Les limites d’un système hors-service
Sans doute, les troubles sociaux ne peuvent fleurir que sur le marais des inégalités et des exclusions, à l'ombre de toutes les frustrations résultant du rejet et de la hogra.
Écorchés par l'échec d'une nomenklatura gérontocrate qui les blesse chaque jour dans leur amour-propre, tourmentés par les illusions du changement qui les remplissent de tant d’amertume et de désolation, écartelés par les failles narcissiques d'une élite gestionnaire à la fois nombriliste et défaillante, nos jeunes se sentent aujourd'hui des boucs émissaires d’un système incapable d'agir, mobiliser, changer ou réformer.
Mais pourquoi nos responsables ont-ils consenti à cette inquiétante expansion du défaitisme dans la société ? Pourquoi n'ont-ils pas encouragé le dialogue comme moyen de résolution des problèmes de la nation? Pourquoi ce laxisme et cette complaisance avec des choses sérieuses, pardi? N’est-il pas opportun de renouer le contact, en ces temps de la dèche, avec la base sociale pour la rassurer? Seule la parole, dit le dramaturge grec Eschyle (525-456 av. J.-C), peut apaiser les colères, amortir et détruire les ressorts de la violence.
Or, traumatisée par ce qu’elle avait vécu durant la décennie noire, saoule d'une ignorance conquérante véhiculée par son «école sinistrée», pour emprunter le mot du feu Mohamed Boudiaf et brisée par les retombées d’un blocage politique tous azimuts, notre société en pâtit sérieusement aujourd’hui. Ce qui est à même de la soustraire alors qu’elle est en quête désespérée de la stabilité politique, à n'importe quelle tentation anti-démocratique, l'arrimer à la médiocrité et l’enfoncer dans la régression. Présente un peu partout, la violence dans les propos, les discours et les comportements aussi bien du petit peuple que de nos classes moyennes et nos politiciens en est un des graves symptômes.
Ainsi, la colère gronde-t-elle en permanence chez nous, se transformant parfois en des furies sans discernement au moment où, pourtant trop aigris contre un "Système" qui semble complètement hors-service, nos jeunes baissent les bras et désertent la scène du combat! Jamais l'Algérien n'a été, à vrai dire, dans une position médiane, "le juste milieu" comme on dit, mais toujours dans les deux extrêmes, fataliste impénitent ou utopiste jusqu'à la moelle épinière, se rechargeant les batteries de son impulsivité dans la morne agonie sociale qui l’entoure de toutes parts. Il est extrêmement délicat de réformer quoi que ce soit en Algérie sans que l'on ne se penche sérieusement sur toutes ces lacunes-là.
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merci
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