L'édito de Hassan Zerrouky : Sarkozy et le Maroc, un choix politique
Quoi de surprenant que Sarkozy se soit prononcé en faveur du plan marocain d’autonomie du Sahara occidental ! Cette position n’est pas nouvelle. La France s’était déjà rangée sur les positions marocaines dans les années 70 quand Giscard d’Estaing a ordonné à son armée de l’air de bombarder les colonnes du Front Polisario qui venaient d’attaquer des positions de l’armée marocaine. Même François Mitterrand, pourtant peu favorable à la thèse de la marocanisation du Sahara occidental, a du céder aux pressions du « lobby » marocain. De fait, il n’y a pas lieu de s’offusquer de la part d’un chef d’Etat qui s’est permis de dresser des lauriers au maréchal Lyautey (voir discours de Tanger) dont on connaît le rôle dans la répression du mouvement de libération conduit par l’Emir Abdelkrim dans le Rif marocain. Et qui, lors de la loi controversée de février 2005, vantant les aspects positifs de la colonisation, avait chargé Serge Klarsfeld, qui avait fait le coup de feu dans l’armée israélienne contre les palestiniens, d’assouplir la loi de février 2005 sans en modifier le fond néo-colonialiste. Avant que Jacques Chirac, sur avis du Conseil d’Etat, n’en supprime les aspects les plus controversés.
Le choix du Maroc, par Nicolas Sarkozy, est politique et idéologique. Le chef de l’Etat français ne peut se permettre de tirer un trait sur une amitié tissée depuis les années 60. Le royaume chérifien reste, malgré tout, un allié stratégique de la France au Maghreb et en Afrique. Rabat a de tout temps répondu présent lorsque Paris le sollicitait pour intervenir en Afrique. Ce fut le cas au Congo Kinshasa dans les années 70 et, récemment, sous couvert de l’ONU, en Côte d’Ivoire.
Pour des raisons tenant lieu à l’histoire, l’Algérie n’entre pas pour l’heure dans les plans français et, partant américains. Qui plus est, l’absence de perspective claires, le fait de baser toute sa stratégie sur le tout pétrole, de mener une politique oscillant entre l’islamisme mou, ou modéré (c’est selon), et une modernité qu’elle se refuse d’assumer, au même titre qu’elle refuse d’assumer la lutte antiterroriste comme c’est le cas du Maroc, et partant de libéraliser son régime politique, ne contribue guère à revaloriser son image sur la scène internationale. N’eut-ce été le pétrole, sa voix se ferait à peine entendre au plan international. En témoigne le fait que les Etats-Unis n’envoient que des personnalités de second rang à Alger pour aborder des sujets bilatéraux, voire pour discuter de la menace djihhadiste. Alors que le souverain marocain, n’en déplaise aux thuriféraires du pouvoir, est convié à la Maison Blanche où il est écouté. Quoi de surprenant dès lors que sur la question du Sahara occidental, Nicolas Sarkozy, et depuis quelque temps, George Bush, penche vers les thèses marocaines.
Concernant l’Algérie, la force d’un Etat ne peut reposer sur l’autoritarisme exercé sur ses opposants, sur la répression des libertés, en premier lieu la liberté d’expression et de la presse. Un Etat tire sa force de la cohésion de sa société, du respect affiché envers les libertés, du droit à l’expression politique sans entraves, de la force et de la vitalité de sa société civile et, partant, du respect de l’exercice de la citoyenneté. Sur ces aspects là, le Maroc, qui est loin d’être un modèle du genre, a tout de même une longueur d’avance sur l’Algérie. Dès lors affirmer que l’Occident préfère le Maroc à l’Algérie parce que le régime marocain « fait dans la brosse à reluire » ne tient pas la route. Le mieux est de regarder la réalité en face et d’engager des réformes audacieuses en mesure de tirer l’Algérie du marasme dans laquelle elle se débat depuis plus de deux décennies.
H.Z
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LUCIDE, CE QUI EST RARE
Ines, vous semblez etre un bon critique journalistique, pourquoi ne pas proposer votre vision à la rédaction? au lieu de casser du confrère.