Moi, Fatima, je déclare par la présente que j’ai voté massivement. Après le manger, à une heure, je me suis allée voter ; j’ai pas écouté mon frère qui cherchait sa frite dans la marmite, je crois elle était perdue ou bien c’est l’autre qui l’a mangé mais tant pis, j’avais dit une frite chacun, la batata maintenant c’est pour les grands jours de fête et aujourd’hui c’est le grand jour de fête il a dit à la télé celui qui nous dit d’aller voter pour choisir notre président Bouteflika. J’ai mis ma robe verte, mon foulard rouge (mais j’avais du blanc en dessous, je peux pas le dire c’est hchouma) et je me suis allée voter dans le bureau de vote de l’école qu’elle est plus l’école aujourd’hui pour qu’on vote. Dans le chemin, j’ai rencontré partout Bouteflika qui me souriait en grand sur les photos. Je l’aime le président passe qu’il a un oiseau blanc sur la main. Celui qui aime les oiseaux il aime son pays envolé dans le ciel pas comme celui qui sait pas nager et qui veut quand même traverser la mer. Dans le chemin, j’ai cherché l’œil de l’étranger qui nous regarde et qui nous aime pas comme il a dit lui, celui qu’il a le sourire comme le citron tous les jours à la télévision. Des fois il dit la main, des fois il dit l’œil de l’étranger. Mais j’ai mis une khamsa pour qu’il me touche pas cet mauvais œil. J’ai trouvé Aldjia qui m’attendait devant la porte pour qu’on passe le vote ensemble. Elle a dit je vote pour mes papiers. Elle a peur de la nationalité de la carte dentité et des fiches de naissance qu’on lui donne pas si elle a pas le tampon du vote. Aldjia elle sait pas beaucoup comme moi passe qu’elle a quitté l’école au ceyem, pas comme moi. Moi j’ai atteint le bac, mais j’ai pas pu l’attraper. Mais j’ai le niveau. Je comprends tout ce qu’ils disent les con dits da dans la télévision. Dans le bureau de vote, j’ai trouvé deux qui attendaient derrière moi. La femme du bureau elle m’a dit tu prends l’enveloppe et tu mets la photo de qui tu veux mais tu vas te cacher là-bas derrière le rideau. Tu crois c’est à cause de l’œil de l’étranger ? j’ai pris la photo de celui que je l’aime, mais j’ai pas pu l’écraser comme il a dit. Passe qu’il a dit je veux une majorité écrasante même moi j’ai majeure depuis longtemps mais je suis pas écrasante à cause de mon père et de mes frères. Alors j’ai plié la photo, tu m’excuses, et j’ai ajouté un peu de parfum wouroud au jasmin pour qu’il sent bon le président et j’ai tiré le rideau pour leur dire j’ai peur pas moi. Dans le parterre yavait beaucoup des photos des autres, ils m’ont fait un peu de la peine les pauvres, déchirés et froissés même la femme qu’elle veut être quand même un président. Louisa, qu’elle a la gorge on dirait une guerba à force de crier. Mon père il dit les femmes y font de la politique avec les maris pas dehors. A cause de ma mère, qu’elle le laisse pas parler à la maison. Quand je suis retournée dans le chemin, j’ai fait un signe au président sur la photo. Entre lui et moi. Je lui ai dit dans ma tête la prochaine fois pour ton vote, je change un peu le parfum pour qu’on croit pas que c’est toujours la même chose. Je te salue massivement et bon chance !