contestataires : jeune, il a écrit Chacun sa vérité avant de créer C'était pour rire et, plus tard, Ce soir on improvise. Comment s’étonner qu’aujourd’hui, l’une de ses pièces qui remporte un succès à Paris s’intitule Les Grelots du fou ?
Mohamed Benchicou
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Je commençais à désespérer de votre silence. Du débat du dernier ouvrage du Dr Said Sadi, vous étiez absent jusqu'à ce jour. J'attends la suite en espérant que vos chemins, à vous deux, sont parallèles et non contraires. Votre absence jusqu'à la dernière sortie de Sadi sur le Soir d'Algérie dans sa réponse au fossile du système Benachenhou m'a perturbé surtout que le chef du RCD avait conclu "il n'y a pas d'autorité sans morale" et moi je dirais qu'il ne peut y avoir de politique sans morale.
Ce qui est interessant dans les debats du « Matin » ce sont ces points de vue contradictoires ; je cite : « je crains que ce peuple ne soit fichu à jamais » ? et « c?est par la volonte du peuple que les choses peuvent changer ». Quelle ironie, tragique !
D?abord, c?est bien connu : « Les peuples ne meurent jamais. ! ».
Que faut il en conclure ? Que souvent le trait est forcé pour offrir une caricature grossiere de faits et de personnages juges sans appel.
Mais la caricature est un art difficile que nos dessinateurs maitrisent avec un grand talent. D?un coup de crayon ils resument des situations que chacun comprend sans effort.
C?est pourquoi, Monsieur Benchicou, je tiens a vous rendre un hommage sincere meme si vous avez ouvert une boite de Pandore qui « libere » une parole longtemps contenue mais qui enferme ses auteurs.
Vos remarques sur Said Saadi font sourire. Seriez vous celui qui, comme le suggere Pirandello, est l'auteur qui ecrira une piece que des personnages doivent jouer ? Quelle resonsabilite! Mais alors pourrons nous encore penser par nous memes?
Cordialement
elMenfi